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jeudi 28 janvier 2016

Guantanamo : symbole de l’impunité US



11/01/2016

La politique anti-terroriste des États-Unis adoptée suite aux attentats du 11 septembre a donné lieu à toute une série de violations des droits humains. Les auteurs de celles-ci n’ont pas été amenés à rendre des comptes. La détention illimitée à Guantánamo et la politique de pratique de la  torture en toute impunité perpétrée par un gouvernement qui se targue d’être un champion des droits humains ont brisé des vies.
Ce n’est qu’en reconnaissant le fossé qui existe entre l’image qu’ils se font d’eux-mêmes et les violations des normes internationales qu’ils ont pu commettre, que les États-Unis pourront recouvrer leur crédibilité en matière de promotion des droits humains au niveau international.
Le centre de détention de Guantánamo restera à tout jamais associé aux violations des droits humains perpétrées par le gouvernement américain : détentions arbitraires, torture et autres traitements cruels, inhumains et dégradants, gavage de force des prisonniers observant une grève de la faim, privation de soins médicaux adaptés et procès iniques.

14 ANS DE TORTURES ET DE DISPARITIONS FORCÉES

L'histoire de plusieurs détenus confirme ce qui a déjà été démontré par le passé : les arrestations arbitraires et secrètes ainsi que la détention illimitée donnent lieu à des actes de torture et à d’autres traitements cruels, inhumains ou dégradants.
Selon le rapport de la commission du Sénat sur le programme de torture de la CIA et d’autres sources, au moins 29 des détenus qui se trouvent toujours à Guantanamo ont subi ce programme de la CIA ce qui signifie qu’ils ont tous été détenus au secret et soumis à des disparitions forcées en violation du droit international relatif aux droits humains.
Après des expériences aussi éprouvantes, la nature illimitée de leur détention risque d’aggraver le désespoir que beaucoup de détenus éprouveraient. Cela fait des années que le gouvernement américain a été informé du désespoir psychologique causé par le régime de détention illimitée en vigueur à Guantánamo.
L’existence même de Guantánamo constitue une violation des normes internationales qui sont aussi contraignantes pour les États-Unis que la législation nationale.
Parmi ces normes internationales figurent le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Convention contre la torture. Personne ne devrait être torturé et toutes les personnes impliquées dans des actes de torture doivent être traduites en justice. 

© US DoD

QUI SONT LES DÉTENUS DE GUANTANAMO ?

Certains ont été enlevés chez eux, loin de toute zone de conflit. D’autres ont été capturés en Afghanistan ou au Pakistan et livrés aux forces américaines contre des primes. Guantánamo, tout comme d’autres installations américaines en première ligne de l’interminable « guerre contre le terrorisme », ont été le théâtre de détentions prolongées au secret et de « disparitions » forcées.

Selon le gouvernement américain, il existe trois catégories de détenus à Guantánamo.

Ceux dont le transfert a été approuvé :
Environ la moitié des détenus restants ont vu leur transfert hors de la prison approuvé. C’est par exemple le cas de Toffq al-Bihani. Cela signifie que les hauts fonctionnaires du Département d’État américain, du ministère de la défense, de la justice et du département de la sécurité intérieure ainsi que le directeur du renseignement national et le directeur du Comité des chefs d’état-major interarmées ont statué que les individus ne présentaient pas de menace pour la sécurité nationale américaine.

Ceux dont le jugement devant les commissions militaires est en cours :
La politique anti-terroriste des États-Unis adoptée suite aux attentats du 11 septembre a donné lieu à toute une série de violations des droits humains. Les auteurs de celles-ci n’ont pas été amenés à rendre des comptes. La détention illimitée à Guantánamo et la politique de pratique de la  torture en toute impunité perpétrée par un gouvernement qui se targue d’être un champion des droits humains ont brisé des vies. Ce n’est qu’en reconnaissant le fossé qui existe entre l’image qu’ils se font d’eux-mêmes et les violations des normes internationales qu’ils ont pu commettre que les États-Unis pourront recouvrer leur crédibilité en matière de promotion des droits humains au niveau international.

Ceux dont le sort n’a pas encore été décidé :
Les détenus qui n’ont pas obtenu de transfert, comme Toffq al-Bihani, et qui ne sont pas inculpés comme, Mustafa al-Hawsawi, se trouvent dans l’incertitude. Obaidullah est l’un de ces détenus et, depuis 2002, il croupit à Guantánamo bien qu’il ne soit pas poursuivi. Il n’a reçu aucune indication relative à la date de sa libération si tant est qu’elle ait lieu un jour.

L’HISTOIRE DE SHAKER AAMER

Shaker Aamer faisait partie des premiers détenus transférés à Guantánamo. Pendant 13 ans, il y a été détenu sans inculpation ni procès : 13 ans de torture et mauvais traitements. Son état de santé mentale et physique s’y était gravement détérioré.
Shaker Aamer a été déclaré par deux fois «libérable» par les administrations Bush et Obama. Les demandes réitérées de rapatriement par le gouvernement britannique n'avaient jamais abouti jusqu’à présent. L’annonce du rapatriement de Shaker est un énorme soulagement pour sa famille et ses multiples soutiens qui ont travaillé sans relâche pendant des années pour le faire sortir de Guantanamo.Le 30 octobre dernier, il a été libéré et renvoyé au Royaume uni.

> Lire aussi : Les carnets de Guantanamo, livre soutenu par Amnesty International

IL EST ENCORE TEMPS D’AGIR POUR LA FERMETURE DE GUANTANAMO

L’administration du président Obama continue de se dérober à son devoir de traduire en justice les membres du système judiciaire qui ont autorisé et pratiqué la torture. Le refus actuel d’enquêter de manière approfondie sur les actes de torture, de les traduire en justice et d’offrir des réparations aux victimes constitue une violation du droit international.
Cela affaiblit chaque jour un peu plus l’influence et l’autorité morale des États-Unis. L’administration du président Obama n’a jusqu’à présent pas réussi à honorer sa promesse de fermer Guantánamo. En tardant à autoriser le transfert des détenus, en s’opposant aux requêtes déposées par les avocats des détenus remettant en cause leur détention et en continuant d’avoir recours à des commissions militaires inefficaces et iniques, les actions de l’administration paraissent contraires aux objectifs qu’elle s’était pourtant fixés.
Le mal causé par Guantánamo et par la torture ne pourra jamais être réparé, mais nous pouvons et devons faire ce qui est en notre pouvoir pour mettre définitivement un terme à ces pratiques.

L’objectif de notre action est d’obtenir la fermeture de Guantánamo, de mettre un terme à la détention illimitée et de s’assurer que les fonctionnaires responsables d’actes de torture et de disparitions forcées soient traduits en justice.
Le président Obama s’est engagé à fermer Guantánamo et à mettre fin à la torture. Mais il ne lui reste plus que quelques mois en fonction pour honorer ses engagements en traduisant les détenus en justice dans le cadre de procès équitables ou en les relâchant. En outre, il doit encourager son Ministère de la justice à étudier le rapport du Sénat sur la torture pour obtenir des preuves des crimes fédéraux qui garantiraient la réouverture des enquêtes et la poursuite en justice des actes de torture.


Barack Obama, discours sur l'état de l'Union -- cc -- Pete Souza (Executive Office of the President of the United States)

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