L’audience de référé s’est déroulée ce mardi matin devant le tribunal de 1ère instance de Liège. Ce sont les départements de la Justice et de l’Intérieur qui sont visés par la citation lancée par la Commune de Juprelle (qui abrite la prison de Lantin), la bourgmestre de Juprelle et la zone de police Basse-Meuse.
La grève des gardiens de prison touche particulièrement Lantin et ses 900 détenus (550 en préventive et 350 en maison de peine) :« J’ai reçu un rapport de la direction qui était plus qu’alarmant , confie la bourgmestre de Juprelle. J’ai dépêché les pompiers sur place et leur rapport était encore plus alarmant… La situation s’aggrave de jour en jour, des détenus se barricadent dans leur cellule et y mettent le feu ».


La police « à bout »

Le système d’alerte incendie est défaillant et les canalisations d’eau ont été détériorées : samedi, la prison de Lantin ne disposait pas d’une goutte d’eau pour faire face à un éventuel foyer d’incendie. « Nous avons fait appel à la Régie des bâtiments, qui a dépêché quelqu’un, poursuit la bourgmestre. Mais le pauvre homme ne disposait pas du moindre budget pour procéder à la réparation et c’est avec sa carte de banque personnelle qu’il est allé acheter le matériel nécessaire. Vous rendez-vous compte de la situation dans laquelle nous sommes ?! ».
Les pompiers ont été réquisitionnés samedi à Lantin, mais ont ensuite déposé un préavis de grève. Les policiers de la zone Basse-Meuse « sont à bout », a expliqué Me Lemmens, conseil de la zone. « Quand on leur demande d’aller à la prison, on reçoit maintenant un certificat médical , a-t-il expliqué. Pour faire face à la situation à Lantin, il faudrait l’ensemble des agents de la zone, ce qui est évidemment impossible », a-t-il ajouté en précisant que les risques d’incendie et d’évasion sont « à leur maximum ».

Un risque élevé de décès

Les défendeurs ont sollicité une remise pour avoir le temps de conclure –ils ont été prévenus vendredi et disent n’avoir pas disposé du délai nécessaire. Les demandeurs leur ont expliqué qu’ils avaient fait «tout ce qu’ils pouvaient », et qu’il fallait «prendre conscience du risque élevé de se retrouver avec des décès ».
Quant à l’aile pour femmes de la prison de Lantin, celle-ci était plutôt épargnée au début de la grève mais ce ne serait plus le cas. La bourgmestre Christine Servaes rappelle qu’elle accueille des mamans avec leurs enfants en bas âge : « Eux aussi sont exposés aux incendies, qui commencent à surgir dans la prison pour femmes. On est en train de mettre leur vie en danger ». L’audience a été remise à vendredi, 14 heures. La président Glaude rendra son ordonnance le même jour en soirée, a-t-il promis pour parer à l’urgence. En attendant, une fois l’audience levée, les demandeurs ont répété aux conseils de l’Etat belge qu’il fallait réparer les détecteurs d’incendie de toute urgence, dès ce mardi : «Quand le pire arrivera, l’Etat ne pourra pas dire qu’il n’a pas été mis au courant ».