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vendredi 30 avril 2010

Lettre ouverte à Monsieur le Ministre de l'Education nationale du Maroc

Par Ayad Ahram, secrétaire général de l'ASDHOM, Nanterre, et Driss El Kherchi, président de l'ATMF, Paris, 30/4/2010



Monsieur Ahmed Akhchichine
Ministre de l’Education Nationale
Bab Rouah Rabat Maroc
Objet : Demande d’intervention en faveur des grévistes de la faim

Monsieur le Ministre de l’Education Nationale,
Le président de l’Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF) et le secrétaire général de l’Association de Défense des Droits de l’Homme au Maroc (ASDHOM) ont rendu visite, le vendredi 2 avril 2010, aux instituteurs en grève de la faim depuis le 15 mars pour s’enquérir de leur situation.
Le groupe est constitué de vingt-deux institutrices et d’un instituteur. Il a élu domicile au local de la Fédération Autonome de l’Enseignement (UGTM) à Rabat.
Les deux représentants associatifs ont pu prendre la mesure du danger qui guette tout le groupe. Le porte parole des grévistes de la faim, l’instituteur Younes Erraoui, leur a exposé, dossier à l’appui, toutes les étapes et les motivations de cette action.
La santé des grévistes s’est considérablement détériorée. Plusieurs cas de vomissement, d’évanouissement et de perte de poids (jusqu’à 22 kg) sont à signaler parmi le groupe. Plus grave et plus préoccupant encore, le cas des plus fragiles d’entre elles et notamment les institutrices enceintes qui risquent à tout moment une fausse couche. Nous venons d’apprendre d’ailleurs que l’une d’entre elles a été transportée d’urgence dans une clinique où elle a subi une césarienne. Le groupe est au bord de la catastrophe si rien n’est fait par le ministère de l’Education nationale.
Que réclament ces grévistes de la faim ? Un droit pourtant garanti par les textes. Celui du rapprochement du conjoint et de la famille.
Les témoignages des institutrices grévistes de la faim sont poignants et accablants. Elles ont toutes été affectées à des écoles qui se trouvent dans des endroits reculés et difficiles d’accès à des centaines, voire un millier de kilomètres loin de leurs conjoints. Les conditions d’accueil et de vie ne favorisent en rien l’acquisition et la transmission du savoir. Elles ont pour la plupart un, deux ou trois enfants en bas âge qu’elles ne voient que rarement dans l’année. Tout le groupe a participé plusieurs années successives au mouvement de mutation inter-académique organisé par le ministère de l’Education nationale. En vain. Les grévistes de la faim estiment que leurs situations familiales et leurs barèmes (nombre de points) doivent leur permettre d’obtenir une mutation. Et pourtant, ce ne sont pas eux qui en bénéficient. Le plus révoltant est que d’autres enseignants, nouvellement nommés, arrivent à obtenir leur mutation. Le favoritisme et le clientélisme battent leur plein. Cette situation est d’autant plus condamnable qu’elle encourage d’autres, à l’aube de la retraite, à mettre leur poste en « vente » au plus offrant pour l’échanger contre un poste lointain. D’autres, surtout les femmes, n’ayant pas le choix, se voient condamnées à abandonner leurs postes.
Ces enseignants aiment bien leur métier. Ils veulent juste l’exercer dans de bonnes conditions. Les exclure du mouvement de mutation montre combien le ministère de l’Education nationale se désintéresse de leurs conditions de travail. Il les condamne de fait à faire le choix d’actions revendicatives extrêmes telles que la grève de la faim et menacer même d’enchainer avec une grève de la soif. La situation devient très préoccupante et risque de déboucher sur un drame national.
Vingt-trois enseignants grévistes de la faim. Cela veut dire au moins vingt-trois classes d’élèves dans la nature sans cours depuis le 15 mars. Cela veut dire également vingt-trois familles qui souffrent de cette situation traumatisante.
Monsieur le Ministre,
L’ASDHOM et l’ATMF vous interpellent pour intervenir et mettre fin à ce calvaire. Il est de votre devoir de réagir avant qu’un drame ne secoue notre société.
Dans l’attente de votre intervention, veuillez agréer, Monsieur le Ministre, nos sentiments sincères.

ASDHOM, 79, rue des Suisses, 92000 Nanterre                                                                    ATMF
79, rue des Suisses                                                  10, rue Affre

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