Chers amis lecteurs de solidmar,

Solidmar est fatigué ! Trop nourri ! En 8 ans d’existence il s’est goinfré de près de 14 000 articles et n’arrive plus à publier correctement les actualités. RDV sur son jumeau solidmar !

Pages

lundi 14 mars 2016

Ce qui s’est réellement passé à la soirée de soutien à ZIN TV à Bruxelles

par ZIN TV, 13/3/2016
A
Le samedi 12 mars restera pour beaucoup d’entre nous, une soirée mémorable où chacun est venu donner et où chacun est venu recevoir. Oui, c’est littéralement ce qui s’est passé hier, lors de la soirée de soutien à ZIN TV dans son procès contre la police.
En effet, les événements qui sont à l’origine de cette belle fiesta y ont été rappelés à de nombreuses opportunités : une équipe de ZIN TV qui couvrait les manifestations anti-TTIP en octobre, a été arrêtée, caméra saisie et images détruites par la police au nom d’un niveau 3 d’alerte terroriste bidon qui sévissait déjà bien avant les attentats de Paris… Cette attaque vise à décourager les citoyens qui se saisissent des caméras pour filmer l’action policière, elle vise à effrayer ces témoins gênants des délinquants en uniforme, elles visent à maintenir un peuple docile, muet et invisible. L’emploi de la terreur à des fins politiques, c’est ça le terrorisme.

Dans un premier stade, nous avons biens sûr été indignés, mais nous avons rapidement dépassé cette indignation pour renforcer notre projet médiatique avec encore plus de conviction. ZIN TV a bénéficié du soutien de divers personnalités, secteurs et de médias amis. Un mail d’Anonymous avec des instructions techniques nous ont permis de récupérer une partie des images et d’avoir les conditions techniques pour démarrer un procès (les images permettent d’identifier le policier, son action et la complicité de ses collèges)… L’association ATTAC et ZIN TV ont donc décidé de se constituer partie civile. Hier soir, durant toute la soirée et toute la nuit, les images récupérées ont été projetées sur un mur.

La répression ne concerne pas seulement les médias citoyens, mais également les mouvements sociaux qui étaient bien présents. D’ailleurs, la soirée démarre par un débat sur le droit à la contestation avec Jordan Croeisaerdt, cheminot qui ne mâche pas ses mots, Olivier Stein « notre » avocat et Magali Gillard de la JOC.

Puis, pendant que les musiciens installaient leurs instruments, le fourmillement des participants s’entre-croisaient et découvraient quelques délices : le fameux Ché-Congo... ce cocktail révolutionnaire au rhum cubain, citron et gingembre... et qui possède la faculté magique de convoquer à l’esprit de chaque buveur : l’odyssée anti-coloniale du Ché au Congo. Le bar est soudainement devenu un véritable nid d’abeilles. L’équipe de bénévoles, qui débouchaient les bouteilles, a héroïquement assuré à la perfection l’offre et la demande.

Les participants découvraient également une pile de journaux qui invite à la lecture critique, valeureuse et contemporaine de nos amis de la revue Kairos.

Les gens se regardaient, se rencontraient et se découvraient. Ils souriaient et se parlaient... ils se rendaient compte qu’ils étaient tombés dans le piège de ZIN TV : en effet, tout était mis en scène pour que la rencontre se fasse en toute convivialité. L’exposition photo du collectif Krasnyi, ces talentueux photographes présents dans toutes les luttes sociales ont donné au mouvement social une mémoire et une esthétique. Vu la sensibilité sociale des visiteurs, il était difficile de ne pas s’émouvoir de ce travail et de le partager avec la personne à ses côtés.

Comment est-ce possible de réunir en une soirée des gens si différents ? Réponse : des années de travail... Le rôle avoué de ZIN TV est de relier les gens entre eux, des gens qui ont plus de choses en commun que l’inverse. L’écran de ZIN TV s’amuse d’ailleurs à les unir symboliquement sans qu’ils ne s’en rendent compte : des écologistes, des sans-papiers, des syndicalistes, des indignés, des rouges, des intellos, des féministes, des trotskystes, des décroissants, des militants LGBTQI, des socialistes, des sans-parti, ... Cette force éparpillée qui peine parfois à se rassembler autour d’une démarche d’intérêts commun : un projet de société global commun, fédérateur, participatif et populaire. Mais, lors de la soirée de soutien, tous ont oublié un moment à quel rang ils appartiennent. Ce serait injuste de dire que c’est seulement du aux effets bénéfiques du Ché-Congo. C’est l’ensemble du dispositif. Soulignons quand-même un aspect très efficace : l’attaque par le ventre (et ici il faut rendre hommage à l’équipe créative et artisanale de la cuisine). Du "Bibibamp" (en français : une vraie tuerie) proposée au menu, il n’en restait pas une miette, tous ont étés démasqués : ce sont tous des Obélix !

Parmi les affiches qui décoraient les murs de la soirée, on a pu en remarquer une qui invitait à une manifestation à Bruxelles contre les violences policières ce mardi 15 mars en départ à 18h de la Gare du Nord. Mais voilà qu’au micro on entend Jan Busselen de Toute Autre Chose invitant à La Grande Parade, il dit que ce sera un grand courant d’alternatives positives pour une autre économie, pour le climat, pour un monde en transition, pour l’emploi, pour nos services publics, pour les soins de santé, pour une société inclusive... dimanche 20 mars, départ à 18h de la Gare du Nord.

Voilà que le tambour de La Louve Heureuse convoque le public à s’initier au répertoire de Violeta Parra, c’est que ce groupe musical a délibérément choisi de célébrer cette artiste pour son engagement total en faveur de la culture populaire.
La Louve Heureuse en concert from zin tv on Vimeo.
Puis... émus, la suite du programme a enchainé avec un très combatif et touchant témoignage de Farida, la soeur d’Ali Aarrass, un compatriote innocent emprisonné depuis trop longtemps, torture et abandonné par notre gouvernement et les médias. Luk Vervaet du comité Free Ali est venu épauler Farida. Le manque de moyens et le sentiment d’impuissance sont vite exorcisés par un appel à continuer le combat, tous ensemble, car la cause d’Ali nous concerne plus qu’on ne le croit...

Et puis... et puis... l’accordéon annonce la suite qui s’enchaine aussi avec un autre témoignage, celui de notre ami Diallo au nom de Sans-papiers TV, qui se mêle à son tour aux accords de guitare, et puis... jusqu’à bout de la nuit, la piste de danse fut couverte des pieds d’un public qui sans le savoir avaient sans doute autrefois marché ensemble dans les rues, parmi les trompettes de Jaune Toujours, les slogans des sans-papiers, les tambours de Xamanek, les micros de radio Panik, les drapeaux des camarades, les micros de radio campus, une équipe de la permanence vidéo des luttes sociales de ZIN TV, ces médias libres, ces artistes... qui amplifient la voix d’un peuple qui ne se laisse pas dominer. Tous se sont donnés ce soir-là, tous ont emporté avec eux ces moments indispensables pour continuer à sourire, grâce au travail anonyme d’une trentaine de bénévoles qui ont su être un collectif humain et généreux. Qu’ils soient ici tous chaleureusement remerciés. L’amour se paye avec amour.
L’équipe de ZIN TV (qui ne va pas tarder à remettre ça !)
photos : Benjamin Durand

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire