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vendredi 4 mai 2012

Maroc : Le flicage des réseaux sociaux inquiète

Par Hanane Jazouani,  30/3/2012

Sept mois après l’entrée en vigueur de la Nouvelle Constitution, censée garantir plus de libertés aux citoyens, les autorités marocaines resserrent les vis et intensifient leur traque sur le web, des traques qui entraînent de plus en plus d’arrestations et de lourdes condamnations, surtout chez les jeunes qui pensent s’exprimer librement sur le net. Cette situation inquiète sérieusement Reporter Sans Frontières. 

RSF se préoccupe de l’augmentation de la traque menée par les autorités marocaines sur le web. Walid Bahomane ne passera pas un an de prison mais un an et six mois. C’est le verdict rendu par la Cour d’appel de Salé mardi 27 mars. Ce jeune étudiant de 18 ans avait été arrêté le 24 janvier dernier à Rabat pour avoir publié sur Facebook une vidéo comportant des caricatures du roi accompagnées d’une voix off prononçant des expressions jugées insultantes. Cette condamnation intervient plus d’un mois après celle d’Abdessamad Haydour. Le jeune homme âgé de 24 ans a écopé, lui, d’une peine de trois ans de prison après avoir diffusé sur You Tube une vidéo insultante envers le roi, une vidéo largement relayée durant les émeutes de Taza. 

 Après les journalistes, les citoyens traqués 

 Le verdict rendu dans l’affaire Bahomane n’a pas laissé Reporter Sans Frontières indifférent. L’ONG n’a pas hésité à condamner fermement mercredi 29 mars via un communiqué dans lequel l’ONG y dénonce une condamnation « injuste et extrêmement lourde (…) encourageant encore plus l’autocensure des internautes ». 

Mais en plus de dénoncer, RSF s’inquiète de voir, d’une part, que de plus en plus de citoyens se font arrêter et sont condamnés dans le pays après avoir critiqué le roi sur le net, alors qu’auparavant les journalistes étaient beaucoup plus dans la ligne de mire des autorités, indique Gilles Lordet à Yabiladi, Directeur de l’information de RSF. 

D’autre part, l'ONG se préoccupe également de l’augmentation de la traque menée par les autorités marocaines sur les réseaux sociaux n'hésitant pas à passer au peigne fin les messages laissés par les internautes.

 Un espionnage à deux millions de dollars

 Et le Maroc se donne les moyens pour traquer ses citoyens sur le net. Dans un article du Canard Enchaîné intitulé « la haute-technologie française fait le bonheur des tyrans » datant de décembre dernier, un article qui a dû agacer les autorités marocaines, le journal satirique expliquait que la France est devenue le premier exportateur mondial matériel informatique d’espionnage et d’écoute. Parmi ses clients, la Libye, la Syrie, le Qatar et… le Maroc. Ce dernier a commandé à la société Amesys, des ordinateurs et des disques durs de stockage pour plus de deux millions de dollars, soit plus de 167 millions de dirhams, l’équivalent de 76 000 mois de Smig ! Le journal n’a pas hésité à joindre à l’article la facture des produits commandés par le Maroc. Ce matériel est tellement sophistiqué que l’article se demandait s’il allait servir à traquer uniquement les terroristes. « Ce type d’installation permet de détecter les connexions à certains sites réputés suspects, de savoir qui envoie un courrier à qui, enregistrer en vrac et par millions, les messages peuvent être ensuite être passés au peigne fin grâce notamment au fameux logiciel Eagle, capable de repérer certains noms propres, même légèrement déformés. Un véritable flicage de masse, à l’échelle de tout un pays devient possible », détaillait le journal.

 Pendant que Bachar tue, le Maroc réprime  

« Notre rôle est avant tout de dénoncer ces arrestations de personnes qui se sont exprimées librement sur le net par voie de communiqué, puis d’informer et faire une veille sur ce qui se passe au Maroc. Ensuite, on doit rappeler aux autorités marocaines que les lois de lèse-majesté sont des lois abusives, et tenter d’engager un dialogue quand c’est possible », explique Gilles Lordet. Un dialogue pour lequel les autorités ne répondent pas toujours favorablement. 
 Alors que les yeux du monde sont braqués sur la situation actuelle de la Syrie et que la communauté internationale tente d’arrêter le massacre des syriens par Bachar Al-Assad, le directeur de l’information de RSF explique que certains pays, comme le Maroc profitent de ce moment d’inattention pour resserrer les vis et intensifier la répression sur la toile. 
Malgré la Nouvelle Constitution censée apporter plus de libertés aux citoyens, Gilles Lordet reste assez sceptique sur les apports de ce nouveau texte et pense que « sur le fonds rien n’a changé » et l’intensification de la surveillance en ligne menée actuellement le prouve.


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