Les affrontements de Laâyoune renforcent la position du Polisario
Par: Salah Zeghidi Magharebia, 16/12/2010Les derniers événements dramatiques qui ont frappé la scène sahraouie vers la fin du mois dernier ont surpris tout le monde, vu l’ampleur des manifestations et la violence des affrontements opposant des milliers de manifestants et des soldats de l’armée marocaine. Certains observateurs de la cause du peuple sahraoui trouvent que ces affrontements représentent un tournant majeur dans le cours des événements de ce conflit depuis son commencement.
Le Polisario est le premier à bénéficier de ces affrontements qui ont causé de nombreuses victimes, car il peut interpréter la manifestation de la mi-novembre comme une expression de la colère croissante de larges segments du peuple sahraoui vis-à-vis de la situation du Sahara occidental, et de la présence de l’administration royale et l’armée marocaine dans la région depuis plus de 3 décennies.
Les dirigeants du peuple sahraoui vont certainement considérer ces manifestations massives et bruyantes comme une révolte contre ce qu’ils considèrent une occupation militaire marocaine du territoire sahraoui. Le Polisario exige d’accorder aux sahraouis le droit à l’autodétermination, conformément aux résolutions de l’ONU ; tandis que le Maroc rejette cette demande en insistant sur la « marocanité » du Sahara occidental …
Ces développements et leurs implications sur la question du Sahara et sur les parties locales, régionales ou internationales concernées, vont engendrer de nouvelles complications avec des dimensions imprévisibles ; alors que les deux parties du conflit – des représentants du peuple sahraoui et de l’Etat marocain – s’apprêtent à se réunir, sous les auspices de l’Organisation des Nations Unies, pour une nouvelle session de pourparlers qui n’ont pas encore réalisé de progrès significatif …
Le Front Polisario entamera les nouvelles négociations en s’appuyant sur ce que les récents événements sanglants ont démontré en termes de colère populaire contre la présence marocaine au Sahara occidental, et d’incapacité de l’administration et armée marocaines d’assurer stabilité et loyauté au trône marocain dans cette région …
Quant au gouvernement de Rabat, son intervention dans les événements récents a affecté sa crédibilité. Un autre élément qui enfonce le couteau dans la plaie pour le régime marocain, est la position du gouvernement et parlement espagnols concernant ces affrontements qui ont eu lieu sur les terres sahraouies, indiquant clairement que l’Espagne – ancien colonisateur du Sahara occidental – s’oppose fermement à la soi-disant occupation marocaine, et appelle à donner au peuple sahraoui le droit à l’autodétermination tel qu’il est stipulé dans les décisions de l’Organisation des Nations Unies, et comme ce fut le cas pour toutes les autres anciennes colonies.
C’est dans ces circonstances que les marocains et les sahraouis vont reprendre les pourparlers. Ces nouvelles négociations seront-elles différentes des précédentes ?
Les parties marocaine et sahraouie vont-elles insister sur leurs positions divergentes ?
Le Maroc va-t-il changer d’avis concernant sa proposition d’accorder l’autonomie au Sahara occidental au sein de l’Etat marocain, ou va-t-il garder cette option malgré la gravité et la signification de la récente révolte dans la région du Sahara ?
Le Front Polisario va-t-il succomber à la pression régionale et internationale et accepter un compromis qui satisfera les deux parties et mettra fin à ce conflit qui a duré 35 ans ?
On manque malheureusement d’indicateurs optimistes …
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