Annoncé il y a deux semaines comme intervenant à la Clinton Global
Initiative (CGI) qui s’ouvre à Marrakech ce mardi soir, l’ancien
président et chef du gouvernement israélien Shimon Peres a renoncé à son
voyage au Maroc.
Des avocats marocains, le PJD par la voix d’Abdellah Bouanou vendredi
dernier lors d’un meeting tenu à Agadir et des ONG, avaient par avance
condamné sa venue. Les avocats marocains lui reprochent notamment « ses
crimes de guerre » et sa présence aux affaires durant la guerre à Gaza à
l’été 2014.
Médias 24 a pu confirmer la non-venue à Marrakech de Shimon Peres auprès d’organisateurs du forum CGI ce midi à Marrakech.
Plus tôt dans la semaine, des demandes de confirmation de la venue du
politique israélien auprès de son bureau du Peres Peace Center à Tel
Aviv étaient restées sans réponse.
Le compte twitter de Shimon Peres n’évoque pas le «dossier» de Marrakech cette semaine.
Le mouvement palestinien Hamas qui ne reconnaît pas l’Etat d’Israël
avait ajouté sa voix aux condamnations à la présence annoncée de Shimon
Peres ce mardi 5 mai.
Ancien chef de la diplomatie, ancien premier ministre et ancien chef
d’Etat israélien, Shimon Peres a mené une carrière politique longue de
plus d’un demi-siècle. Il a autant participé à des actes de guerre
contre les Palestiniens, qu’il a contribué au rapprochement d’Israël
avec l’Egypte, la Jordanie, l’Autorité palestinienne, le Maroc ou le
Qatar. Il est considéré comme l’un des principaux artisans de la politique nucléaire de son pays.
La première visite publique de Peres au Maroc remonte à 1986 à Ifrane
où il avait été reçu par le Roi Hassan II. Peres viendra une deuxième
fois au Maroc en compagnie d’Yitzhak Rabin et de Yasser Arafat en 1993
au lendemain de la signature des accords d’Oslo aujourd’hui moribonds.
L’ancien président israélien était présent à Rabat aux funérailles
officielles du Roi Hassan II en compagnie de Yasser Arafat et de Bill
Clinton dont il était l’invité cette semaine à Marrakech.
Amman et le Caire entretiennent des relations diplomatiques avec Tel
Aviv, tout comme Tel Aviv et Ramallah coopèrent étroitement en matière
sécuritaire. Tel Aviv et Ankara, où gouverne le PJD islamiste turc,
entretiennent de très étroites relations économiques et militaires
notamment.
Ces faits n’empêchent pas Tel Aviv de réaffirmer, comme ce fut le cas
par la voix de Benyamin Netanyahu et d’autres responsables politiques
israéliens à l’occasion des élections du 17 mars dernier, leur refus de
respecter et de reconnaître les droits du peuple palestinien, notamment
en application des accords d’Oslo.
En mars dernier, Netanyahu avait rappelé qu’il était opposé «à
l’établissement d’un Etat palestinien», rejetant la solution de
compromis de «deux peuples, deux Etats». Il a été amplement réélu.
Shimon Peres bouc émissaire, reflet et miroir
La polémique sur la venue de Shimon Peres au Maroc peut toutefois être
assimilée à une tempête dans un verre d’eau en raison des exigences de
la Realpolitik, des développements politiques au Moyen-Orient et des
liens existant depuis les années 60 entre Rabat et Tel Aviv.
L’importance de la diplomatie marocaine dans la région, l’existence
d’une communauté juive au Maroc, d’un million de juifs marocains en
Israël constituent des données diverses et incontournables des relations
bilatérales, officielles ou pas.
Cependant, sa non-venue permet aux partisans de la lutte contre
l’impunité des crimes de guerre de marquer des points importants même
si dans cette affaire, et comme la politique arabe en a parfois le
secret, Shimon Peres constitue un bouc émissaire des impuissances
politiques arabes et leur miroir.
Ce n’est pas l’intervention du Hamas dans cette polémique
maroco-marocaine, celui-ci ayant certainement d’autres chats plus
importants à fouetter, qui aurait fait renoncer Shimon Peres.
Mais politique aguerri, celui-ci, avec Bill Clinton et les officiels à Rabat, auront certainement compris que la position de Peres sur les crimes anti-palestiniens n’était pas défendable surtout à la lumière des offensives israéliennes sur Gaza.
Aujourd’hui, le Maroc n’a pas besoin d’un tel événement politique dans
une région du Maghreb et du Moyen-Orient qui gronde de conflits et de
colères. La venue, ou pas, de Shimon Peres à Marrakech n’allait pas
changer le cours des changes à Tel Aviv, à Gaza ou à Ramallah. Peres est
aujourd’hui un politicien à la retraite, quoique toujours actif sur
certains dossiers.
Parmi les arguments avancés par Hamas figure notamment celui que «la
venue de Peres aurait servi à améliorer l’image d’Israël dans le monde».
Mais Tel Aviv n’a pas besoin d’une telle visite pour cela. Cela était
peut-être vrai dans les années 80 ou 90, mais cela n’est plus le cas.
L’annonce par le site israélien Alyaexpressnews que «le Maroc refuse
la venue de Shimon Peres pour ne pas décevoir l’organisation terroriste
du Hamas» confirme une règle des extrêmes politiques: celles-ci savent
se rejoindre lorsqu’il s’agit d’attiser les désaccords et les conflits.
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