Association de Défense des Droits de l’Homme au
Maroc
ASDHOM 79, rue des Suisses 92000 Nanterre
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Point hebdomadaire
n°51 sur la campagne de parrainage des prisonniers d’opinion au Maroc, 22/1/2014
Quoi de mieux que de commencer ce
point hebdomadaire par des extraits de lettres de quelques parrains et
marraines à leurs filleuls derrière les barreaux dans les prisons marocaines.
C’est d’ailleurs l’un des buts que s’est fixée l’ASDHOM en mettant en place sa
campagne de parrainage. Le principal objectif reste, bien sûr, celui d’apporter
le soutien nécessaire à des prisonniers politiques et d’opinion, victimes de
procès inéquitables, en vue de leur libération.
Voici les extraits des dernières
lettres dans l’ordre d’arrivée.
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Lettre
d’Isabelle Maurer à Mohamed Bani (groupe Gdeim Izik, prison de
Salé1) : « Cher ami Mohamed Bani,
Comment allez-vous ? Quelles nouvelles avez-vous de votre famille ?
Votre mère, votre femme, les enfants, vos sœurs, votre neveu ? Je pense
très souvent à vous et à vos compagnons de prison. Voilà déjà trois ans que
vous êtes tous ensemble et séparés de vos famille. J'ai lu que vous avez observé
le 11 novembre dernier une grève de la faim de 24 heures pour que votre
camarade Abdeljalil Laroussi soit soigné. Il est en très mauvaise santé suite
aux tortures qu'il a subies. Est-ce que votre action a attiré l'attention de
l'administration de la prison et est-il soigné ? Je l'espère très fort.
Pour ma part, je viens d'envoyer un message au Conseil National des droits de
l’homme pour demander que le droit aux soins soit respecté dans les prisons
marocaines et que Abdeljalil Laroussi soit soigné immédiatement. J'espère que
votre grève et ma demande seront entendues et que votre camarade pourra
retrouver un peu de sa santé après tant d'épreuves. »
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Lettre
de Marie-Josée Fressard à Hassan Dah (groupe Gdeim Izik, prison de Salé1) :
« Bonjour cher Hassan, Comment vas-tu ? Ta santé ? Ton moral ? Les
conditions de détention se sont-elles un peu améliorées ? Peux-tu correspondre
avec ta famille ? Peux-tu lire ? Est-ce que je peux t’aider ? Nous faisons de
notre mieux pour alerter la population sur votre situation. Ici, à Gap, dans
notre ville nous avons organisé une soirée publique pour parler des prisonniers
politiques au Maroc. Une quarantaine de personnes a écouté attentivement Ayad
Ahram, le président de l’ASDHOM.(...) »
-
Engagement
du Collectif des Amazighs de France pour le Changement Démocratique au Maroc (CAFCDM) pour parrainer Ammar Laâouissid/prison d’Aït Melloul, Ammar Daoudi/prison d’Aït Melloul, Moussa Sammouni/prison de Fès, Abdessamad
Haidour/prison de Taza, Mohamed
Dihani/prison de Salé 1, Mustapha Ouchtoubane/prison d’Ouarzazate, Mohamed Jelloul /prison d’Al-Hoceima, Abdelhalim Bakkali/prison de Tanger, Mohamed
Ahbad/prison d’Al-Hoceima, Salah Eddine Chafik/prison de Fès, Brahim Bara/prison de Tiznit, Rachid
Bouhafra/prison de Tiznit, Ali Aarrass/prison de Salé, Issa
Bouda/prison Aït Melloul : « Notre
association s’engage dans le cadre de la campagne de parrainage lancée par
l’ASDHOM à parrainer des détenus politiques. Notre association entamera une
correspondance avec ces détenus politiques, avec leurs familles et
interpellera les autorités marocaines pour réclamer leur libération. »
-
Lettre
de Youssef Haji à Barrak Mohamed (groupe Sahraoui, prison de
Salé1) : « Cher Sidi Mohamed, J’attends ta
sortie avec impatience ; tu pourras venir chez moi à Mohammedia voir le
bleu de la mer ; se poser de cette épreuve et reprendre le cours de ta vie
d étudiant et de jeune militant sahraoui. En décembre dernier je t’ai
envoyé une carte postale de Marrakech ; j’espère que tu l’as reçu ;
c’est juste pour te dire que je pense à toi dans ce froid hivernal…..la
persévérance ; l’étude et les réseaux de solidarité au-delà de nos
frontières réelles ou mentale arrivent à faire vaincre la brutalité des états
et marchands d’armes. Pour preuve cette petite victoire que je viens de fêter avec
Zoubida Ait Si Rahal et sa famille. »
Vous
aussi, qui recevez ce point hebdomadaire et pour qui la solidarité n’a de sens
que si elle est réellement exprimée, vous pouvez franchir le pas, comme l’ont
fait Isabelle, Marie-Josée, Youssef
et d’autres, et décider de parrainer une victime d’injustice. Toute la
procédure et les listes sont disponibles à la rubrique « Campagne de
parrainage » du site de l’ASDHOM.
