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lundi 4 janvier 2010

Maroc : LES ESPOIRS POLITIQUES DE 2010

Un peu d’optimisme dans l’incohérence générale
par Hicham Bennani, 3/1/2010

Dans un gouvernement phagocyté par le PAM (Parti Authenticité et Modernité) de Fouad Ali El Himma, difficile de parler d’hommes politiques «porteurs d’espoirs» pour la démocratie. Au sein de l’hémicycle, les notions de majorité et d’opposition ont encore moins de sens depuis la victoire du PAM aux élections communales de juin 2009 et l’élection de Mohamed Cheikh Biadillah, secrétaire général du PAM (parti de l’opposition), à la tête de la deuxième chambre, en octobre dernier. Lorsqu’il s’agit de se prononcer sur des questions épineuses comme l’affaire Aminatou Haidar, les membres des partis dirigeants se contentent de s’aligner sur les positions officielles les yeux bandés. Même les plus engagés préfèrent ne pas donner d’opinion. Pourtant, certains hommes politiques, qui bénéficient d’une légitimité et d’un respect, non seulement à l’intérieur de leur parti, mais aussi en dehors, ont dénoncé, à des degrés différents, au cours de l’année 2009, les dérives du processus électoral, les dysfonctionnements de leur parti et les incohérences des instances dirigeantes. Parfois même, en militant pour des causes délaissées par l’Etat. Si ces hommes n’abandonnent pas leurs idées, si ces hommes restent fidèles à leurs engagements et ne s’alignent pas sur le pouvoir en place, tout en concrétisant leurs visions politiques sans penser à leur intérêt personnel, ils pourront sans doute apporter une once d’espoir à ce que l’on peut appeler, la démocratie.
Ali Bouabid, membre du bureau politique de l’USFP (Union Socialiste des Forces Populaires):
Une lueur d’espoir dans une gauche en mal d’identité

«Pour l’année 2010, je souhaite que pour briser ce cercle de la défiance envers le politique, nos gouvernants consentent à sacrifier à l’exigence minimale de cohérence entre les postures affichées et les pratiques observées !»
Cette année, Ali Bouabid, co-fondateur du mouvement «pour la refondation de l’USFP», a tenté de faire valoir auprès des membres de l’USFP, la nécessité d’un réajustement de la ligne politique du parti, «que je défends depuis 2002, et sans laquelle aucune refondation du parti, en accord avec nos valeurs, n’est à mon sens envisageable». Qu’a-t-il pensé des élections communales ? «Le processus électoral est venu cristalliser la misère politique dans laquelle le Maroc est englué», dénonce Bouabid. Le 5 décembre 2009, Ali Bouabid, a fait le choix de ne pas participer à la deuxième session du Conseil national de l’USFP. Il n’était «pas solidaire avec les orientations du bureau politique» car la participation au gouvernement a été présentée comme un postulat, alors que «c’est une hypothèse qui reste discutable». En cette fin d’année, il résume la situation ainsi : «si notre présence au gouvernement n’allait pas de soi à l’origine, l’absence de tout relief politique à la participation actuelle de l’USFP n’arrange pas les choses !» En 2010, Ali Bouabid devra réaffirmer et clarifier ses positions, tout en se détachant de l’étiquette de «fils de» Abderrahim Bouabid, un des fondateurs de l’USFP, qui lui colle à la peau.


Abdellah El Harrif, secrétaire national du parti d’extrême gauche Annahj Addimocrati
Le militant convaincu
«Les actuels reculs sur le plan démocratique sont très graves, nous appelons de nouveau pour 2010 à la création d’une instance nationale pour défendre les acquis démocratiques».
Le 4 avril dernier, lors d’un sit-in de protestation contre l’Otan devant le Parlement à Rabat, Abdellah El Harrif a été violenté, avec plusieurs militants, par les forces auxiliaires. «L’un d’eux m’a giflé et je lui ai aussitôt retourné la gifle. Ils se sont alors tous retournés contre moi», témoigne El Harrif. Tant au niveau des droits de l’homme que sur le volet social, les militants d’Annahj, ont plus que jamais fait entendre leur voix en 2009. La force de ce parti est d’avoir toujours maintenu ses idées : la lutte contre le sionisme, la position en faveur de l’auto-détermination du peuple sahraoui, le combat afin d’améliorer l’enseignement et le pouvoir d’achat, etc. Tout en boycottant les élections communales de juin 2009, El Harrif, a véhiculé ses idées alors qu’il était interdit de médias dits officiels. El Harrif se dit pessimiste pour la démocratie en 2010 : «Nous serons toujours la cible du Makhzen et des partis qui lui obéissent, car nous avons toujours été contre la répression et l’approche sécuritaire».
Mustapha Ramid, président du groupe parlementaire du PJD (Parti Justice et Développement) à la chambre des représentants
Le coup de gueule permanent
«Pour la prochaine année, je souhaite que le Maroc rectifie la voie de la démocratie en adoptant une véritable réforme constitutionnelle, qu’il trouve une solution pacifique à la question du Sahara et qu’il ouvre les frontières avec l’Algérie, pour l’intérêt commun des deux peuples».

