Politique Publié Le 21/04/2016 à 18h35
Pour l’AMDH,
le Maroc connait une régression dans le respect des droits de l’Homme. L’ONG a
fait état, dans son nouveau rapport, de 346 cas d’arrestations et de poursuites
judiciaires d’ordre politique durant 2015.
L’AMDH a
présenté ce matin son rapport annuel sur les droits de l’Homme au Maroc. Le
document a énuméré de nombreux cas d’irrégularités relevés durant 2015. Les
camarades d’Ahmed El Hayej dénoncent « la forte tendance de l’Etat »
à privilégier « l’approche sécuritaire répressive ». L’ONG rappelle
notamment les décisions des autorités interdisant les activités de plusieurs
associations en rupture de ban avec l’Etat et de certaines organisations
politiques telles que les jeunesses de la Voie démocratique, du PADS, la
formation Alternative civilisationnelle (islamiste dissoute en 2008 sur une
décision du premier ministre Abbas El Fassi) et le Parti Al Oumma, non reconnu
par le ministère de l’Intérieur (également islamiste).
Le rapport
de l’AMDH fait état de 346 interpellations de ce qu’elle qualifie de
« détenus politiques, d’opinion, contre la liberté d’expression et les
protestations pacifiques ». L’association recense notamment le cas de 111
étudiants de l’UNEM, de 85 activistes politiques ayant fait campagne pour le
boycott des élections régionales et communales du 4 septembre, de 63 acteurs
associatifs et syndicalistes, de 41 sahraouis, de 13 journalistes, de 10
diplômés chômeurs, de 8 membres du réseau Belliraj et de 3 chanteurs de rap.
Réquisitoire
à l'encontre de la haute délégation des prisons
L’ONG estime
que dans de nombreux cas cités, pour cacher les « raisons
politiques », les personnes étaient interpellées officiellement pour
« incitation au terrorisme », avoir « ébranlé la fidélité que
les citoyens doivent à l'Etat et aux institutions », « entrave à la
libre circulation sur la voie publique », « atteinte à un
fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions » ou « dégradation
de biens publics ».
L’AMDH a
consacré une partie de son rapport à la surpopulation dans le milieu carcéral.
L’ONG pointe du doigt les énormes écarts entre les capacités
d’ « accueil » des centres pénitenciers lors de leur
construction et la réalité.
Elle cite
quelques exemples pour étayer son analyse. La prison de Marrakech compte
actuellement 2 299 détenus alors qu’elle ne peut en accueillir sur le papier
que 700, soit une surpopulation de plus de 328%. A Nador, ce pourcentage
atteint les 140%. Il est de 157,16% à la prison d’Ain Sebaâ à Casablanca.
L’association
a également fait état de la mort de 120 détenus dont 10 condamnés à la peine
capitale en 2015. Le document évoque, par ailleurs, le problème de 30 340
prisonniers sous le régime de la détention provisoire.
Mohammed
Jaabouk
Journaliste
Yabiladi.com
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