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dimanche 8 avril 2012

Lettre ouverte des amis du 20 février aux candidats à la Présidence de la République en France

Par les amis du 20 février
Pour ne pas déroger à la règle, la campagne électorale pour les élections présidentielles 2012 en France s’est essentiellement axée, jusqu’à la rédaction de cet article, sur le thème de « l’immigration & co ». Un thème porté, comme seul fond politique, par l’extrême droite structurée et assumée ou cachée dans les rangs de la droite républicaine. La seule différence entre différentes campagnes, au moins depuis 1995, est la variation de l’exploitation de ce thème selon les besoins de l’époque.

En effet, en 1995 Jacques Chirac et sa famille politique, avaient joué sur « la fracture sociale » en ciblant les problématiques sociales vécues par la banlieue, aussi appelée « cité » lieu de concentration d’une large majorité issue de l’immigration. L’élection fût gagnée. En 2002, la droite a remis le couvert en attaquant cette même population dite" «défavorisée » en la stigmatisant selon le thème global et démagogique de « l’insécurité ». L’élection fut aussi emportée avec un score à la Ben Ali & co.

En 2007, l’actuel président a remis le couvert en variant sur la gravité du discours et en utilisant la même stratégie : l’insécurité, en ciblant comme source les cités et donc l’immigration.

 A chaque élection nationale, l’immigration devient un thème porteur validant dans l’inconscient collectif la culture de l’extrême droite. La gauche, fidèle à une ligne humaniste, n’a pas su gérer. Plus grave, Lionel Jospin en 2002, avoue publiquement qu’il a péché par naïveté en ne prenant pas au sérieux les craintes des Français face à ce qu’il a reconnu pour la première fois comme « insécurité » et non « sentiment d’insécurité » comme avait l’habitude de nuancer le discours de la gauche toutes tendances et organisations de la société civile confondues.

Adoptant une telle stratégie électorale et programmatique, la droite républicaine drague les 18% de du FN. Ce faisant, les idées de l’extrême droite sont validées et s’ancrent dans l’inconscient collectif. Une stratégie basée sur le populisme, la stigmatisation et joue sur les peurs faute de réelles propositions innovantes pour sortir de la crise structurelle que connaît la France et qui s’aggrave de plus en plus depuis la fin de la récréation économique des « des années de la gloire industrielle, les trente glorieuses ».

Pour 2012, le thème reste le même, la cible clairement identifiée et l’extrême droite gagne sur le terrain des idées même si elle ne gouvernera pas dans les faits mais par procuration. Cette année l’entrée fut trouvée par une stratégie carte postale : « le HALAL »! Un thème qui cible, stigmatise et place une surenchère évidente pour remettre le thème de l’immigration au centre du débat. La droite républicaine, en perte de vitesse et selon une stratégie probablement gagnante, a choisi de placer le début de la campagne en adoptant le discours de l’extrême-droite. Le candidat Sarkozy a clairement orienté son discours vers une droitisation sans complexe épaulée par un ministre de l’intérieur, conseiller proche, Claude Guéant qui enfonce le clou par cette déclaration on ne peut plus ambigüe : « les civilisations ne se valent pas ».

L’immigration, parlons-en sans complexe! Je ne fais pas partie de celles et ceux, humanistes et tiers-mondistes, qui croient, avec raison dans l’absolu, à la possibilité de la liberté de circulation et d’installation telles que garanties par la déclaration universelle des droits humains (DUDH). Dans les faits, je ne crois pas qu’on soit arrivés à une telle maturité économique et politique pour concrétiser cet article de la DUDH. L’ouverture des frontières n’est pas pour demain, c’est plutôt le contraire qui se dessine au sommet de l’État à gauche comme à droite sous la pression de l’électorat à qui on a servi largement les valeurs de l’extrême droite ( FN & co).

Je crois qu’au contraire, il faut céder aux détracteurs de l’immigration quelques raisons. L’immigration est une mutation des populations qui ne se fait pas sans créer à la fois des tensions et des problématiques sociales et économiques majeures pour le pays d’accueil comme pour le pays d’origine. La diversité des richesses humaines est une hémorragie pour n’importe quelle société et une richesse considérable pour un État qui sait gérer ses ressources. L’Europe vieillissante en est consciente et sélectionne à souhait selon une politique de quota sélective non avouée ici en France mais assumée en Allemagne par exemple. L’effet à court terme se ressent dès que le pays « producteur » de migrants et en voie de développement commence à ressentir le besoin de retrouver les cerveaux en fuite à l’étranger pour combler le vide. Qualifier un citoyen, un cadre, un ouvrier a un coût. Le perdre revient à faire porter aux contribuables les frais d’encadrement et de formation sans qu’il profite du fruit de cette qualification.