Dimanche 19 juillet 2009, dans les locaux du Journal Hebdomadaire, en insistant la réforme des institutions comme priorité, Mustapha Ramid a annoncé un rapprochement entre le PJD et l’USFP. Il a parlé d’un Front pour la réforme démocratique. «En dépit de toutes nos divergences, les impératifs du moment exigent une coopération mutuelle». Le 27 octobre, Ramid, a accusé le PAM d’avoir usé de «l’argent sale» pendant les élections communales, lors de la séance d’examen en commission du projet de budget. Ce qui a provoqué une véritable guerre médiatique entre les deux partis ennemis. Selon Ramid : «le PAM a déséquilibré l’échiquier politique à cause du phénomène de transhumance». Ramid faisait partie du groupe parlementaire qui avait fait voter une loi sanctionnant toute «atteinte au drapeau national» en 2004. Regrettant que cette loi soit utilisée contre la presse, il est devenu l’avocat de Taoufiq Bouachrine, directeur de publication du quotidien Akhbar Al Youm condamné «pour offense au drapeau national» le 30 octobre dernier. Avec le PJD, Ramid a défendu le fond de solidarité familiale, qui n’a finalement pas été validé. Après avoir dénoncé haut et fort les incohérences gouvernementales, Ramid va devoir transformer ses paroles en actes pour 2010, en tirant les leçons du conseil national du PJD du 12 décembre.
Mohamed El Morabit, membre du bureau politique du MP (Mouvement Populaire)
Le trublion qui veut assainir son parti
«2010 doit être l’année de la mise à niveau du MP de façon transparente et démocratique pour qu’il puisse avoir sa place sur le champ politique. L’Etat doit faire en sorte que les femmes et la jeunesse du pays s’intéressent à la politique et à la chose publique».
Petit à petit, un nouveau courant à pris forme au sein du Mouvement Populaire (MP) durant l’année 2009, suite aux promesses non tenues et à la mauvaise gouvernance de Mohand Laenser, secrétaire général du MP. Ce courant est aujourd’hui mené par Mohamed El Morabit, coordinateur du réseau des cadres du MP. Le réseau des cadres a été démantelé par Laenser en octobre après que ce mouvement ait dénoncé la mauvaise gestion du parti au cours de deux réunions tenues le 19 septembre à Fès et le 17 octobre à Casablanca. Samedi 19 décembre, lors de la réunion du Comité central du MP, les opposants exclus du MP ont été officiellement réhabilités et la direction du parti s’est alignée sur leurs requêtes, à savoir l’organisation d’un congrès transparent et démocratique, «afin que les futures instances du parti soient élues de façon démocratique», explique Morabit. Dans ce sens, il a annoncé un mouvement appelé «Initiative pour un processus pour le renouveau démocratique participatif au MP». Face à un secrétaire général controversé qui pourrait bien être reconduit lors du prochain congrès national en mars 2010, les hommes d’El Morabit constituent un rempart important qui symbolise un espoir de changement.
Mohamed Sassi, membre dirigeant du PSU (Parti socialiste unifié)

La dernière chance

«On a l’impression que le PAM est venu pour assurer la continuité de l’ère Driss Basri et ce qui se passait, à l’époque, avec l’Union constitutionnelle. Il faut contrer ce danger en 2010 !»
Après les communales de juin 2009, Mohamed Sassi a tiré à boulets rouges sur le PAM en dénonçant sa complicité avec le ministère de l’Intérieur qui lui a permis de remporter les élections. «Tous les partis ont été victimes d’une véritable conspiration», déclarait Sassi, dans les colonnes du Journal Hebdomadaire en juin 2009. Concernant l’arrondissement de Yacoub El Mansour, Sassi parle d’une véritable falsification des résultats au profit du PAM qui s’est accomplie en deux phases : avant et après le scrutin. «Les candidats du PAM tiennent une stratégie électorale qui inspire aux électeurs le fait qu’il s’agit d’un parti de l’Etat», indique Sassi. Mais lorsqu’il s’agit d’évoquer les défaillances de son parti ou plus généralement de la gauche, Sassi a manqué de pugnacité cette année. Parce qu’il avait violemment tourné le dos à l’USFP en 2001, il est attendu sur des positions plus courageuses en 2010. Pourrait-il devenir le catalyseur d’un nouveau front commun de la gauche ? Pour cela, il devra agir et se défaire d’une image aujourd’hui assez controversée que lui attribuent ses anciens alliés.

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