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dimanche 15 janvier 2012

Le verdict de l’infamie

  Par Salah Elayoubi, 13/1/2012
 
Le feuilleton Mouad a pris fin, comme il avait commencé: misérablement.

Avec une condamnation à quatre mois de prison ferme, couvrant  la détention préventive, le tribunal aura fait dans l’infamie, en punissant  un innocent  et  dans  le service minimum, pour donner satisfaction aux commanditaires du traquenard tendu, au mois de septembre dernier, au rappeur. Il s’agissait pour  l’accusation de sauver la face,  tant le combat s’avérait  perdu, avant même que d’avoir été livré.

Une peine plus lourde, aurait eu des conséquences incalculables, en terme de crispation du mouvement de soutien au rappeur, mais également, en termes d’image,  sur le régime qui déploie des trésors de singeries, de simagrées et de diplomatie, en direction de la communauté internationale, afin de  faire croire qu’il démocratise ses institutions.

Un acquittement, pur et simple,  aurait signifié un camouflet pour la police et le parquet, tous deux impliqués dans le complot,  et aurait, de surcroît,  constitué un exercice périlleux, pour la carrière d’un juge  qui a fait de la défense des intérêts de la dictature, son sacerdoce, et qui,  dans son obstination à refuser  la liberté provisoire,  aura sans doute, amplement satisfait, aux instructions, ces  fameuses « taalimates », de donner une leçon au rappeur et à ses  textes assassins.

C’est donc dans  le  verdict prononcé hier,  que se trouve l’explication de cette interminable et ultime audience, de la nuit du mardi 10 au mercredi 11 janvier, qui, pour solde de tout compte, aura servi de théâtre, aux interrogatoires  et aux plaidoiries des avocats des deux parties. Rien que ça !

A la nonchalance suspecte et au détachement coupable,  affichés ces quatre derniers mois par la justice, a succédé, d’un trait de plume,  la précipitation soudaine et l’acharnement  affiché  du tribunal à mettre un terme définitif à une affaire qui  commençait à s’ébruiter, sur le plan international, rameutant  tout ce que compte la scène nationale et  internationale de journalistes et de reporters de télévision.

Cette pantalonnade qui  n’aura grandi ni ses commanditaires, ni leurs exécutants, aura eu le mérite de mettre en lumière les manigances dont est encore capable le régime marocain pour bâillonner ses contradicteurs.
Longtemps après que cette affaire sera enterrée, à moins que la suite des évènements ne la fassent entrer  dans les livres d’histoire, on se souviendra de ces heures mémorables où juge et procureur, indifférents aux débats qui, pourtant, devaient  décider du sort d’un innocent, tantôt songeurs, tantôt éreintés de fatigue, auront abdiqué au sommeil, tapis,  derrière de vulgaires bouquins.

Quant au compte-rendu de cette séance fleuve, où il était question de tout, sauf de justice, Il serait intéressant de consulter les notes du greffier, pour voir quelle substance celui-ci aura cru devoir tirer de ces heures tragi-comiques, lui,  dont Larbi écrira :

-   « J’ai l’impression que j’écris plus que le greffier. Je peux lui transmettre mes tweets »

Ils sont à plaindre,  ceux qui pensaient  museler  Mouad, en le menant dans ce prétoire qui aura résonné des éclats de rire et des quolibets des citoyens,  amusés de voir la justice se ridiculiser à ce point et les calculs des ennemis de la démocratie partir à vau-l’eau.

Les vingtfevriétistes, leur sont  reconnaissants  d’avoir cristallisé leur solidarité autour du chanteur, encore inconnu il y a quelques mois et qui se retrouve propulsé au rang d’icône du mouvement et de chantre de la liberté.
Plus rien ne sera comme avant. Ce procès aura eu pour conséquence directe, de mettre en lumière l’intelligence du combat, mené autour  de Mouad,  par des  citoyens aux moyens limités,  mais également,  l’absurdité des stratagèmes, mis en œuvre par les  tenants de l’absolutisme qui livrent, là,  un combat d’arrière-garde.

Il n’y avait qu’à voir danser, en plein prétoire, les démocrates et les écouter reprendre l’hymne national tunisien, pour saisir l’ampleur de la victoire qu’ils venaient d’arracher.

Le combat continue puisque le rappeur n’a pas été innocenté.

Mais si cette  condamnation devait, un jour,  s’inscrire, définitivement, sur son casier judiciaire, loin de  salir son nom, elle sera son honneur et le témoignage du  tribut qu’il aura payé, pour que ses compatriotes puissent, un jour, vivre libres.

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 Mohammed Nadrani a partagé un lien sur facebook
Mouad Al 7a9eD sur scène
http://youtu.be/6wyBIA6skb8

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