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dimanche 31 janvier 2010

Le chameau brave le froid, les profs aussi

par Véronique Soulé, C'est classe !, un blog de Liberation.fr, 30/1/2010


Même frigorifiés, les profs défilent. Ils étaient ainsi environ 10 000 ce samedi à battre le pavé parisien sur un parcours venté, à l'appel de la FSU, la puissante fédération l'Education, rejointe par la CGT Educ'Action et plus bizarrement par le Snalc, un syndicat aux positions conservatrices hostile au collège unique. Mais aujourd'hui tous combattent la réforme du lycée. La FSU et la CGT dénoncent aussi "la casse de l'Education" avec les suppressions de postes en cascade.
Véritable héros du défilé, un chameau aux couleurs du  Snuipp--FSU - principal syndicat du primaire - avance nonchalamment derrière le carré de tête. "Il symbolise le régime sec auquel est soumise l'Education nationale", résume son secrétaire général Gilles Moindrot. Indifférent au crépitement des appareils photos, l'animal porte des pancartes des deux côtés de sa bosse: "la réussite de nos élèves ne doit pas rester un mirage" et "les ministres passent, les enseignants bossent".
Besson 094 Au vue des drapeaux flottant au dessus de la foule, les enseignants du secondaire, essentiellement du Snes-FSU, sont les plus nombreux, preuve que la réforme du lycée provoque un malaise. Les profs de la filière technologique brandissent leurs propres banderoles: ils redoutent la disparition de la voie Techno dont la réforme va bientôt être annoncée - seule celle de la voie générale est connue .
"En 5 ans, on a eu 40 suppressions de postes dans lycée,notre l explique ce prof de maths membre du Snes, venu de Charleville-Mézières, je veux bien que l'académie de Champagne-Ardennes soit l'une des rares à perdre des élèves, mais l'an dernier dans notre lycée, nos effectifs n'ont pas baissé et on a supprimé 4 postes".
Cet enseignant s'inquiète aussi des répercussions de la réforme du lycée. Il critique la plus grande Besson 089 autonomie laissée aux chefs d'établissements, et craint une mise en concurrence des enseignants au sein d'un même lycée pour avoir plus d'heures de cours.
"En seconde jusqu'ici je donnais six heures de maths par semaine à mes élèves, qui se décomposaient ainsi: trois heures à toute la classe, une heure par demi groupe, soit deux heures au total pour moi, et enfin une heure de soutien à 7-8 élèves. Avec la réforme, il n'y aura plus que 4 heures pour toute la classe. Pour le reste - heures dédoublées, soutien, etc -, il y aura 10 heures et demie à nous répartir entre tous les profs de la classe, et nous risquons de nous bagarrer pour les avoir."
Les professeurs d'éducation physique et sportive (EPS) sont très mobilisés. Leur discipline est particulièrement touchée par les suppressions de postes, estiment-ils: on ne remplace plus deux départs à la retraite sur trois alors que la règle est d'un sur deux. Résultat, selon un prof du lycée de Créteil (Val de Marne), "on ne trouve plus de remplaçants et certains élèves n'ont pas cours pendant deux-trois mois, même l'année du bac".
"En plus, l'épreuve d'EPS a disparu des nouveaux concours pour devenir professeurs des écoles, ajoute-t-il. Alors que le sport est obligatoire en primaire, les nouveaux profs vont arriver sans aucune formation. On imagine une chose pareille pour un chirurgien ou pour un garagiste ?".
Il critique aussi les nouveaux programmes: "on veut nous imposer de faire de la relaxation avec nos élèves, et que le bien-être soit évalué au bac. Des lubies ministérielles décidées sans nous consulter !".
A leurs côtés défilent des enseignants du primaire, des Rased (maîtres spécialisés dans la difficulté scolaire), un petit groupe de "désobéisseurs" venus des quatre coins de la France, des conseillers d'orientation-psychologues qui redoutent de voir leur profession disparaître, etc.
Avec une quarantaine de collègues, Hélène est montée le matin même de Narbonne (Aude) - "une aubaine ce TGV !". Elle est rééducatrice dans le cadre d'un Rased dans une école primaire du centre de Narbonne. Elle s'occupe aussi des écoles de quatre villages situés parfois à une vingtaine de kilomètres. "J'ai déjà dépensé tous mes frais de déplacement, soit deux fois 86 euros - on nous les alloue par semestre. Et on nous indemnise 35 centimes du kilomètre... Je ne vais donc plus pouvoir aller aider les élèves dans ces villages. C'est triste mais je n'ai pas les moyens. J'utilise déjà ma voiture, je paie mon assurance, et j'ai une fille en fac à entretenir".
Les rangs lycéens sont clairsemés: quelques militants du NPA Jeunes, d'un nouveau syndicat SGL et de l'UNL (Union nationale lycéenne). Favorable aux grands axes de la réforme du lycée, l'UNL a récemment dénoncé l'appauvrissement de certains programmes, notamment des SES (Sciences Economiques et Sociales). Reconnaissables à leurs tee-shirts et à leurs parapluies, des profs de SES manifestent aussi.
Devant la Closerie des Lilas, au début du boulevard Montparnasse, un petit groupe d'élèves du lycée Besson 125 professionnel Valmy de Colombes (Hauts de Seine) sont venus avec une douzaine de profs et trois élus locaux - un Vert et deux communistes. IIls font signer une pétition pour le retour en France de Mohamed Abourar, ce lycéen de 18 ans expulsé vers le Maroc.
Dominique Frager, adjoint à la culture, explique: "je suis venu en tant que citoyen, responsable municipal, membre de RESF. Ma femme est en plus enseignante au lycée. Il y a quelques années, nous avions déjà réussi à faire revenir Suzilène, une jeune Capverdienne du même lycée. Pour Mohamed, nous ne céderons pas non plus".                                    exigeons le retour de Mohamed
Regis, prof à Valmy, s'inquiète d'une montée de la tension au sein du lycée. Il y a déjà eux deux blocages par les élèves pour aller distribuer des tracts en faveur de Mohamed. Des élèves ont écrit une chanson de rap "Momo". Mais tous attendent maintenant la réponse à la demande d'audience au Ministère de l'Immigration.

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