Par CHLOÉ DEMOULIN, Bakchich, 16/10/2010
La politique d’aide alimentaire des pays du Nord à destination des pays du Sud repose encore sur l’écoulement de surplus agricoles qui sont inadaptés aux jeunes enfants. MSF tire la sonnette d’alarme.
Depuis les années 1960, la politique d’aide alimentaire développée par les pays du Nord à destination des pays du Sud repose sur l’écoulement des surplus agricoles. Mais aujourd’hui, ces excédents ne sont plus assez diversifiés pour lutter contre la malnutrition infantile. Au contraire, la majorité des programmes alimentaires internationaux distribuent des farines enrichies à base de soja et de maïs qui mettent en danger le développement des jeunes enfants. En clair, ces produits ne seraient jamais donnés aux enfants occidentaux.
A l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation le samedi 16 octobre, Médecins sans frontières (MSF) lance donc une campagne qui appelle à la réforme de l’aide alimentaire internationale et une pétition qui sera présentée aux dirigeants du sommet du G8 en France en 2011.
L’ONG demande expressément aux bailleurs de fonds, y compris à la France et à l’Union européenne, de changer leurs habitudes et de donner aux pays du Sud une nourriture adaptée aux enfants de 6 mois à 2 ans, les premières victimes de la malnutrition.
Dessin de Ray Clid
Paradoxalement, il existe un consensus autour de l’idée que les farines enrichies en protéines végétales distribuées aux jeunes enfants du Sud ne sont pas adaptées à leur croissance.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et les syndicats de pédiatres nord-américains et européens, cette nourriture est loin de correspondre aux standards internationaux préconisés pour les enfants âgés de moins de 2 ans. En 2009, le Programme alimentaire mondial (PAM) a lui même reconnu qu’il existait des failles dans cette stratégie d’aide.
DOUBLE STANDARD
Pire, les pays donateurs eux-mêmes, comme les États-Unis ou l’Espagne, sont parvenus à réduire considérablement le taux de malnutrition infantile sur leur propre sol en misant sur des programmes de distribution d’aliments adaptés. « Arrêtons le double standard, arrêtons de distribuer aux enfants des pays du Sud de la nourriture que nous ne donnerions pas à nos propres enfants », s’insurge le Dr Marie-Pierre Allié, présidente de MSF. D’autant qu’il existe déjà des pâtes nutritives plus adaptées dont l’utilisation pourrait être généralisée.
Pour autant, le manque de volontarisme politique se fait encore sentir sur le terrain. Cet été, le PAM a de nouveau distribué des farines enrichies aux enfants lors de la crise nutritionnelle qui a touché le Niger.« C’est bien d’écrire une politique mais si on n’a pas les fonds pour les implémenter, ça ne sert à rien », explique Stéphane Doyon, responsable nutrition de la Campagne d’accès aux médicaments essentiels de MSF. Il faudrait doubler le prix des farines pour faire le saut qualitatif nécessaire. Ce que les bailleurs de fonds ne sont apparemment pas encore prêts à faire.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et les syndicats de pédiatres nord-américains et européens, cette nourriture est loin de correspondre aux standards internationaux préconisés pour les enfants âgés de moins de 2 ans. En 2009, le Programme alimentaire mondial (PAM) a lui même reconnu qu’il existait des failles dans cette stratégie d’aide.
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