Oui, l’immigration est une problématique dont il faut débattre mais sereinement sans tomber dans les options extrémistes, le tout ou rien, le migrant jetable, la vache à lait, la source de devise…
Il est aussi souvent utilisé comme un atout de négociation pour empocher le maximum d’aides au développement comme est le cas avec le Maroc, une porte idéale pour l’immigration dite illégale. Un atout majeur pour l’oligarchie marocaine afin de négocier au mieux les budgets de lutte contre cette immigration illégale, servir de sous-traitant des centres de détention comme front avancé dans cette stratégie de lutte contre l’immigration. S’ajoutent à cela des programmes de coopération que finance le contribuable européen en général, le français en particulier. Des budgets alloués à l’État marocain pour développer les régions appauvries et source de vague d’immigration économique.

Cependant, il est quasiment acquis et prouvé que tous les régimes corrompus détournent les fonds internationaux pour enrichir l’oligarchie régnante. Souvenez-vous de la caverne d’Ali Baba trouvé dans les palais de en Ali ! les comptes en Suisse des autres. Lisons le livre de Catherine Graciet et son co-auteur dont le titre est plus que révélateur :« le Roi prédateur », analysons les chiffres et le classement des êtres les plus riches au monde. La conclusion n’est pas difficile à formuler : l’oligarchie marocaine, à sa tête le roi, est riche, très riche et présentée par les opposants, notamment le mouvement du 20 Février comme une pieuvre mafieuse.

En tant que contribuables françaises et français, nous sommes en droit de demander : où va l’argent des programmes de coopération, de lutte contre l’immigration, de lutte contre la production du cannabis dans le nord qui connaît en ce moment même, à Beni Bouayach dans le Rif marocain destinataire des fonds de coopération pour le développement des régions du nord, un soulèvement populaire violent. Où va notre argent ? que font les décideurs pour assurer la transparence sur les fonds alloués au Maroc connaissant la nature corrompue du régime ?

Les valeurs de la république nous ont enseigné l’essentiel : il ne peut y avoir de développement sans démocratie. L'immigration, dont apparemment souffre la France en temps de crise, ne peut cesser sans un développement soutenable au Maroc. Mathématiquement on arrive à une équation simple : pas de développement favorise l’immigration, et pas de démocratie ( transparence, lutte contre la corruption et détournement de fond…) il ne peut y avoir de développement soutenable. Par conséquent l’immigration clandestine d’origine marocaine, et c’est valable aussi pour d’autres pays à quelques nuances près, continuera et le problème persistera. On ne peut arrêter une population entière qui n’a pas peur de mettre sa vie en danger, mourir à Gibraltar pour se retrouver en Europe, et généralement en France pour un tas de raisons.

 Il est navrant que dans leur analyse les décideurs, à gauche comme à droite, n’ont pas le courage de poser publiquement la problématique de cette manière. Le contraire s’est produit. Le régime marocain, tout le monde le sait, est corrompu de la tête au pieds, malade de décennies de détournements de fonds, de spoliation des biens publics et privés, d’enrichissement personnel…et pourtant la diplomatie française applaudit les réformette royales octroyées aux sujets toujours dans la même situation de pauvreté, en manque et en quête de dignité et de liberté.

Continuer à soutenir  politiquement la monarchie  marocaine face aux manifestants, depuis le 20 février, revient à favoriser l’option répressive au lieu de travailler la coopération responsable et transparente. Face à la population qui demande justice et justesse, équité et éthique, démocratie et développement soutenable, le tout contribuant à l’épanouissement du citoyen marocain dans son pays, il n’y a qu’une seule et unique option : soutenir le peuple et mettre la pression sur la monarchie pour déconstruire l’économie de rente, installer une transparence financière durable et une lutte efficace contre les délinquants en col blanc. La coopération pour un développement local dans les pays d’origine d' immigration massive est une ligne politique efficace mais à condition que les régimes sur place soient contrôlés sans ingérence mais en mettant des conditions de transparence drastique et d'exigences politiques importantes pour que cesse la prédation économique et pour que les richesses locales et aides extérieures profitent réellement au peuple et non à l’oligarchie régnante.

