Le palmarès 2009 de la liberté des médias
La fin d’une année, c’est souvent le moment de faire des listes et l’internet n’échappe pas à la règle avec ses listes des meilleures vidéos sur YouTube, des chansons les plus vendues sur iTunes ou des blogueurs les plus consultés dans le cyberespace. Reporter sans frontières n’est pas en reste avec son classement mondial de la liberté de la presse, qui inclut bien sûr la liberté d’expression sur le Net.
Il ne me viendrait jamais à l’idée que je pourrais être condamnée à la prison ou même à mort pour incitation à la subversion sur Internet tout simplement parce que j’aurais écrit sur ce blogue que Harper a une tête de bonhomme Lego ou qu’il est retardé question environnement.
C’est pourtant ce qui arrive à des blogueurs dans des pays comme la Chine, le Viêt-nam, l’Égypte, l’Azerbaïdjan ou le Maroc, respectivement 168e, 166e, 146e, 143e et 127e sur la liste de 175 pays du palmarès 2009 de Reporters sans Frontières.
Chine
Liu Xiaobo, un philosophe chinois, ardent défenseur de la liberté d’expression sur le web.
Le 25 décembre dernier, jour de Noël, un tribunal de Pékin a condamné à 11 ans de prison Liu Xiaobo, un ancien professeur de philosophie à l’université de Pékin qui se bat aujourd’hui pour que les cybermédias fassent basculer l’omnipotence du Parti communiste chinois. L’homme de 53 ans est accusé de subversion suite à des articles publiés sur le net et à sa participation à l’élaboration de la Charte 08, une déclaration réclamant tout simplement des réformes démocratiques en Chine. Arrêté en décembre 2008, Liu Xiaobo a croupi près d’un an en prison avant d’être officiellement inculpé à la mi-décembre. Aucun journaliste étranger, diplomate ou partisan n’a pu assister à son procès, pas même sa femme.
Viêt-nam
Nguyen Tien Trung, un ingénieur en informatique éduqué en France et emprisonné au Viêt-nam.
Nguyen Tien Trung est détenu depuis cinq mois au Viêt-nam et risque la peine de mort pour « tentative de renversement du régime du peuple » ! Ce qu’il a fait : critiquer l’enseignement universitaire du Viêt-nam et demander plus de libertés et de démocratie. Faut dire que Nguyen Tien Trung est diplômé de l’école d’ingénieurs INSA de Rennes (France), ce qui le place en bonne position pour pouvoir comparer les méthodes d’éducation des deux pays. Le gouvernement vietnamien a quant à lui décidé qu’il était le bouc émissaire parfait pour effrayer les étudiants vietnamiens qui, comme lui, voudraient réclamer plus de liberté à leur retour d’études à l’étranger.
En février 2007, l’Égyptien Kareem Amer a été condamné à quatre ans de prison pour « insulte au Président et à l’islam », insulte qui consiste à avoir critiqué sur Internet la discrimination infligée aux femmes en Égypte et dénoncé les dérives religieuses et autoritaires du gouvernement et des plus hautes institutions religieuses du pays.
La cour d’appel de Bakou, la capitale de l’Azerbaïdjan, une région qui faisait autrefois partie de l’URSS, a récemment rejeté la demande de liberté provisoire de deux blogueurs, Adnan Hadjizade et Emin Milli. Arrêtés en juillet dernier, les deux hommes sont accusés d’avoir critiqué les autorités dans une vidéo où les politiciens corrompus sont comparés à des ânes. Les deux hommes ont été condamnés respectivement à deux ans et deux ans et demi de prison.
Toujours en décembre 2009, le blogueur marocain El Bachir Hazzam a été condamné à quatre mois de prison pour « diffusion de fausses informations portant atteinte à l’image du royaume concernant les droits de l’homme ». Son crime : avoir publié au début décembre sur son blogue un communiqué diffusé par des étudiants au sujet des manifestations de Taghjijte, à 200km au sud d’Agadir, un communiqué dénonçant l’utilisation disproportionnée de la force par la police et les autorités locales. Son compatriote, Abdullah Boukfou, propriétaire d’un café internet, a été arrêté pour des raison semblables, pendant qu’un autre militant et blogueur marocain, Boubaker Al-Yadib, est quant à lui recherché par les forces de sécurité marocaines pour avoir couvert les manifestations.
Au Tibet, la situation n’est pas plus rose. Deux internautes ont été condamnés à trois ans de prison pour « communication d’informations à des contacts à l’extérieur de la Chine » : ils ont téléchargé des photos du dalaï lama ! Depuis le 1er octobre dernier, ils sont détenus à Lhassa, la capitale du Tibet, sans que personne ne puisse leur rendre visite ou avoir de leurs nouvelles. Trois autres jeunes Tibétains ont été arrêtés il y a deux mois pour avoir échangé sur une messagerie instantanée chinoise des photos et des discours du dalaï lama alors qu’un autre était arrêté en août dernier pour avoir regardé en ligne des photos du drapeau tibétain et du dalaï-lama.
Les 20 premières place du palmarès : le Canada est en 19è place, devant les États-Unis.
Bien sûr, ce ne sont là que quelques exemples parmi des centaines des multiples visages que peut prendre la répression de la liberté d’expression sur Internet. Au fait, le Danemark – tant louangé ces derniers temps pour ses réalisations environnementales – arrive en première position du palmarès de Reporters sans frontières.
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