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lundi 6 février 2012

Pour que Moumni ne fasse pas oublier Taza ni la cocotte minute « Maroc »

Par Salah Elayoubi, demainonline, 5/2/2012

Opinion. La cocotte minute est au paroxysme de la pression. Il fallait faire diversion, détourner le regard de tous de cette maudite ville de Taza. Donner d’urgence un gage. C’est le « Mouloud » qui apporte au régime le prétexte qu’il lui fallait pour lâcher du lest, sans perdre la face : la libération de Zakaria Moumni, ce champion du monde de boxe thaïe, arrêté, brutalisé, torturé, emprisonné et condamné à vingt mois d’incarcération, pour avoir osé interpeller le roi jusque sous les fenêtres de son château français de Betz pour lui rappeler les engagements contenus dans le décret du 9 mars 1967qui stipule son droit à un poste de conseiller sportif au sein de la Fédération marocaine.
Le « roi des sportifs » ou encore « le sportif numéro un», selon la formule consacrée, a très peu goûté cette interpellation. Le traquenard monté de toute pièce accusant le champion d’avoir escroqué des fantômes en dit long sur les méthodes du régime qui continue de piocher dans les rubriques des voyous son arsenal répressif.Zakaria est libre. Un long combat s’achève. Un autre débute pour l’innocenter définitivement, démontrer le complot, en démasquer les initiateurs et obtenir réparation des sévices physiques, de la torture morale et de la privation de liberté. Autant le dire, la somme d’épreuves qu’il reste à franchir pour le couple Moumni et son comité de soutien ressemble à un chemin de croix, tant se heurter à la muraille du Makhzen relève de l’exploit.

En dénouant une facette de cette tragédie, le régime marocain tente de nous en faire oublier une autre qui menace de tout emporter à force d’injustice consommée. Celle des violences de Taza.

Dans cette sombre affaire qui est loin de sa conclusion, le Makhzen s’est une fois de plus, s’il en fallait, comporté en archétype parfait d’une quelconque administration coloniale.

Ce qui avait commencé par un sit-in de diplômés chômeurs venus faire monstration de leurs souffrances s’est terminé en guérilla urbaine avec son cortège d’affrontements, de blessés, de destructions et de déprédations.

Les policiers se sont comportés comme de vulgaires sicaires, de parfaits voyous, dans leur tentative de disperser les manifestants. Gourdins, balles en caoutchouc, gaz lacrymogènes en tir tendu et frondes à pierre. Puis la nuit venue, extinction des feux, acheminement de forces de police d’autres régions pour éviter toute fraternisation avec la population, instauration du couvre-feu, encerclement de quartiers entiers, ratissage des rues, irruption dans les maisons, bastonnade de leurs occupants, sans distinction de sexe ou d’âge, menaces de viols, saccage des meubles, dégradation des compteurs d’eau et d’électricité.

Qui a parlé d’indépendance ? Qui ose encore évoquer une quelconque citoyenneté ? Tenaillé par le syndrome de ce Rif tout proche qui le hante depuis toujours, le régime a déployé tout l’arsenal de terreur du parfait colonisateur. Les policiers et leurs supplétifs par milliers auront agi comme les forces d’occupation d’antan. Une seule différence. Elle est de taille : les tortionnaires qui répandent la terreur ces nuits-là parlent, cette fois-ci, la même langue que leurs victimes.
Le nouveau chef du gouvernement, visiblement dépassé par la sauvagerie aveugle avec laquelle les forces de l’ordre ont réprimé la population misérable s’est soudain souvenu qu’il avait « une oreille attentive » et se déclarer : « décidé à rencontrer les diplômés chômeurs, pour les écouter et dialoguer avec eux. »

L’avenir dira si le chef du gouvernement possède l’ouïe dont il fait étalage et si son organe auditif aura la capacité d’entendre les centaines de milliers de poitrines qui s’escriment à rappeler au pouvoir marocain que près de soixante dix ans après la fin du colonialisme français, les Marocains continuent de subir les assiduités de son successeur : le colonialisme alaouite.

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