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mardi 8 novembre 2011

La peine de mort est toujours légale au Maroc !

Par Ayad Ahram, Secrétaire général de l’ASDHOM, Paris, 8/11/2011

Comme la Coalition Marocaine contre la peine de mort, l’ASDHOM a appris avec indignation et consternation la condamnation à mort prononcée le 28 octobre par la Chambre criminelle chargée des affaires de terrorisme près la Cour d’appel de Salé contre le suspect principal de l’attentat terroriste d’Argana à Marrakech qui a coûté la vie, le 28 avril 2011, à 17 personnes.

Le mouvement des droits de l’Homme, au Maroc comme ailleurs, a toujours réclamé de mettre fin à cette action barbare qui, au nom de la justice, ôte la vie à des humains.

Plusieurs pays ont opté pour son abolition. Le Maroc reste à la traine. Il continue à l’utiliser dans son arsenal judiciaire même s’il se vante de ne pas l’avoir pratiquée depuis deux décennies.

Cette condamnation est contraire au deuxième protocole facultatif annexe au Pacte International des Droits Civils et Politiques, à la Déclaration universelle des droits de l'Homme. Elle est tout simplement contraire au droit à la vie.

Nous voulons une justice qui répare les dégâts de la barbarie et non une justice qui répond par la barbarie à la barbarie. Nous voulons une justice humaine et non une justice de vengeance.

Une justice est celle qui se doit de garantir l’intégrité physique et le droit à la vie des personnes.

L’ASDHOM a participé, conformément à son combat pour les droits humains, au 4ème congrès pour l'abolition de la peine de mort, tenu du 24 au 26 février 2010 à Genève, pour réaffirmer sa position défendue depuis sa création pour l'abolition de la peine de mort au Maroc et dans le monde.

Le congrès a souligné l'évolution de la tendance vers l'abolition de la peine de mort ces dernières années. Presque deux tiers des pays de la planète l’ont abolie en droit ou dans les faits, soit 138 sur 192 (ils étaient 8 pays abolitionnistes et 11 pays avec un moratoire sur les exécutions en 1950).

Même si le nombre de pays abolitionnistes a fortement augmenté et même si le nombre d'exécutions à baissé, les congressistes avaient décidé de poursuivre la mobilisation, notamment dans des pays comme les USA, la Chine, l'Iran et l'Arabie Saoudite, qui représentent presque 90% d'exécutions dans le monde.

Tout en notant que le Maroc ne procède pas aux exécutions depuis 1993, l'ASDHOM déplore l'abstention du Maroc lors des deux dernières résolutions pour un moratoire universel. Cette attitude va à l’encontre des recommandations de l’Instance Équité et Réconciliation, pourtant approuvées par les hautes autorités marocaines.

L'ASDHOM s'engage à poursuivre le combat aux côtés des autres organisations marocaines – au sein de la Coalition Marocaine contre la peine de mort-, avec le mouvement mondial « Ensemble contre la peine de mort », pour un moratoire universel sur les condamnations à la peine capitale.

Ayad Ahram,  a traduit le dossier d'Elaph sur la peine de mort au Maroc, auquel il a participé. (Lien en arabe :http://www.elaph.com/Web/news/2011/11/694474.html)

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Rappel : 
Lettre ouverte à Monsieur Robert Badinter, par Solidarité Maroc 05 et Amis du Peuple du Sahara Occidental,
restée sans réponse

 Gap, le 1er octobre 2011
Lettre à Monsieur Robert Badinter

Monsieurle Sénateur,

Mercredi à midi, nous avons suivi avec intérêt l’émission sur la peine de mort, discussion passionnée et passionnante entre Jean Pierre Elkabach, Maître Paul Lombard et vous-même. Hier nous avons regardé et écouté votre intervention à l’Assemblée Nationale. Et il nous revient en mémoire ce jour de 1981 où nous étions vraiment fiers d’être Français. Cette décision historique d’abolir la peine de mort donne toujours à notre pays une respectabilité par ailleurs bien malmenée.

Vous citez la Chine, les États-Unis  et d’autres pays peu démocratiques qui n’ont pas  aboli la peine de mort. Mais vous ne citez pas le Maroc qui refuse encore de faire ce pas vers la démocratie, tout en s’autoproclamant champion des droits de l’Homme…

Les autorités marocaines ne respectent même pas leur engagement quant à l’adoption d’un moratoire sur la peine de mort alors que c’était l’une des recommandations principales de l’ancienne Instance Equité et Réconciliation  qui a rendu son rapport au chef de l’Etat fin 2005. Le roi en a pourtant approuvé les recommandations. Un collectif d’ONG appelait en mai 2011 le gouvernement à enfin inscrire cette mesure dans la constitution. Une des revendications du mouvement du 20 février est également que ce moratoire soit enfin appliqué. Tous les militants de défense des droits de l’Homme demandent que le Conseil National des Droits de l’Homme agisse dans ce sens. Pourtant l’abolition de la peine de mort était à l’ordre du jour d’un Conseil du gouvernement du mois dernier, suscitant l’espoir parmi les abolitionnistes marocains … Déception : Le sujet a été déprogrammé…

Il est vrai que depuis 1993 aucune exécution n’a eu lieu au Maroc. Pourtant en 2011, encore 140 condamnés attendent dans les couloirs de la mort. Ils seront probablement graciés, mais pourquoi le supplice de cette attente…

 Aucune exécution officielle n’a eu lieu depuis 18 ans, c’est vrai, ni par injection, pendaison ou décapitation. Mais au Maroc, au nom de la monarchie, on tabasse et on torture de manière ignoble  parfois jusqu’à la mort. Dans les centres secrets de torture tel Temara, dans les commissariats… Dans la rue, à coup de pieds, de bâtons et de barres de fer. Le pouvoir s’acharne contre les militants des droits de l’Homme, en particulier contre les militants du mouvement du 20 février dont le crime est d’organiser des marches pacifiques pour demander  la dignité, la liberté, la démocratie. Contre les militants sahraouis qui demandent pacifiquement le droit de choisir leur avenir. Toutes ces nobles convictions se paient très cher…

Le pouvoir marocain ne supporte pas les défenseurs des droits de l’Homme.

Monsieur Badinter, vous allez beaucoup parler, ces prochains jours, de l’abolition de la peine de mort. Lorsque vous citerez les pays non abolitionnistes parce que pas encore démocratiques, merci de citer le Maroc.  Votre voix est écoutée à travers le monde. Les défenseurs marocains des droits de l’Homme vous en seront reconnaissants. Et si ce pas indispensable pour avancer vers la vraie démocratie interpelle le pouvoir marocain, on peut souhaiter que la torture sera, elle aussi, abolie dans les faits. Dans les textes elle l’est déjà, mais il suffit de lire les rapports d’Amnesty International et de Human Rights Watch pour comprendre qu’elle ne l’est pas.

Depuis des années les associations Solidarité Maroc 05 et Amis du Peuple du Sahara Occidental dénoncent les violations des droits de l’Homme au Maroc et au Sahara Occidental, et, malheureusement nous constatons qu’il n’y a pas de progrès dans ce sens. Et que la propagande et le mensonge ne suffisent pas à construire  un État démocratique.

Veuillez agréer, Monsieur Badinter, l’expression de notre profond respect

Marie-José Fressard
Présidente de Solidarité Maroc 05
solidmar05@gmail.com     http://solidmar.blogspot.com

E’changeons le Monde, 17, Rue J. Eymar, 05000 GAP France


Marie Frison
Présidente de Amis du Peuple du Sahara Occidental
APSOlument@yahoo.fr               http://ap-so.blogspot.com

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