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lundi 7 novembre 2011

Discours royal : Bienvenue à la nouvelle « Nouvelle ère »

Par Thami Afailal, 7/11/2011

Discours royal. Cette fois-ci, le grand oracle, qui vient de rentrer de Paris, a évité la grandiloquence de ses précédents et nombreux discours en liquidant son monologue en dix petites minutes.

A l’occasion du 36e anniversaire de la Marche verte, le souverain alaouite a axé son discours sur trois points. Le Sahara, bien étendu sinon le discours n’aurait pas de raison d’être, en promettant la poursuite des négociations, qui sont au point mort et dont on ne voit pas la finalité autre que faire plaisir à l’ONU puisque les négociateurs, marocains et polisariens, ne se parlent même pas directement.

L’envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, M. Christopher Cross, doit passer d’une chambre à une autre pour transmettre la parole de l’un à l’autre, et vice versa. Ridicule !

Quant à l’installation d’un « véritable modèle de régionalisation avancée », promise par le roi, c’est en réalité un véritable serpent de mer dont on ne connaît rien à part les déclarations répétitives de son maître d’œuvre Omar Azziman, un maître tétouani de la langue de bois.

Le souverain signale que « les premiers bénéficiaires de ces avancées sont nos provinces sahariennes et leurs fils fidèles ». Avec ce qui s’est passé en moins d’un an au Sahara, 12 morts à Gdeim Izik, puis, récemment, sept autres morts à Dakhla, les Marocains devraient commencer à se poser des questions sur le sens de l’adjectif « fidèles » que le Makhzen accole aux Sahraouis.

Les virulentes déclarations mettant en cause la version officielle des événements de Gdeim Izik de Guejmoula Bent Abbi, la députée sahraouie membre du bureau politique du PPS et ex-responsable du Polisario ralliée au Maroc, ainsi que celles toutes aussi brutales de Messaoud Ramdane, un membre du CORCAS (Conseil consultatif des affaires sahariennes) et ex-combattant du Polisario rallié également au Maroc (devenu indépendantiste depuis), sur le même sujet, devraient plutôt préoccuper les autorités marocaines.

Car, la vérité qui dérange, c’est qu’on ne nous aime pas beaucoup au Sahara. Ceux, parmi les Sahraouis, qui disent le contraire sont ou bien des affairistes-opportunistes qui défendent leurs intérêts, ou bien des citoyens courants qui disent une chose en public et son parfait contraire en privé.

C’est que après le massacre des jeunes recrues marocaines du camp de Gdeim Izik (un jour il faudrait enquêter pour savoir pourquoi on a envoyé des bleus pour contrôler un camp potentiellement explosif dans l’une des zones les plus militarisées de la région), les forces de l’ordre ont répondu par une répression sauvage contre les Sahraouis de Laâyoune. S’en prenant sans aucun discernement autant aux indépendantistes qu’aux Sahraouis pro-marocains.

C’est d’ailleurs pas pour rien que le wali de Laâyoune, Ahmed Guelmouss, une créature de Fouad Ali El Himma, a été immédiatement relevé et de son poste et mis au placard. Son remplaçant, Khalil Dkhil, dit à ceux qui viennent pour lui demander d’intervenir dans les cas d’arrestation arbitraires et les atteintes flagrantes aux droits de l’homme qu’il n’a « aucun pouvoir« .

Deuxième sujet abordé, l’«Algérie sœur ». Le roi tend la main au pays voisin « pour la concrétisation commune des attentes des générations présentes et à venir ». Une bonne initiative qui serait sincère le jour où les responsables marocains cesseront de mettre sur le dos des Algériens nos difficultés intérieures.

Soyons réalistes ! L’Algérie « sœur », du moins l’Etat algérien, n’est pas un enfant de chœur. Les coups bas et la guerre souterraine diplomatique et autre elle connait. Et le Maroc aussi. Mais à quoi sert de lancer une proposition de réconciliation quant quelques jours plus tôt le soldat Taïb Fassi Fihri a insinué que les Algériens pourraient être complices du rapt des Européens du camp de réfugiés sahraouis de Rabouni par AQMI ? L’ennemi implacable de l’Etat algérien n’est-il pas AQMI ?

Enfin, troisième thème abordé par Mohamed VI, les élections législatives du 25 novembre. Conscient que la participation est un enjeu de ce scrutin, Mohamed VI, appelle à la « mobilisation » des électeurs. Avec son armée de « mokadems », caïds, walis, et depuis peu imams de mosquée, il n’aura aucun mal à rameuter la petite foule qui ira engrosser les légers concoctés par le ministère de l’intérieur. M6 appelle pour cela « tous les acteurs de l’opération électorale » à « être à la hauteur de la nouvelle ère constitutionnelle ».

« Nouvelle ère constitutionnelle » ? On se demande bien où est passée la « Nouvelle ère » dont jouit le Maroc depuis 1999, avec les droits des Marocains violés chaque jour, des journaux fermés, des journalistes emprisonnés et des centaines de prisonniers politiques.

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