« Le Maroc rate ses transitions démocratiques à cause du
Makhzen. Le Makhzen est une constante invariable et immuable. Même si
les personnes, les responsabilités et les situations muent et changent,
le Makhzen reste un système tyrannique et ankylose. Il utilise
d’anciennes méthodes d’exploitations et de répressions au sein
d’institutions modernes. » Dans une interview accordée au portail
d’informations arabophone Insafpress.com, le militant amazigh Ahamed
Assid lève le ton contre un système qu’il considère comme « répressif »,
« menteur » et « ancestral. » « Le Makhzen est lié au pouvoir et il
définit tous les rouages des décisions politiques marocaines, c’est
pourquoi d’ailleurs, même si le gouvernement tente de tenir ses
promesses et réaliser des changements, il ne peut pas car l’élu ne
gouverne pas et n’a pas vraiment la main sur le pouvoir exécutif. », a
affirmé Assid.
Face au journaliste Hamid El Mehdayoui, Assid tire sur le système, le
chef du gouvernement, l’Education, la religiosité et l’Histoire
« erronée » du Maroc. « Avant d’être désigné chef du gouvernement, j’avais dit à Benkirane que si vous accédez au gouvernement vous n’aurez
pas le culot d’appliquer la constitution et de veiller à son respect,
tout simplement pacque vous vous êtes moqués du M20F et vous n’avais
jamais serré la main aux démocrates du pays. Les élus et les partis
politiques travaillent pour le système et se plient malgré eux aux
règles de ce système. »
Pour ce qui est de l’Education, Assid a révélé à Insaffpress qu’il lui
faut un changement radical afin de « la débarrasser d’un système
corrompus. Il ne s’agit pas de supprimer l’éducation islamique par
exemple mais d’enseigner de manière pédagogique un Islam moderne,
éclairé et tolérant et non pas celui d’Al Quaraouiyine ou autres… »,
poursuit le militant. Ce dernier estime que les guerres saintes de
l’Islam, ne doivent pas être enseignées car cela laisserait entendre que
l’Islam s’est étendu par l’épée et le sang. « Tout ce qui est animé par
la violence ne doit pas être enseigné à nos enfants ».
L’intellectuel marocain s’est ensuite attaqué aux « mythes » de
l’Histoire du Maroc en appelant l’Etat à relire et réformer radicalement
l’Histoire du Maroc. « Il faut se pencher sur le Maroc préislamique et
dire aux gens comment l’État islamique est né. Ne venez pas me dire que
les Idrissides ont fondé l’Etat marocain. C’est faux ! Ils ont fondé
par contre un Émirat, près de Sijilmassa et Berghouata. On affirme dans
l’histoire du Maroc officielle que Idriss Iier a fondé le
Maroc car tout simplement il été alaouite. Et c’est ainsi qu’ils ont
fait fi de quelque chose qui s’appelle les amazighs en affirmant que le
Maroc est un pays arabe. Il ne faut pas exploiter sa descendance pour
porter atteinte à celle des autres. », s’indigne Assid.
L’auteur de « Questions d'identité et de culture dans le Maroc
contemporain », a estimé que la vague de Takfirisme qui a frappé ces
derniers temps le Maroc est due, premièrement à l’utilisation exagérée
de l’Islam par l’Etat qui se donne ainsi « une légitimité divine. »
Deuxièmement, le takfirisme est du d’après lui à l’Enseignement « qui
contient de grandes doses de l’idéologie salafiste » . Troisièmement,
Assid estime que le takfirisme existe car le Maroc vénère les pays du
Golf et le pétrodollar ».
Ahmed Assid qui a répondu durant plus de 40 minutes aux questions du
journaliste a tenu à préciser sa position vis à vis de l'Islam : « Je
n’ai pas de haine envers l’Islam mais je suis contre l’extrémisme. On ne
peut pas laisser des gens utiliser l’Islam pour leurs propres
besognes. ».
AB
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