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vendredi 29 juillet 2011

Aux confins de la peur...

Par demokratiakarama, point de vue Mamfakinch, 28/7/2011

La première expression qui a attiré mon attention lors de la première sortie du 20 Février est : « Peur ! Je n‘ai pas peur ! Je n’ai pas peur de la police, je n’ai pas peur de la matraque…je n’ai pas peur ! ». Déjà les jeunes sont sortis dans la rue sans aucune autorisation. L’autorité de tutelle n’a pas autorisé cette sortie fracassante. Les jeunes ont donc bravé l’autorité parentale et gouvernementale et sont sortis de la maison, le lieu de la sécurité de la chaleur et de l’amour ; mais aussi le lieu où l’on est ligoté et attaché par l’amour ou par l’autorité et où donc la liberté est limitée.


  
Quand on quitte le domicile familial on se trouve confronté à l’errance et à l’absence de repères. Ceci peut aussi générer une autre forme de peur. La liberté a son prix : on est exposé à la violence, au kidnapping. On quitte l’ordre pour le nulle part. On est sur un espace que l’on doit apprendre à nommer.
La phobie de l’autre, la phobie qui habite le corps commence à se dissiper. Les jeunes du 20 Février à Casablanca ont ouvert l’espace monstrueux de la ville. Casablanca est un monstre avais-je écrit il y a déjà plusieurs années ; Casablanca est insaisissable par le fait de l’immensité de son étendue. Cet ogre urbain a été dompté par les jeunes. Nous avons tous appris à nous réconcilier avec les espaces de cette ville aux flancs imprenables. Les quatre coins de Casablanca ont été offerts à cette jeunesse qui ne connaissait pas plus que son propre quartier et le centre ville. Les jeunes ont découvert qu’il y avait plusieurs centres à Casablanca. Quand on maîtrise les espaces d’une ville la phobie de l’espace se dissipe, et les préjugés aussi: être à Hay mohammadi, Sbata, Oulfa, Bernoussi, Derb Soltane, Sidi Othmane ou au centre ville tout le monde se sentait à Casablanca.
D’un autre côté les corps ont adopté l’autre dans sa différence la plus radicale ; l’autre en tant qu’individu. Le militant de gauche côtoie l’islamiste qui, il y a peu de temps était son ennemi juré, la fille voilée marche en criant haut et fort : « liberté ! » à côté des garçons qui représentaient, dans l’imaginaire qu’on lui a fabriqué, des ogres et des affamés sexuels. Notre regard se pose sur le paysage humain sans a priori. Nous regardons évoluer les marées humaines et nous pensons uniquement à l’avenir sans rester fixés sur le passé aussi glorieux soit-il.
La jeunesse commence donc à marquer ses espaces en les investissant. En y écrivant une page de l’histoire, leur propre histoire et celle de leur pays. Une certaine intimité s’est installée entre les personnes et les lieux. La paix avec le lieu est acquise. La paix avec l’autre aussi. La paix avec soi-même est à conquérir. Sortir du cocon familial, braver l’autorité patriarcale n’est qu’une révolte qui risque si elle n’est pas mûre et réfléchie de se terminer en une culpabilité et en un retour de l’enfant prodigue. Cette volonté instinctive à vaincre la peur de l’autre et de l’espace si elle ne se transforme pas en une quête de la liberté, risque d’aboutir à son contraire. L’enjeu aujourd’hui est la liberté ! Mais que veut-on dire par liberté quand on la clame ensemble pendant les marches hebdomadaires ?

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