Les photos de la crise carcérale en Belgique ou l'honneur perdu d'une société civilisée
par Luk Vervaet, 18/5/2016
Nous vivons une crise permanente. Une crise sans fin. Crise économique
et financière, crise des réfugiés, crise des prisons, crise sécuritaire,
crise judiciaire. Nous y sommes tellement habitués que nous avons
oublié le sens de ce mot. Du grec "Krisis", il signifie rupture,
renoncement à un choix antérieur et choix d’un tout autre chemin. Il a
perdu toute sa signification : nous mettre en état d’alarme et de prise
de décision. La crise, au contraire, nous paralyse, nous plonge dans
l’indifférence et l’égoïsme au lieu d’activer notre capacité d’empathie.
Le système pénitentiaire est en crise depuis au moins vingt-cinq ans.
Depuis le début de la crise économique en 1973, et en particulier à
partir des années 90 où a déferlé une véritable contre-révolution
libérale, quasi tous les pays de l’Europe occidentale ont augmenté leur
nombre de détenus et leur capacité carcérale à des niveaux records.
Jamais atteints depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Avec les
conséquences dramatiques et les conditions d’enfermements indignes pour
les détenus qu’on connaît.
Ni la construction sans relâche de nouvelles prisons depuis les années
90 (Bruges, Hasselt, Andenne, Ittre, Marche en Famenne, Beveren, Leuze
en Hainaut..), ni le transfert de six cents détenus belges à Tilburg
(Pays-Bas), ni la construction de cinq nouvelles prisons pour illégaux,
n'ont été une réponse à cette crise. Ces mesures l’ont au contraire
approfondie et ont permis de placer de plus en plus de personnes en
détention et de poursuivre les choix faits.
Regardez ces photos prises à l’intérieur de la prison de Lantin et vous
verrez l’expression de cette crise qui s’éternise. La violence visible
lors de la manifestation syndicale du 17 mai contre les bâtiments du
ministère de la justice vous a-t-elle choqués ? Elle n’est pourtant rien
comparée à la violence que font subir le gouvernement et les syndicats
aux détenus depuis près d’un mois.
Seules interventions radicales du gouvernement belge pendant toute cette période : l’envoi de l'armée dans les prisons et l'envoi des F16 en Syrie pour sauver la démocratie et les droits de l’homme de la barbarie de l’Etat islamique. Si la situation dantesque dans laquelle les prisonniers belges se trouvent aujourd’hui se passait ailleurs, la Belgique aurait certainement déjà menacé d’intervenir pour sauver les droits de l’homme.
Et où est le Roi Philippe, dont tout le monde demande l’intervention aux moments de crise ? Plutôt que d’être en vacances, il est à craindre qu’il ne fasse que suivre l’inflexibilité gouvernementale et syndicale et considère les détenus comme des déchets. Et où sont les spécialistes de la déradicalisation des prisons ? La situation "radicale" dans laquelle on met les détenus ne fait-elle pas partie de votre mission ? Et qu’attendent tous les spécialistes de la prison dans les universités pour appeler à la grève générale dans les facultés des sciences humaines, de droit et de criminologie pour protester contre le sort des détenus et leurs familles ?
Seules interventions radicales du gouvernement belge pendant toute cette période : l’envoi de l'armée dans les prisons et l'envoi des F16 en Syrie pour sauver la démocratie et les droits de l’homme de la barbarie de l’Etat islamique. Si la situation dantesque dans laquelle les prisonniers belges se trouvent aujourd’hui se passait ailleurs, la Belgique aurait certainement déjà menacé d’intervenir pour sauver les droits de l’homme.
Et où est le Roi Philippe, dont tout le monde demande l’intervention aux moments de crise ? Plutôt que d’être en vacances, il est à craindre qu’il ne fasse que suivre l’inflexibilité gouvernementale et syndicale et considère les détenus comme des déchets. Et où sont les spécialistes de la déradicalisation des prisons ? La situation "radicale" dans laquelle on met les détenus ne fait-elle pas partie de votre mission ? Et qu’attendent tous les spécialistes de la prison dans les universités pour appeler à la grève générale dans les facultés des sciences humaines, de droit et de criminologie pour protester contre le sort des détenus et leurs familles ?
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