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samedi 29 septembre 2012

L'expulsion des Rroms à Marseille


Rroms :quand le racisme d’État légitime la violence privée

L’expulsion et l’incendie des abris de fortune de quelques familles Rroms installées dans un quartier du 15ème arrondissement de Marseille, jeudi soir, par une poignée d’habitants est inquiétant. Inquiétant car ces actes de violences ne sont pas le fruit amer d’une colère, comme aimerait nous le faire croire les médias dominants, mais bel et bien le résultat d’une politique raciste et discriminatoire légitimant la mise au ban des Rroms. Une politique qui laisse accroire l’idée que chacun pourrait faire régner « son ordre » en dehors de tout principe de légalité.

Cette agression n’est pas sans rappeler les heures les plus noires de notre histoire : les ratonnades d’Italiens à Aigues-Mortes en 1893 ou encore les pogroms dans les années quarante. Du discours de Grenoble à l’évacuation des camps de Rroms par Manuel Valls, les hommes et les femmes politiques au pouvoir portent la responsabilité d’avoir attiser les haines xénophobes et de faire le jeu des extrémistes et autres Dupont Lajoie.

Nous mettons en demeure le gouvernement de prendre toutes ses responsabilités et de cesser les amalgames et la politique spectaculaire. Ce qui s’est passé hier à
Marseille, en présence de policiers passifs, montre bien combien cette politique est dangereuse. C’est la démocratie et les libertés fondamentales qui sont en péril. Il n’est pas trop tard pour changer de paradigme et mener une politique de respect, de solidarité.

Le Bureau Fédéral de la FASTI : (Fédération des associations de Solidarité avec les travailleurs immigrés
)
Pour le Mouvement des ASTI

Communiqué du 28 septembre 2012

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 trop de Roms"

Par Marc Nicolas , Le Point, 28/9/2012

Point.fr a rencontré un des habitants ayant participé à la chasse aux Roms, jeudi soir à Marseille. Il assume son geste et nous explique comment il en est arrivé là.

Les restes carbonisés du campement de Roms incendié à Marseille, jeudi soir (l'homme sur la photo n'est pas le témoin que nous avons rencontré).
Les restes carbonisés du campement de Roms incendié à Marseille, jeudi soir (l'homme sur la photo n'est pas le témoin que nous avons rencontré). © Anne-Christine Poujoulat / AFP

Rachid contre les Roms. La misère contre la misère.L'opération menée par des habitants des quartiers nord de Marseille contre un camp de Roms, évacué puis partiellement incendié jeudi soir, révèle crûment l'ambiance qui règne dans certains secteurs de la ville, où trop de pauvreté, de drames et de frustrations accumulés ont conduit la population vers ces réactions extrêmes.
Rachid, la cinquantaine, est celui par qui tout est arrivé. Lui vit comme un Robinson avec sa pension Cotorep et ses deux frères, dans le grand bâtiment vide de la cité des Créneaux, vouée à la destruction. Le profil d'un enfant de l'immigration maghrébine de la première génération, qui survit désormais en marge de la société marseillaise. Toutes les autres familles ont quitté la vieille carcasse de béton il y a plusieurs mois. Lorsque les Roms ont brisé le portail de chantier devant son immeuble délabré, il l'a vécu comme une invasion du no man's land qu'il s'était approprié. 

"Dès qu'ils sont arrivés, on a eu des problèmes"

"Cela fait un an et demi qu'on est là, tout seuls. Il ne s'était jamais rien passé. Dimanche soir, dès qu'ils sont arrivés, on a eu des problèmes. On cherche la tranquillité avec mes deux frères, handicapés comme moi. Les Roms, ils ont volé dans ma cave. J'avais descendu des choses, à cause des travaux. Une télé, le vélo de mon neveu, une caisse à outils. Vous croyez qu'ils vivent de quoi, ceux-là ? Il faut bien qu'ils mettent de l'essence dans leurs voitures. On comprend leur désarroi. Mais pour nous, c'est le ras-le-bol. Pourquoi on les accueille pas dans les quartiers sud ?"
Dès lors, Rachid et ses proches ne nourrissent plus qu'un objectif : se débarrasser des indésirables. À l'inverse de ce qui se produit dans plusieurs quartiers de la ville, où d'autres riverains excédés n'osent pas passer à l'acte, eux décident de s'organiser pour mener à bien leur opération. "On a téléphoné à des amis, des anciens des Créneaux. Bien sûr, il ne fallait pas utiliser la violence, ce sont des êtres humains, comme nous. Et puis nous avons discuté et on s'est dit qu'il y avait trop de Roms. En début de soirée, on leur a parlé. D'abord, ils ont un peu rouspété. Et puis, ils ont fini par dire qu'ils s'en allaient."
Quand Rachid parle de "discussion", le rapport de police évoque davantage des "invectives" entre habitants et communauté rom. Une pression, sans doute des menaces, mais qui ne se sont jamais transformées en violences physiques. Pourtant, certains de ceux qui se sont rassemblés devant le camp paraissaient proches de l'explosion. La veille, ils avaient consulté le bailleur, la Logirem, la police, la préfecture, l'élue du secteur, la sénatrice Samia Ghali. Et jeudi soir, devant les meubles, les appareils électroménagers et les vêtements abandonnés sur place par les Roms que les habitants venaient d'incendier, Sabrina, une jeune femme installée dans un immeuble surplombant le camp, justifiait sa démarche : "Tous nos interlocuteurs nous ont dit qu'ils ne pouvaient rien faire. Qu'il fallait attendre plusieurs mois avant une possible intervention. Ce qu'on nous laissait entendre, c'était : débrouillez-vous tout seuls. C'est ce qu'on a fait."

"On n'est pas al-Qaida !"

Depuis, l'emballement médiatique né de cette affaire a poussé la classe politique marseillaise à s'en emparer. Le maire de la ville (UMP), Jean-Claude Gaudin, a d'abord rappelé qu'il n'existait plus que 27 campements sur les 60 dénombrés début 2011 (il y aurait aujourd'hui environ 1 500 Roms à Marseille, selon les associations). Puis il a pointé du doigt son adversaire, la sénatrice Samia Ghali, qui avait évoqué l'intervention de l'armée, il y a deux semaines, pour apaiser la violence des quartiers nord : "Quand ils entendent des déclarations ahurissantes, les gens se croient autorisés à tout régler eux-mêmes. Ce n'est pas acceptable. Ces quartiers n'ont jamais été abandonnés, au contraire."
L'élue PS avait d'abord assuré qu'elle "comprenait" la réaction des habitants face aux Roms. Puis elle a précisé que "le droit et la justice doivent prendre toute leur place dans ce dossier". "Je ne veux pas qu'on arrive à un point de non-retour", a-t-elle fini par dire, inquiète. La menace semble bien réelle. Plusieurs autres sites, au nord, mais aussi à l'est de la ville, sont régulièrement le théâtre de tensions entre la population et les membres de la communauté rom.
Désormais libéré de la quarantaine d'adultes, des quinze enfants, des caravanes et des voitures campées devant chez lui, Rachid affiche sa sérénité. Pas vraiment inquiet de voir son initiative faire tache d'huile : "Les associations humanitaires nous ont traités de terroristes. Mais on n'est pas al-Qaida ! Les Roms qu'on a chassés se sont installés pas très loin, à côté de la cité Bassens. Je ne sais pas si les gens là-bas vont réagir comme nous. Ce n'est plus trop mon problème."
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