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vendredi 20 mai 2016

Conflit du Sahara Occidental et la responsabilité collective de la Communauté internationale


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Par Abdelouahab Saïdani15/5/2016|


L’année écoulée à la même période, suite à l’opposition de la France d’élargir le mandat de la Minurso à la protection des droits de l’homme, j’ai publié un article dans le même prestigieux quotidien El Watan, pour m’indigner de cette attitude de la France, eu égard à son statut de membre permanent du Conseil de sécurité, avec toutes les conséquences en termes de responsabilité pour la paix et la sécurité internationales, et de berceau des droits de l’homme.
 
Une fois encore, la France se distingue par sa position, guidée par des relents colonialistes et un esprit revanchard et persiste dans son attitude de vouloir protéger à tout prix son précarré marocain, en faisant fi des règles du droit international et de la volonté d’un peuple (sahraoui) de faire valoir son droit légitime à l’autodétermination. Paris persiste dans l’erreur par arrogance, en empêchant le Conseil de sécurité cette fois-ci de prendre une position ferme vis-à-vis de la décision du Maroc de renvoyer la composante civile de la Minurso, de fermer son bureau de la composante militaire à Dakhla, et suspendre sa contribution à son fonctionnement. Une décision qui n’a même pas suscité une réaction, à la hauteur de sa gravité et des risques qu’elle engendre pour la stabilité et la sécurité de la région.

Considérée comme une opération de la nouvelle génération, dont la direction générale revient au Conseil de sécurité, en vertu de la Résolution 690 (1991), la Minurso comporte trois composantes : l’unité militaire qui a pour mandat de surveiller le cessez-le-feu, la réduction de la consignation des forces, selon les résultats du référendum, ainsi que le retrait des troupes du Maroc ou du Front Polisario. 
L’unité civile est affectée, pour l’essentiel, à l’organisation et au contrôle du référendum. L’unité de sécurité, composée des agents de la police civile, assure l’ordre dans les centres d’établissement des listes électorales, les bureaux de vote et supervise les forces de police existantes. Ces trois composantes sont dirigées par le représentant du SG de l’ONU.
A cet égard, la décision d’expulser le personnel civil de la Minurso constitue une violation flagrante du mandat de la Minurso et de la légalité internationale.
De tels agissements de l’occupant marocain qui instrumentalise sciemment l’incident avec le SG de l’ONU, lors de sa visite au mois mars dernier dans les territoires sahraouis libérés, visent en réalité à confiner la Minurso dans la surveillance du cessez-le-feu et de vider le mandat de la mission de l’ONU de son essence, à savoir l’organisation du référendum d’autodétermination au Sahara occidental.
Ce n’est un secret pour personne que, malheureusement, la Minurso n’a jamais pu s’acquitter de la totalité des missions dont elle a été investie par le Conseil de sécurité de l’ONU, elle s’est juste bornée, depuis sa création, à surveiller le cessez-le-feu et à instaurer des mesures de confiance, et ce, malgré les multiples pertinentes résolutions de l’ONU appelant à l’autodétermination pour le peuple du Sahara occidental.
Cette situation donne lieu à des OMP à deux niveaux : les opérations de «rang supérieur» nées dans les régions que les grandes puissances et leurs alliés principaux considèrent comme importantes, et les «opérations de bas niveau» menées ailleurs par l’ONU et les organisations régionales.  
En effet, on note une certaine sélectivité des membres du Conseil de sécurité dans le choix des crises qui méritent une intervention coercitive habilitée, au titre du chapitre VII de la Charte de l’ONU, car l’expérience a montré que le comportement des Etats membres du Conseil est guidé, en grande partie, par le souci de préserver et de défendre leurs intérêts, alors qu’il a été constaté que les efforts de l’ONU ne mènent à rien s’ils ne sont pas basés sur un ferme soutien  diplomatique et militaire des États membres, et plus particulièrement celui des grandes puissances qui doivent faire preuve d’objectivité et de neutralité concernant le conflit du Sahara occidental dont la solution juste et pacifique sera d’un grand apport pour la paix et la sécurité dans la région. 
Aussi, devant la situation de danger qui menace la paix et la sécurité régionales, il est urgent que la communauté internationale assume ses responsabilités et exerce les pressions nécessaires sur la partie marocaine pour parachever le processus de décolonisation du Sahara occidental, inscrit sur la liste des territoires non autonomes de l’ONU depuis 1963. De même qu’il est primordial de mettre fin au pillage illicite par le Maroc des ressources naturelles de ce territoire et assurer une protection des Sahraouis contre l’oppression marocaine à travers l’élargissement des prérogatives de la Minurso à la protection et au suivi de la situation des droits de l’homme, à l’instar d’autres opérations de maintien de la paix.
La prorogation périodique du mandat de la Minurso, qui est un organe intégré à l’ONU doté de la qualité d’organe subsidiaire du Conseil de sécurité, en application de l’article 29 de la Charte, n’est pas un objectif en soi, mais celle-ci vise plutôt à organiser un référendum d’autodétermination pour le peuple sahraoui, alors que le statu quo est favorable au Maroc qui poursuit l’occupation du Sahara occidental et le pillage illégal des ressources naturelles de ce territoire.
En conclusion, je dis et je maintiens que je ne suis pas de nature pessimiste, bien au contraire, mais tout porte à croire que le combat du peuple sahraoui pour l’autodétermination et l’indépendance sera plus rude vu l’attitude obstinée et irresponsable du Maroc, qui profite de  la complicité de certains Etats. La récente missive adressée par le président de la République arabe sahraouie, Mohammed Abdelaziz, au Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, rappelle la responsabilité de l’ONU dans la décolonisation du Sahara occidental et l’organisation du référendum d’autodétermination, de même que le rappel du droit du peuple sahraoui à recouvrer ses droits, y compris par les armes contre une éventuelle agression marocaine, conforte notre analyse.

Par Abdelouahab Saïdani
Universitaire

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