Rencontres avec les militants du M20 février à Al Hoceima
27 mars 2012 : En route vers Al Hoceima
Il y a quelques jours, j’ai été contacté par une organisation marocaine des droits de l’Homme pour une mission d’observateur judiciaire à Al Hoceima. On me demande d’être présent au procès de Mohamed Jelloul, cheville ouvrière du "Mouvement du 20 février".
Instituteur, syndicaliste, Mohamed Jelloul fut arrêté début mars suite à une manifestation qui "dérapa" : violences policières contre violence des manifestants. Bien entendu, seuls les manifestants furent poursuivis...
J’ai accepté immédiatement d’y participer... avant de regarder où était Al Hoceima. 8 heures de voyage par avion et par route. Mais au bout de la route, un accueil chaleureux des militants des droits de l’Homme. Une super leçon de courage.
28 mars 2012 : A Al Hoceima
9 heures : La salle de la Cour d’Assises est pleine à ras bord. Le Procureur Général refuse que je porte la toge. Il interpelle le Bâtonnier pour prendre mon identité. Les confrères font front et m’installent au banc de la défense.
Quand Mohamed Jelloul entre, une centaine de manifestants, en face du Palais, réclament un acquittement. Les préventions retenues à sa charge sont lourdes : incitation à commettre des délits, rébellion, insultes à des fonctionnaires, dégradation de bien et surtout, Article 591 du Code Pénal : entrave à la circulation qui est passible d’une peine de 10 ans et Article 129 du Code Pénal portant sur l’association de malfaiteurs.
C’est l’enjeu du procès : criminaliser le mouvement du 20 février. Les juges décident de remettre l’affaire à mercredi prochain...
29 mars 2012 : Retour de Al Hoceima
Départ à 1 heure du matin. Dur, dur après avoir discuté avec les avocats et les militants du 20 février jusqu’à minuit.
Mais l’objectif est atteint : faire savoir qu’on sait et qu’on dira les conditions du procès. Rappel à l’ordre du pouvoir, rappel à la justice des organisations des droits de l’Homme. Et des questions seront posées : pourquoi cette intervention si tardive de la police ? Pourquoi cette prévention d’association de malfaiteurs ? Les avocats, en tout cas, n’ont pas peur : ils plaident la provocation. Et pour ça, je vous l’assure, il faut en avoir du courage. Noblesse de la toge.
Engagement est pris de les soutenir, de refuser la criminalisation d’un mouvement citoyen. Et puis, je repars avec un projet soufflé par Hriah, une petite bonne femme extraordinaire. Elle demande qu’une formation puisse aider les femmes à supporter cette pression de plus en plus forte pour les empêcher de prendre la parole, de dire leur indignation. Je contacte Tamimount Essaïdi, originaire du coin...
06 avril 2012 : Des nouvelles du procès
Ce 06 avril, je reçois un mail d’une militante du mouvement du 20 février. Le procès de Jalloul est à nouveau reporté. Rendez-vous le 11 avril.
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