par R. Mahmoudi, 13/3/2016
L’onde de choc de la visite de Ban Ki-moon au Sahara Occidental continue
de faire des ravages au Maroc où les shows médiatiques se succèdent
pour tenter de conjurer une rage insondable qui enfonce le Makzen dans
ses errements.
Après donc les réunions au Parlement, le discours
déclamatoire du Premier ministre, Abdelilah Benkirane, et la marche
«spontanée» de ce dimanche à Rabat pour dénoncer les déclarations du
secrétaire général de l’ONU, le chef de la diplomatie, Salah-Eddine
Mezouar, va se rendre très rapidement à New York pour remettre à Ban
Ki-moon une lettre de Mohammed VI.
Le Maroc a pour objectif de mettre une très grande pression sur le
secrétaire général de l’organisation internationale afin de l’amener à
faire amende honorable à ses déclarations sur le Sahara Occidental et le
persuader de bien «tamiser» les observations qu’il mettra dans son
rapport d’avril au Conseil de sécurité. La lettre du roi dramatise à
l'excès la situation, en reprenant les menaces proférées par certains
parlementaires lors de la réunion des deux Chambres, samedi, de prendre
les armes pour récupérer les zones libérées par le Polisario.
Le ton belliqueux utilisé par le Palais tranche clairement avec les
discours ressassés sur les tribunes internationales prétendant que les
autorités marocaines maîtrisaient la situation dans les territoires
sahraouis, appelés abusivement «territoires marocains du Sud», et que
ses populations vivraient en symbiose totale avec le royaume. Rabat
compte surtout dans sa «contre-offensive diplomatique» sur l’appui de
son protecteur français qui supervise et dirige en sous-main
l’opération, en mettant en relief les résultats prétendument
«contre-productifs» de la visite de Ban Ki-moon qui, au lieu de
faciliter et favoriser la reprise des négociations, a paradoxalement
exacerbé la tension dans la région.
Pour sa première visite dans la région, où une mission de maintien de la
paix, la Minurso, est déployée depuis 1991, le secrétaire général des
Nations unies s’est rendu dans les camps de réfugiés de Tindouf, puis
dans la zone dite «tampon» de Bir Lahlou, où sont postés des
observateurs militaires de la mission onusienne, à l’est du mur de
défense érigé par l’armée marocaine.
Ban Ki-moon a constaté de visu la situation des réfugiés. Il déclarera à
Alger, lors d’une conférence de presse animée avec Ramtane Lamamra :
«J’ai été attristé de voir autant de réfugiés et, particulièrement, les
jeunes qui y sont nés. Les enfants qui sont nés au début de cette
occupation ont désormais 40 ou 41 ans. Soit quarante ans d’une vie
difficile. Je voulais vraiment leur apporter l’espoir que ce n’est pas
la fin du monde pour eux.» Les Marocains n’ont pas digéré le terme
«occupation», utilisé à juste titre par le premier responsable de
l'Organisation des Nations unies.
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