Par Slate, 19/1/2012
«Vive le peuple, El Haqued est libre!», scandaient les habitants de Casablanca le 12 janvier 2012, lorsque le célèbre rappeur El Haqued a été libéré.
El Haqued dans le langage des rues de Casablanca, c’est celui qui a la rage. La libération du jeune homme, après quatre mois passé en prison, a certes été une victoire. Mais il n’en reste pas moins qu’une partie de la jeunesse marocaine n’est pas satisfaite par «les ouvertures démocratiques de la monarchie», rappelle l’auteur du blog Culture et politique arabes. El Haqued lui-même semble encore plus remonté contre le régime marocain après cet emprisonnement.
«Il y était entré, le 9 septembre [2011], à la suite d’une distribution de tracts qui aurait tourné à la bagarre avec un certain Mohamed Dali, membre des Jeunesses royalistes, une organisation toute récente, soupçonnée de réunir des gros bras au service du régime, à l’image des trop célèbres baltagiyyas égyptiens», rappelle le blogueur.
Le rap d’El Haqued s’inscrit dans une longue tradition de «protest song» au Maroc. Une tradition que l'on peut faire remonter aux Nass El Ghiwane des années 1970 qui mêlaient rythmes et instruments traditionnels (notamment le banjo), et qui est très présente dans la musique marocaine populaire.
«Vive le peuple. Grâce au rap, je suis engagé pour le peuple et pour ses problèmes», a déclaré El Haqed devant la foule venue célébrer sa sortie de prison.
Mais au Maroc, le rap n'est pas uniquement synonyme de contestation. Certains rappeurs font aussi des chansons nationalistes à la gloire du régime. «Un rap de palais» qui semble recevoir tout le soutien nécessaire de la part des appareils du régime, ajoute le blog. A l'inverse, les artistes engagés dans le mouvement du 20 février réclament, entre autres, une plus grande liberté d'expression.
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