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jeudi 4 février 2010

Approche d'un intellectuel français : Jean Zaganiaris


Professeur de philosophie et intellectuel Jean Zaganiaris n'est ni militant politique ni adepte aveugle d'un courant idéologique. (...)Il ne cherche pas à "recruter". Il expose, sans polémique aucune, sa propre façon de voir, son approche...
Il est malheureusement rare de trouver des intellectuels français comme Jean Zaganiaris, qui sympathisent avec la cause palestinienne et qui abordent "l'islamisme" avec plus d'objectivité.
Ali Fkir (03/02/2010)
Jean Zaganiaris, Penser l’obscurantisme aujourd’hui. Par-delà ombres et lumières, Casablanca, Editions Afrique Orient, 2009.
By lytter
Nous avons le plaisir de vous informer de la sortie de notre premier ouvrage au Maroc, sur le thème de l’obscurantisme. Notre but a été de penser une notion apparemment claire, opposée traditionnellement aux Lumières sur le mode de l’allant de soi. en fait, il nous a paru que ce terme est plus complexe qu’il n’y paraît. Il ne s’inscrit pas dans une essence mais ne peut être pensé qu’à la lumières des interactions sociales. Qualifier l’autre d’obscurantisme est tout d’abord une pratique sociale, aux composantes multiples. C’est pour cela que nous avons voulu penser l’obscurantisme aujourd’hui à partir non pas d’une définition mais d’une opposition qui est celle entre « monisme » et « pluralisme ». L’obscurantisme se retrouve dans les pratiques sociales qui refusent le pluralisme des modes de vie et de pensée existant et tentent d’imposer des vérités uniques, des dogmes, des moralismes religieux et non religieux. A ce sujet, comme nous l’avons dit dans le livre, il serait absurde de réduire l’obscurantisme à sa dimension religieuse, comme le font notamment les discours islamophobes. Il existe des formes d’obscurantisme non religieuses telles que la raison d’Etat, le machisme, le racisme, le capitalisme. Ce sont les jalons d’une réflexions sur tout cela que nous avons posé dans ce livre.
Le lecteur pourra lire les controverses que nous avons ouvertes avec la pensée de Laroui et de El Mandjra, ainsi que la discussion avec les travaux sociologiques de Khatibi ou de Ghita El Khayat, et verra qu’au delà des particularismes culturalistes que l’on entend trop souvent au Maroc, qu’un véritable dialogue interculturel est possible. L’obscurantisme au Maroc n’est pas l’attachement au religieux mais dans cet enfermement conceptuel que l’on fait parfois des Marocains, en les particularisant au nom de la nation, de la tradition et de la religion, au lieu de voir qu’ils font partie de ce monde commun que nous partageons tous. C’est cette ouverture qu’a voulu faire ce livre, par un auteur qui n’est ni tout à fait un des nationaux, ni tout à fait un étranger. Beaucoup de dualisme sont renvoyés dos à dos dans ce livre ; rejet de l’opposition Lumières/obscurantisme, Universalisme/particularisme, Universalisme/relativisme, Laïcité/théocratie, communautarisme/individualisme, capitalisme/marxisme…Comme le dit Deleuze, c’est « l’entre deux », « le milieu » que nous avons cherché et pas un camp particulier, où nous réfugier…Ce livre sur l’obscurantisme – avec toutes ses contradictions, ses défauts, ses manques (on aurait dû citer Zakya Daoud et son livre sur Lamalif) - est un plaidoyer pour la pluralité des modes de vie et de pensée, dans un cadre humaniste. Il milite pour la diversité, la symbiose, l’ambivalence. Il est au domaine de la pensée ce que la bisexualité est au domaine des pratiques sexuelles. Il veut montrer que par delà les identités monistes et cohérentes dans lesquelles on enferme les êtres au nom de la tradition, de la morale, la vie peut être aussi constituée de métissage, de multiplicités, d’ambivalence, de pluralisme. Je reste ouverte avec quiconque veut discuter de l’ouvrage avec moi 
Jean Zaganiaris
 Quatrième de couverture

Jean Zaganiaris parle d’ALI FKIR : un grand monsieur
Par lytter, 30/1/2010
C’est Omar Radi qui m’a présenté Ali Fkir. Je cherchais quelqu’un pour animer un séminaire avec les M1 et connaissant les sensibilités politiques du coordinateur pédagogique de cette 1er année du second cycle COM’SUP, j’ai voulu un peu le taquiner en invitant quelqu’un de l’extrême gauche marocaine. Puis dans un contexte marqué par la mort de Daniel Bensaïd, grande figure de l’extrême gauche européenne mais guère connu au Maroc malgré sa venu il y a deux ans, c’était bien d’inviter quelqu’un proche de Voie démocratique. C’est aussi ça les écoles, c’est pas que des coquilles vides à la botte des entreprises, c’est aussi des lieux de pensées critiques. Un jour il y aura peut-être plus cela au Maroc lorsque le pragmatisme ultra libéral des managers de la pédagogie business se sera imposé. Mais en attendant, une école comme COM’SUP peut être fière d’avoir eu un militant marocain, victime de la répression des années plomb et acteur engagé dans les problèmes de la cité, militant à l’AMDH et à la Voie démocratique, venir nous parler de ce qu’est être de gauche aujourd’hui. On a commencé par parler de ses convictions de cœur. Ali Fkir milite pour un Maroc progressiste, laïc (où le religieux et le politique sont distincts), où la femme a les mêmes droits que l' homme, où les gens ne sont plus réprimés par des forces sécuritaires et victimes du grand capital. Le but n’était pas de venir endoctriner les élèves mais d’ouvrir un débat, en parlant des faits de l’actualité, de Mali, des ouvriers de Khouribga, de ce qu’étaient les années de plomb, du soutien que l’on peut apporter à la Palestine, à la culture et à la langue amazigh… Et on a été servi. Les élèves de M1 ont su faire preuve d’esprit critique et poser des questions intéressantes ; Ayouche lui a demandé pourquoi est-ce que  la Voie démocratique boycotte les élections alors que lui serait prêt à voter pour eux (et du coup la Voie démocratique ne connait guère sa représentativité dans le champ politique) ; d’autres lui ont demandé si Mali a eu raison d’agir ainsi ; d’autres enfin l' ont amené à préciser que laïcité n’est pas synonyme d’athéisme etc …bref de beaux échanges …après, Ali et moi sommes allés manger et on a continué de discuter…non pas de politique mais de choses ordinaires, de nos enfants, de la bouffe, des voyages, de nos rencontres amoureuses et de tout le reste, de tout ce que peuvent dire deux personnes en train de faire amicalement connaissance à la terrasse d’un café…J’ai été fasciné par ce monsieur, par son engagement, par son militantisme, par son soutien aux autres et par son altérité…

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