Mohammed Jaabouk 16/3/2016
Les déclarations de Ban Ki-moon dans les camps de Tindouf et à
Alger hostiles aux intérêts marocains, indiqueraient une grave
divergence de vues entre le Maroc et les Etats-Unis, soutenus par la
Grande-Bretagne, sur la question du Sahara. Les deux pays seraient
favorables à une autre voie qui dépasserait la proposition d'autonomie
proposée par le Maroc.
D’autant plus que depuis qu’il a succédé, en 2006 à Kofi Annan, Ban Ki-moon n’a pas fait montre d’une grande autorité sur la scène internationale. En témoigne, ses faibles positions sur les dossiers irakien, syrien, libyen, malien. Et même sur le conflit du Burundi -moins important que celui du Sahara occidental- il n’a éprouvé aucune gêne à composer avec le président Pierre Nkurunziza lors de sa visite du 22 février.
Une nouvelle crise avec les Etats-Unis en perspective ?
Sur la question du Sahara, c’est Washington qui tire les ficelles. C’est elle qui donne en effet le tempo politique à ce différend territorial, vieux de quatre décennies. Le rôle de l'ONU et des secrétaires généraux qui se sont succédés depuis, se limitent à accompagner la vision des responsables américains qui manœuvrent sur le terrain du Sahara grâce aux leviers des « Envoyés personnels ».
Étrange coïncidence, sur les trois diplomates nommés à ce poste deux sont américains : James Baker et Christopher Ross. Et même lorsque le Maroc avait retiré sa confiance en Ross en 2012, c’est le nom de Colin Powell qui était pressenti pour le remplacer. C’est dire l’importance stratégique pour les Etats-Unis de rester le seul et unique acteur majeur sur le dossier du Sahara occidental. Face à une Union européenne affaiblie par son manque de cohésion, Washington a su imposer sa politique, soutenue en cela par Londres.
Un nouveau projet pour le Sahara ?
Les deux capitales préparaient d'ailleurs un projet, une sorte de troisième voie qui serait plus que l’autonomie, moins que l’indépendance. Une solution portant la signature de Christopher Ross qui pourrait prendre la forme d'un fédéralisme plus ambitieux. Seulement le Maroc refuse catégoriquement cette option.
Autre coïncidence inquiétante pour le Maroc, les déclarations de Ban Ki-moon interviennent seulement un mois après le voyage de l’ambassadrice des Etats-Unis à Alger, dans les camps de Tindouf. La diplomate était accompagnée par Margarette Mckelvey, responsable Afrique auprès du Département d’Etat.
Après l'épisode d'avril 2013, sommes-nous face à une nouvelle crise avec les Etats-Unis ? A l’époque, les services de John Kerry avaient soumis au Conseil de sécurité un projet de résolution proposant d’élargir le mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l’Homme au Sahara. Une manœuvre que le Maroc avait réussi à déjouer grâce aux concours de ses relais au Pentagone, le lobby juif aux Etats-Unis, l’Arabie Saoudite, l’Espagne et la Russie.
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