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vendredi 4 mai 2012

Débat Hollande-Sarkozy : islam, communautarisme, immigration, amalgames et mensonges...

 Par Alexis Mehdi Mantrach, Yabiladi, 5/5/2012 

 
 Alors qu'avait lieu, mercredi soir, le débat de l’entre-deux tour, Nicolas Sarkozy et François Hollande se sont de nouveau écharpés sur la question du droit de vote des étrangers. D’un côté, le président sortant, toujours en chasse sur les terres du Front National, a fait savoir qu’il refuserait de reconnaitre le droit de vote des étrangers aux élections municipales, alors que de l’autre, le candidat du PS, a, lui, déclaré y être favorable. 

Un échange animé marqué par la belle estocade du candidat de gauche à l’encontre des amalgames implicites et répétés du président français entre Islam et communautarisme. « Si vous donnez le droit de vote aux immigrés, avec la tentation communautariste [...] à ce moment là, pour les municipales il y aura des revendications identitaires et communautaires, des horaires différenciés pour les femmes et les hommes dans les piscines, des menus différenciés dans les cantines municipales, des médecins différenciés pour les hommes et les femmes dans l'hôpital. » 

Ces propos de Nicolas Sarkozy répondaient à l’annonce de François Hollande qui s’était déclaré quelques minutes plus tôt « favorable à l’attribution d’un droit de vote des étrangers aux élections municipales ». Jugeant cette décision « irresponsable » en regard des « tensions communautaires et communautaristes » qui divisent la France, le président français justifiait ainsi son choix de ne pas attribuer de droit de vote aux étrangers aux élections municipales ; des élections municipales qui, selon lui, seraient très importantes puisqu’après les présidentielles, elles sont celles qui « mobilisent le plus les Français » et qu’en sus de l’importante mobilisation, « les élus municipaux [éliraient] les législateurs ». Une inexactitude que François Hollande n'a pas manqué de relever, rappelant à son contradicteur que les « élus communautaires [de l’UE] n’ont jamais voté aux élections sénatoriales ». 

 « Pourquoi laissez-vous supposer que les étrangers non-communautaires sont tous musulmans » ? Mais là où le candidat de gauche a mis dans l'embarras Nicolas Sarkozy mercredi soir, c’est lorsqu’il lui a demandé de justifier pourquoi ses démonstrations « laissent toujours supposer que les étrangers non-communautaires […], c’est-à-dire non-européens, sont tous des musulmans » ? Pris à contre-pied, cherchant à éluder la réponse, Sarkozy s'est perdu dans une logorrhée quasi-interminable où il s'est livré à un exposé exhaustif sur les flux migratoires, leur origine, « essentiellement nord-africaine et sub-saharienne », tentant d’ébaucher une relation entre ces pays, de confessions majoritairement musulmanes, et l’affiliation religieuse de l’immigration française. Il est même allé jusqu’à citer le statut de « Commandeur des croyants » du roi du Maroc, pensant ainsi avoir définitivement scellé l’irréfutabilité du raisonnement syllogistique qu’il venait de développer : la communauté marocaine est l’une des plus importantes de France, or le roi du Maroc est le Commandeur des Croyants (=musulmans), donc tous les Marocains de France sont musulmans, donc pratiquants, donc islamisés, donc communautaristes. Un raisonnement bancal et fallacieux que n'a pas manqué de déconstruire méthodiquement son opposant. Affûté sur le sujet, François Hollande n’a pas oublié  de rappeler au président sortant qu’en 2008, « il s’était lui-même opposé au vote sur l’interdiction du port de la burqa », et, qu’une contrevérité en appelant d’autres, le Maroc, lui, « accordait bien la réciprocité pour le droit de vote aux élections locales » des étrangers. A a ainsi fait objection à la remarque du chef de l’Etat sur la prétendue non-réciprocité de ce droit pour les Français vivant dans les pays arabes.

 Le paradoxe de la tolérance  
La dernière remarque de Hollande lève le voile - l’expression est choisie - sur un paradoxe bien étrange : comment le Maroc, pays en voie de développement et dans lequel l’Islam est religion d’Etat, peut-il accorder un droit de vote aux étrangers sans jamais faire allusion à leur religion alors que la France, terre de tolérance, pays des droits de l’homme, et qui promet depuis 1981 ce droit,  pense à y renoncer 31 ans après en martelant, que cette religion en est la raison et que l’attribution d’un tel droit pourrait constituer un danger mortel pour la République ? S’agirait-il là du paradoxe de la tolérance évoqué par Karl Kopper dans son ouvrage « La Société Ouverte et ses Ennemis » (1971) où il disait : « la tolérance illimitée doit mener à la disparition de la tolérance. Si nous étendons la tolérance illimitée même à ceux qui sont intolérants, si nous ne sommes pas disposés à défendre une société tolérante contre l'impact de l'intolérant, alors le tolérant sera détruit, et la tolérance avec lui » ?
http://www.yabiladi.com/articles/details/10405/pendant-sarkozy-hollande-pinaillent-maroc.html&t=

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