Grève de la faim illimitée de trois prisonniers politiques

Communiqué de Stéphane Aït Idir, Rédouane Hammadi, Merzouk Hamel

Nous, prisonniers politiques dans les prisons marocaines, posons une question fondamentale à l’opinion nationale et internationale: où sont nos droits ?

Nous, soussignés,  prisonniers politiques dans les prisons marocaines, détenus à la prison de Kénitra, déclarons avoir entamé une grève de la faim illimitée le 4 novembre 2009. Cette grève de la faim est une demande urgente de bénéficier  de nos droits de prisonniers politiques les plus élémentaires.

Depuis l’année 1994, date de nos arrestations, nous subissons toutes les formes de torture physique, psychologique et psychique, toutes les formes d’intimidation, d’isolation, etc. Nous vivons dans des conditions inhumaines. Nous avons vécu l’isolation totale sans aucun contact avec d’autres personnes ou d’autres prisonniers. Nous ne bénéficions d’aucun droit humain (le minimum pour un prisonnier).

Pendant plusieurs années, nous avons vécu et avons été tenus à l’isolation totale  dans des petites cellulesindividuelles obscures sans lumière jour et nuit. La pièce individuelle à une surface de 2m sur 3m sans lit et presque sans nourriture. Durant toutes les heures, les gardiens tapent dans les portes pour ne pas nous laisser dormir ou tout simplement réfléchir et être / avoir la paix avec nous-mêmes. Le comportement des responsables pénitentiaires se caractérise par la violence, les brimades et les sévices de toutes sortes.

Cette situation inhumaine et dramatique a eu pour conséquence des maladies respiratoires, des troubles gastriques, etc. C'est notre lot quotidien. A cela, il faut ajouter les maladies liées à l’isolation et à l’enfermement : les rhumatismes, les infections pulmonaires et les troubles psychiques.

De cette situation, nous informons que le détenu Stéphane Aït Idir a eu une attaque cardiaque et les détenus Rédouane Hammadi et Merzoug Hamel subissent des rhumatismes graves, pour ne citer que ces pathologies dangereuses et graves pour les êtres humains.

Le tout est aggravé par l’absence quasi-totale de médicaments et des soins !

Après notre détention inhumaine à la prison de Salé et suite à nos protestations (plusieurs grèves de la faim), on nous a transférés à la prison centrale de Kénitra où on nous a mis avec les prisonniers de droit commun mais nos conditions de détention n’ont pas changé d’un iota.

Nous n’avons droit à rien : ni journaux, ni livre, ni télévision, ni matériel pour nous réchauffer l’hiver, ni matériel pour faire un thé ou un petit repas.

Nos familles subissent des intimidations et des interdictions de visites.

Pour cela, nous décidons le maintien d’une grève illimitée et nous demandons :

- nos droits de prisonniers politiques avec l’ensemble des détenus politiques dits islamistes comme ceux connus de salafia jihadiya ;

- l’amélioration de nos conditions de détention ;

- le respect de l’intégrité physique et mentale des prisonniers ;

- le respect de la dignité humaine