Vous pouvez également vous inspirer de toutes ces lettres que vous pourrez lire
dans leur intégralité dans la rubrique « Témoignages et lettres ». Aucun
engagement financier n’est exigé. Le seul engagement en parrainant un détenu politique/d’opinion
est de lui écrire votre soutien et votre solidarité pour le soulager de la
pression de l’isolement et du manque de liberté et pour le conforter dans son
espoir de retrouver rapidement sa place parmi les siens.
Pour
vous donner une idée de ce qu’endurent ces victimes de violations de droit,
voici quelques récentes informations relatives à quelques groupes que l’ASDHOM
propose au parrainage.
Groupe UNEM-Kénitra (nouveau) : Les étudiants de l’université Ibn Toufayl de
Kénitra, à leur tête les militants de leur syndicat UNEM, avaient mené
plusieurs actions pour réclamer l’amélioration de leurs conditions d’études et
dénoncer la sourde oreille pratiquée par l’administration. Lundi 20 janvier et
pour prévenir tout débordement lors des examens prévus cette semaine, les
forces de l’ordre ont investi en nombre tout le campus universitaire, ce qu’ont
refusé les étudiants et les a poussé à décider de boycotter ces examens. Les
forces de l’ordre ont ensuite procédé à des interventions violentes qui se sont
soldées par 27 arrestations dont 23 seront aussitôt libérés. Les quatre autres
militants (Zakaria Rakkas, Abderrazak Jakko,
Abderrahim Taouil, Ismail El-Ahmar) ont été présentés au tribunal le mardi 21 janvier.
Nous les intégrerons aux listes de parrainage dès qu’on ait toutes les données
les concernant.
Groupe Liberté d’expression-Avocats : L’avocat, Me Mohamed El-Messaoudi,
poursuivi pour « outrage à magistrat » a informé l’ASDHOM que
l’audience prévue le 7 février
2014 au tribunal de Casablanca sera consacrée aux plaidoiries. Son équipe de
défense est composée d’une quarantaine d’avocats marocains. Maître El-Messaoudi
se sent aussi fort du soutien de ses collègues espagnols et de ceux du barreau
de Paris qui vont probablement dépêché des observateurs. Rappelons que,
lui-même étant membre de l’AMDH, il a toujours défendu des prisonniers
politiques et d’opinion. Dans cette affaire, il estime être victime
d’intimidations pour lui faire payer son audace d’avoir accepté de défendre le
groupe sahraoui de Tamek auquel la justice marocaine reproche un voyage en 2009
dans les camps sahraouis de Tindouf.
Groupe Belliraj-Islamistes : Les avocats belges d’Ali
Aarrass ont publié un communiqué de presse en ce mois de janvier où
ils relèvent que le groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire, qui
a visité le Maroc du 9 au 18 décembre dernier, confirme que leur client, Ali
Aarrass, a été condamné en novembre 2011 à 15 ans de prison ferme sur la base
d’aveux obtenus sous la torture et fait l’objet d’une détention arbitraire.
Rappelons que le citoyen Belgo-Marocain, Ali
Aarrass, a été extradé par l’Espagne vers le Maroc, le 14 décembre
2010, alors que le juge Baltasar l’avait innocenté de tous les faits
incriminés. Un comité de soutien, coordonné par sa sœur Farida, ne cesse
d’organiser des rassemblements en Belgique pour clamer son innocence et
demander au ministère belge des Affaires étrangères d’intervenir en sa faveur.
Un
autre membre de ce même groupe, Abdelkader
Belliraj, également Belgo-Marocain et principal condamné du groupe
(condamné à la perpétuité), observe une grève
de la faim dans sa cellule de la prison Toulal 2 de Meknès depuis le
5 janvier 2014 pour réclamer la révision de son procès qu’il juge expéditif et
inéquitable puisque basé sur des aveux extorqués sous la torture.
Groupe Sahraouis-Laâyoune (nouveau) : Après avoir été condamné à deux reprises en 2006
et 2007 à 18 mois et à 10 mois de prison ferme, l’ancien prisonnier politique Abdeslam Alloumadi, vient à nouveau d’être arrêté le mardi 21 janvier chez lui devant
sa mère. Des membres de la police marocaine ont investi sa maison et l’ont
conduit dans des voitures de police sans présenter de mandat, ni dire à sa mère
les raisons de cette arrestation. Affolée, sa mère est allée ensuite s’enquérir
de sa situation au commissariat de Laâyoune, mais en vain. Aucune trace de lui.
Elle a donc décidé de déposer plainte pour
enlèvement, mais le procureur-adjoint a refusé de prendre sa
plainte. Ce qui l’a poussée à l’envoyer en courrier recommandé. Elle réclame la
levée du voile sur cette arrestation qui s’apparente à un enlèvement.
Pour
clore ce point, nous vous informons que l’ASDHOM
interviendra ce vendredi 31 janvier sur la question spécifique des
prisonniers politiques lors d’une rencontre
organisée par la FASTI,
intitulée « Regards croisés »,
et consacrée au Maroc (voir pièce jointe).
Le
bureau exécutif de l’ASDHOM
Paris,
le 22 janvier 2014
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