Chers amis lecteurs de solidmar,

Solidmar est fatigué ! Trop nourri ! En 8 ans d’existence il s’est goinfré de près de 14 000 articles et n’arrive plus à publier correctement les actualités. RDV sur son jumeau solidmar !

Pages

lundi 9 août 2010

Prisons de la CIA: quatre détenus transférés puis évacués en secret de Guantanamo entre 2003 et 2004

Par The Canadian Press, 2010
WASHINGTON — Quatre des plus importants suspects de terrorisme détenus par les États-Unis avaient été secrètement transférés dans une prison de la CIA à Guantanamo en septembre 2003, soit des années plus tôt qu'annoncé, puis évacués tout aussi discrètement quelques mois plus tard, avant que la cour suprême ne puisse leur donner accès à des avocats, selon une enquête de l'Associated Press.
L'arrivée de ces prisonniers à Guantanamo et leur départ précipité ont pu être reconstitués par l'AP grâce aux documents des vols et aux témoignages d'anciens et actuels responsables américains ayant connaissance du programme de détention de la CIA, qui ont tous requis l'anonymat.
Ce transfert a permis aux autorités américaines d'interroger ces prisonniers dans des "sites noirs" de la CIA pendant plus de deux ans sans qu'ils ne puissent parler à des avocats, à des observateurs des organisations de défense des droits de l'Homme, ni contester leur détention devant des tribunaux américains. S'ils étaient restés seulement trois mois de plus dans la prison de la base américaine de Guantanamo, ils auraient eu accès à ces droits. "C'était juste un jeu de bonneteau pour cacher les détenus aux tribunaux", explique Jonathan Hafetz, un professeur de droit de l'université Seton Hall qui a représenté plusieurs détenus.
Le 24 septembre 2003, avant l'aube, un Boeing 737 atterrissait à Guantanamo. Au moins quatre membres opérationnels présumés d'Al-Qaïda, qui figuraient parmi les plus gros suspects capturés par la CIA à cette date, se trouvaient à bord: Abu Zubaydah, Abd al-Nashiri, Ramzi Binalshibh et Mustafa al-Hawsawi.
Ramzi Binalshibh et Mustafa al-Hawsawi sont soupçonnés d'avoir participé à la préparation du 11-Septembre. Al-Nashiri est le cerveau présumé de l'attentat de 2000 contre l'''USS Cole". Zubaydah était un agent présumé facilitant les déplacements des membres d'Al-Qaïda. Ils avaient passé des mois dans les prisons secrètes de la CIA à l'étranger à subir certaines des techniques d'interrogatoires les plus dures de l'histoire des Etats-Unis.
A la fin de l'été 2003, la CIA pensait que ces hommes avaient livré leurs principaux secrets. L'agence de renseignement avait besoin de les maintenir en détention, mais plus de mener des interrogatoires prolongés.
La base navale américaine de Guantanamo à Cuba paraissait à l'époque le bon site pour les accueillir. George W. Bush avait sélectionné les six premiers détenus qui allaient comparaître devant des tribunaux militaires sur le site et une cour d'appel fédérale venait de statuer que les prisonniers ne pouvaient contester leur détention devant les tribunaux américains.
En outre, la CIA venait de construire une nouvelle installation, qui allait être connue sous le nom Strawberry Fields, distincte du principal centre de détention de Guantanamo.
Au même moment, le réseau de prisons secrètes de la CIA à l'étranger était en plein bouleversement. Une prison en Thaïlande connue sous le nom de Cat's Eye avait fermé en décembre 2002, et fin 2003, la CIA se préparait à fermer une installation en Pologne et en ouvrir une autre en Roumanie. Journalistes et enquêteurs des organisations de défense des droits de l'Homme commençaient à poser des questions. La CIA avait besoin de déplacer ses prisonniers.
Le vol de transfert des quatre prisonniers s'est arrêté en Afghanistan, Pologne, Roumanie, Maroc, avant d'arriver à Guantanamo. Mais peu après leur arrivée, les choses ont commencé à se gâter pour l'administration Bush. En novembre, contre l'avis du gouvernement, la cour suprême acceptait d'examiner la question d'un recours des prisonniers de Guantanamo devant des tribunaux américains.
C'est ce que redoutait depuis plusieurs années l'administration américaine. Dès 2001, des juristes du Département de la Justice s'inquiétaient que les détenus se voient accorder un tel droit. S'ils jugeaient cette éventualité improbable, ils avertissaient néanmoins que les prisonniers pourraient alors faire état de mauvais traitements et contester l'équité du système de tribunaux militaires.
"Il y avait manifestement la crainte que ce qu'on leur avait fait sorte" explique l'avocate
d'Abd al-Nashiri, Nancy Hollander.
Pire encore pour la CIA, si la Cour suprême accordait des droits aux détenus, tout le programme secret était menacé. Abu Zubaydah et Abd al-Nashiri auraient pu dire à leur avocat qu'ils avaient subi des simulations de noyade, la technique du "waterboarding", en Thaïlande. Al-Nashiri aurait pu raconter qu'on lui avait placé un pistolet non-chargé sur la tempe dans une prison de la CIA en Pologne.
Début mars 2004, la cour suprême fixait l'audience sur les droits des détenus de Guantanamo au mois d'avril. Cela voulait dire que sa décision pouvait ensuite tomber à tout moment et l'arrêt aurait concerné tous les prisonniers, officiels ou secrets.
Le 27 mars 2004, un avion Gulfstream décollait de Guantanamo. le lendemain matin, l'avion atterrissait à Rabat au Maroc. Le 28 juin, quand la cour suprême a statué que les détenus de Guantanamo devaient pouvoir saisir les tribunaux américains, les quatre prisonniers étaient à nouveau éparpillés dans des sites secrets de la CIA à l'étranger.
Deux ans plus tard, après que le "Washington Post" eut révélé l'existence du programme, George W. Bush avait vidé le réseau des prisons secrètes. Quatorze hommes, dont les quatre qui étaient déjà passés à Guantanamo des années plus tôt, furent transférés dans le centre de détention de la base navale américaine, où ils sont incarcérés depuis. AP
sb/v0501
Copyright © 2010 The Canadian Press. Tous droits réservés.
Related articles
Add News to your iGoogle Homepage Ajouter Google Actualités à votre page d'accueil iGoogle
The Canadian Press
Fred Seggie / The Associated Press

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire