El Hadji Mamadou Gueye, 12/2/2014
En matière de liberté de la presse, le Maroc a du mal à évoluer. Le Royaume a été une nouvelle fois classé à la 136èmeposition
par l’ONG Reporters sans frontières. L’affaire Anouzla a encore été
citée comme l’une des raisons qui expliquent la position stagnante du
Maroc. Même si des pays comme la Mauritanie, l’Algérie, l’Afghanistan et
la Tunisie font mieux que le royaume, la région MENA reste encore en
queue de peloton.
Le gouvernement Benkirane a du mal à être crédible aux yeux de RSF. Les promesses du PJD lors des élections de 2011 en matière de liberté d’information et d’expression n’ont pas été tenues. Le résultat se ressent donc dans le nouveau tableau dressé : des pays tels que la Mauritanie (60ème), l’Algérie (121ème), l’Afghanistan (128ème), ou encore la Tunisie (133ème) - affectée par le « Printemps arabe » - sont mieux classés que le royaume. Nul besoin donc de dire tout le chemin qui reste à parcourir.
« L’alibi marocain de la lutte contre le terrorisme »
« Les autorités marocaines, placées sous la houlette des islamistes depuis les élections de 2011, tardent à concrétiser les promesses de réformes annoncées depuis le référendum constitutionnel de 2011 », fustige RSF. L’ONG revient ainsi sur l’affaire Ali Anouzla, rappelant que le directeur de la version arabophone du site d’informations Lakome a été arrêté en septembre pour avoir publié un lien vers un article du quotidien espagnol El Pais, lui-même renvoyant vers une vidéo attribuée au groupe Al-Qaeda au Maghreb islamique (AQMI).
RSF évoque les poursuites contre le journaliste - libéré après cinq semaines passées en détention préventive -, pour « assistance matérielle » et « apologie de crimes terroristes ». Des poursuites qui pourraient occasionner dix à trente ans de réclusion criminelle. « Cette affaire illustre l’inquiétant amalgame que font les autorités marocaines entre travail journalistique et incitation à l’exécution d’actes terroristes », regrette RSF.
« Le classement de certains pays, y compris des démocraties, est largement affecté cette année par une interprétation trop large et abusive du concept de la protection de la sécurité nationale », souligne Lucie Morillon, directrice de la recherche de Reporters sans frontières. La « lutte contre le terrorisme » est également instrumentalisée par des gouvernements prompts à qualifier les journalistes de « menaces à la sécurité nationale », explique l’organisation. Cette dernière dénonce qu’au Maroc, « les autorités confondent volontiers ’’journalisme’’ et ’’terrorisme’’ depuis l’affaire Ali Anouzla.
La zone MENA toujours à la traine
Ce n’est pas seulement le royaume qui est à la traine au Maghreb et au Moyen Orient. L’indice annuel du classement, qui synthétise les atteintes à la liberté de l’information dans 180 pays sur l’année écoulée, démontre une légère aggravation de la situation. Cet indice est passé de 3 395 points à 3 456 points, soit une augmentation générale de 1,8%. La zone Union européenne et Balkans arrive en tête (17,6) devant les Amériques (30,3), l’Afrique (35,6), l’Asie-Pacifique (42,2) et l’Europe de l’Est et l’Asie centrale (45,5). La zone Afrique du Nord et Moyen Orient ferme la marche avec un indice de 48,7.
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