De nombreuses familles pleurent les leurs partis sans retour par Gibraltar, ce n’est pas facile ni évident de risquer la mort en cherchant un emploi, des conditions sociales et d’autonomie financière meilleures. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Si depuis un an, 20 février 2011, un mouvement populaire de contestation scande chaque dimanche : dignité, liberté et partage équitable de la richesse, c’est que le peuple et jeunesse ont compris que la problématique essentielle vient de la nature corrompue du régime. Un roi prédateur verrouillant l’essentiel de l’économie. Un holding royal qui monopolise l’essentiel de l’activité économique partageant quelques parts avec l’oligarchie qui l’entoure. Un roi richissime, parmi les plus grandes richesse du monde face à un peuple sans emploi, sans qualification, sans avenir, un roi sans réelle volonté politique pour instaurer à la fois un État de droit et des institutions et les bases d’une économie porteuse de développement soutenable, d’emploi assurant un minimum de dignité pour le peuple et sa force vive : une jeunesse bardée de diplômes sans aucune possibilité d’emploi. Cette même jeunesse qui, pessimiste et fataliste quant à son avenir préfère prendre les barques de la mort pour rejoindre l’autre rive.

Et pourtant, la diplomatie française continue dans la logique du protectorat de la famille royale comme en 1912. Applaudit les réformettes de façade, ferme les yeux sur les exactions et les atteintes aux droits humains, valide la théorie fallacieuse de l’exception marocaine et par conséquent assure la continuité du statut quo. Ce faisant, il faut dire la vérité aux Français, dire ce qui alimente l’armée de l’immigration clandestine. La France se met en position de complice condamnable par toute cette jeunesse qui se noie chaque jour entre les deux rives ou s’immole par le feu en signe de détresse et en appel au secours. 
Nous, militants du mouvement du 20 février et leurEs amiEs partout dans le monde, sommes convaincus que la réponse à cette situation qui n’arrange ni le pays d’accueil ni le pays d’origine est entre les mains du régime. Une bonne gouvernance à commencer par instaurer les bases d’un État de droit, à juger les voleurs qui ont tant spolié les richesses du Maroc pour en récupérer une partie, à donner la parole au peuple sans crainte d’être jeté en prison pour atteinte à la soi-disant sacralité comme si les règles du moyen âge continuaient à perdurer dans le temps.

Sans langue de bois, vous ne souhaitez ou ne pouvez pas recevoir sur le sol français toute la misère du monde. Cette misère doit être éradiquée sur place dans son pays d’origine et les solutions existent. Faute de courage politique pour affronter la réalité du régime marocain : un régime corrompu et ne respecte aucune règle. Un régime qui concentre trois forces majeurs : le holding royal ( force économique sans limite), force religieuse ( commandeur des croyants) et force politique ( le palais décide de tout contrairement à ce que la communication démagogique laisse entendre pour redorer son image à l’étranger et présenter un roi jeune, démocrate et juste). Cerise sur le gâteau, une force médiatique exclusivement concentrée sur l’objectif royal.

Un siècle après la première intrusion française au Maroc avec la signature du protocole du protectorat à la demande du sultan Abdelhafid, la France n’a pas cessé de protéger les intérêts de la famille royale. Cette politique étrangère a un prix, l’immigration illégale et massive. Il est temps que cela change dans l’intérêt du peuple marocain et de la France. Le traitement populiste de l’immigration mènera inévitablement à des conséquences graves sur le long terme. Seule voie possible : la vérité face aux Français et le courage de dire au pouvoir sur place au Maroc, comme ailleurs dans les pays semblables : les réformes sont obligatoires, les richesses existent mais il manque la volonté de réformer et d’agir pour assurer les conditions d’une vie digne pour le peuple.

Certes il est difficile d’évoquer la possible mise en pratique de l’article de la déclaration universelle des droits humains stipulant la libre circulation et d’installation des citoyens ; néanmoins il reste toujours un droit comme d’autres : une vie digne, un emploi, un logement, le droit à l’éducation, à l’accès égalitaire et gratuit aux soins.

La France est un des piliers de l’Europe. Nos politiques doivent agir de l’intérieur de cette institution, faute d’harmonisation des politiques d’immigration, pour une rationalisation des politiques de coopération : la transparence. Où va l’argent des aides européennes et diverses formes et lignes budgétaires européennes censées profiter au peuple ?

Soutenir le processus de démocratisation pour chasser à jamais les corrompus et autres despotes et voleurs en col blanc est une condition essentielle pour un développement soutenable lui-même base d’une réelle politique de lutte contre les fuites des cerveaux alimentant les peurs et les craintes des peuples avec les dérapages que l’on connaît ou que l’on est en incapacité aujourd’hui de prévoir à long terme. L’avenir se construit aujourd’hui. Construisons-le sainement et ensemble.
Faire des migrants des boucs émissaires est une escroquerie intellectuelle dont les résultats seront inévitablement catastrophiques à moyen terme. Attaquons-nous à la racine du mal, sans ingérence mais par solidarité avec les peuples. Nous le devons à l’histoire et aux valeurs de la république.
Vive les peuples.

contact@lesamisdu20fevrier.eu

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