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Un nouveau décor s’est ajouté à celui des diplômés chômeurs et des retraités, que l’on a l’habitude de voir face au Parlement à Rabat. En sit-in depuis 176 jours, les ex-détenus de Tindouf essaient vainement de faire entendre leurs revendications. Et jusque là, aucune intervention concrète de la part des parties concernées.
Les ex-prisonniers déterminés |
Plusieurs centaines de militaires marocains, ex-prisonniers de
guerre à Tindouf, sont en sit-in ouvert depuis 176 jours devant le
Parlement à Rabat. Chaque jour, dès le matin et jusqu’à 17h00, ils
réclament des indemnités en compensation de leurs longues années de
détention.
La nuit, ils établissent leur quartier général derrière
le siège de la BMCI, à côté de la gare Rabat-ville, en attendant une
nouvelle journée de protestation.
Ce n’est pas une première.
Plusieurs manifestations de ce genre se sont tenues depuis 2006,
l'avant-dernière ayant eu lieu l’an passé, pendant laquelle les
ex-détenus étaient restés 67 jours en sit-in au même endroit, avec les
mêmes revendications.
...Mais
aussi, le même résultat: aucune action concrète de la part des
autorités. “Les responsables sont intervenus, ils nous ont promis des
indemnités et des compensations, mais nous revoilà toujours dans la même
situation. Un an s’est écoulé, sans qu’aucune promesse ne soit tenue”,
lance Rachid, un des protestataires, avant d’ajouter:
“Cette
fois nous sommes déterminés à rester devant le siège du Parlement
jusqu’à ce que justice nous soit enfin rendue. Peu importe le temps que
ça prendra”.
En
compensation pour plus d’un quart de leur vie sacrifié pour la patrie,
ces ex-prisonniers de guerre revendiquent la réhabilitation et le
recouvrement de leur dignité, ainsi que l’amélioration de leur situation
matérielle et sociale. Les responsables ne font que leur faire des
promesses qui restent “de l'encre sur papier”.
Réhabilitation morale
“Des
promesses non tenues, nous en avons assez. Nous voulons du concret,
désormais. Et nous insistons surtout sur la reconnaissance et la
reconsidération morale. Qu’on arrête de nous traiter comme des
criminels", s’indigne Rachid, sous les acclamations de ses collègues.
Pour
eux, la réhabilitation est une obligation morale envers les militaires
marocains qui ont été cloîtrés et traumatisés pendant plus de 25 années.
Outre
ces réclamations, les manifestants cherchent à avoir des explications
claires sur les véritables causes du blocage de leur dossier, qui semble
“avoir trop traîné”.
À peine 1.000 DH (environ 100€ ndlr)
Par
ailleurs, ces ex-prisonniers se soucient de l’avenir de leurs enfants.
Ils redoutent que ces derniers ne payent, eux aussi, le prix de leur
calvaire. Appréhension tout à fait justifiée. Ces derniers ont été
privés de leur présence et de leur assistance matérielle et morale. Et
même aujourd’hui, alors qu’ils sont de retour, ils sont incapables de
répondre à leurs besoins. “Notre retraite ne dépasse pas les 1.000 DH.
Même les choses basiques, nous ne pouvons pas nous les procurer. Nous
n’avons pas de quoi compenser nos enfants pour toutes ces années
d’absence”, nous confient-ils.
Il faut signaler que beaucoup parmi
ces ex-détenus souffrent de maladies chroniques ou vivent dans le
besoin. Sans oublier les séquelles physiques et psychologiques de la
captivité qu’ils ont endurées pendant des décennies.
Démantèlement du sit-in des anciens prisonniers
Face
à l'entêtement des ex-détenus qui campent devant le Parlement, les
autorités ont finalement réagi dimanche dernier dans la nuit, au grand
dam des protestataires, et procédé au démantèlement de leur campement.
Cette
intervention particulièrement musclée de la police qui avait fait
quelques blessés, coïncidait avec la visite du rapporteur spécial de
l’ONU sur la torture, en visite de travail à Rabat, ce même jour.
Était-ce
une intervention calculée de la part des autorités afin de cacher à ce
visiteur la réalité des faits? Quoiqu'il il en soit, ce dernier
présentera un rapport à la fin de sa visite.
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NDLR : "militaires" a été ajouté au titre afin qu'il n'y ait pas d'amalgame : il s'agit bien de prisonniers de guerre marocains.
Le gouvernement marocain a coutume d'appeler "prisonniers" les Sahraouis réfugiés à Tindouf, ce qui pourrait créer la confusion.
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