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lundi 9 avril 2012

Triste Sire !

Par Salah Elayoubi, 9/4/2012

Pendant qu’un premier Benseddik (Ahmed) se bat contre les injustices que le makhzen lui fait subir et pour faire valoir ses droits à la dignité, un autre Benseddik, prénommé Fouad, monte au créneau pour mener une charge contre les auteurs du livre « Le roi prédateur », Catherine Graciert et Eric Laurent et défendre le roi.

Il évoque des injures, avant d’ajouter que Mohamed VI ne tue personne, contrairement aux prédateurs qui mettent à mort leurs proies, avant de les dévorer.

Bien malgré lui, Fouad Benseddik met le doigt sur ce qui est précisément reproché au roi qui abuse de ses pouvoirs pour s’approprier les richesses du pays et exploiter toutes les niches fructueuses, mettant à mort, économiquement, le reste de ses compatriotes qui ne se trouve pas en orbite autour du palais, pour recueillir les miettes qui tombent de la bouche du prédateur.

Il ne se sera pas écoulé quelques jours avant que la prédiction du critique sur le volume des ventes qui, dit-il, ne « suffiraient pas à rémunérer le Seuil et les deux auteurs », ne soit démentie par les trente cinq mille exemplaires vendus qui ont propulsé l’ouvrage en tête des meilleures ventes, du mois de mars 2012.

Benseddik feint de méconnaître la vie du palais, lorsqu’il avance qu’il est révolu le temps « où les chorfa étaient dispensés de travailler ». Une réalité qui continue d’avoir cours, dans une famille qui considère le fait de travailler comme une forme d’avilissement.

Ce que Benseddik prouve, c’est qu’il ne faut pas tant craindre les dictateurs que ceux qui s’improvisent leurs défenseurs, moyennant les prébendes que leurs dispensent ces derniers. Tout comme les courtisans, ils n’ont de raison d’exister que dans la défense des intérêts du despote, auquel ils se vouent corps et âme sous peine de perdre les avantages et les biens mal acquis. Ils partagent tout de la gloire, de la richesse et de ce pouvoir qu’ils confortent.

Lorsque Benseddik encense les entreprises royales, il ne nous livre que des contrevérités. Le droit de grève, contrairement à ce qu’il avance, y est interdit et l’impôt y est collecté plutôt mollement, car à la direction des impôts trône un autre thuriféraire du roi et son compagnon de jeunesse qui lui doit jusqu’à son existence. Tout comme le directeur de la conservation et du cadastre qui tait les prédations royales sur le foncier.

Vous, je ne sais pas, mais, pour ma part, je ne remercierais jamais assez Catherine Graciet et Eric Laurent, pour leur pamphlet contre le despote aux dents longues, dont on ne sait plus comment il faudrait l’appeler, tellement il mérite tous les sobriquets:

Le « Roi des pauvres », un titre, désormais, amplement mérité par celui dont le règne a, à ce point, accru pauvreté, misère, injustices et répression que le pays caracole en tête de ceux dont les citoyens se sentent les plus malheureux au monde.

Le « Roi des cancres » avec cet étrange destin de ce cancre devenu roi, par pur accident, si la naissance en était un et à qui il aura fallu moins d’une décennie, pour apporter la preuve de son incompétence, de sa cupidité, de son étroitesse de vision et de son manque total d’intelligence politique, sinon d’intelligence.

Le « Roi des paresseux » qui se faisait presque suppliant lors de ses premiers conseils des ministres, avant de déserter ceux-ci au profit de siestes prolongées, de grasses matinées, de transhumances touristiques et de virées en roadster, pourchassé par une horde d’esclaves serviles et cupides, à bord de limousines, façon rémoras, accrochés aux basques du requin nageant en eaux troubles, le tout orchestré grossièrement, sous les objectifs de cameras complaisantes et les harangues de crieurs pitoyables.

Le « Roi des incompétents », que ce tenant de pouvoir, et que l’exercice de celui-ci a vidé de toute substance, au profit d’une clique d’apprentis escrocs qui n’a plus rien à envier à la mafia.

Le « Roi des hypocrites», bouffi, engoncé dans son costume et perclus de raideurs physiques, mimant une prière de handicapé, sous les feux de flashs crépitants, pour séduire ceux que son régime a maintenus dans l’ignorance, l’analphabétisme et donner des gages aux obscurantistes.

Le « Roi des prédateurs » qui a fait main basse sur la totalité de l’économie de son pays, réduisant ceux de ses compatriotes qui ne gravitent pas directement autour de lui, au rôle de simples consommateurs et clients de ses entreprises et dont la grande majorité passe son chemin, pour n’avoir d’autre pouvoir d’achat que celui du minimum vital.

Le « Roi des sicaires » qui, lorsqu’il ne peut boxer personnellement et en toute lâcheté ses contradicteurs, délégue à ses nervis assoiffés de sang et de vengeance, la mission de dialoguer, à coup de gourdins, avec ceux qui lui contestent pacifiquement ses pouvoirs illimités.

On ressort de la lecture de ce livre avec un profond sentiment de dégoût pour le monarque et la monarchie qu’il incarne, ce système abominable qu’il a contribué largement à amplifier et qui porte en lui les germes de sa propre destruction.

Il manquait à l’ouvrage une chute digne de l’intelligence et du sérieux de son contenu. Il appartient, désormais, au peuple marocain de l’écrire, pour mettre un point final à la tragédie marocaine.

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