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samedi 29 mai 2010

Sahara Occidental - Minurso : autorisations de visites à haut risques !.

Sahraouis sauvagement agressés par des colons marocains
Par APSO, 26 /5/2010
Dans les très maigres propositions de la Minurso, Mission de l’ONU pour un référendum au Sahara Occidental, il en est une régulièrement malmenée qui permet aux familles Sahraouies de se retrouver après parfois 35 ans de séparation, chacune de son côté d'un mur qui défigure leur pays.
Alors que le processus de décolonisation de cette dernière colonie d’Afrique est au point mort sous les auspices de l’ONU, quelques familles ont pu bénéficier du programme des visites.
Des Sahraouis des territoires occupés, prenant à leur compte cette préoccupation affichée de la « dimension humaine » du conflit, sont allés par eux-mêmes rendre visite à leurs familles dans les campements de réfugiés, près de la ville de Tindouf.
Le 5ème groupe d’une dizaine d’homme et de femme rentrera début juin de leur visite. Quel sort leur réservera l’autorité coloniale Marocaine ?
Trois des sept membres du premier groupe sont toujours en prison, les deux et troisième groupes ont été agressés par les colons, le quatrième intrusivement filmé et photographié, et cela à l’approche du vote redouté par les oppresseurs du renouvellent du mandat de la Minurso.
C’était la première fois que des colons Marocains attaquaient physiquement les défenseurs Sahraouis des droits de l’homme, les femmes et les enfants.
Témoignage de Ghalia Djimi, ancienne disparue Sahraouie et défenseur des droits de l’homme. Vice présidente de l'ASVDH
Mardi 6 avril 2010, j’attendais à l’aéroport d’El Aaiun le retour d’un groupe de 11 défenseurs Sahraouis des droits de l’Homme, en compagnie d’autres Sahraouis.
Au moment d’entrer sur le parking j’ai été arrêtée, on m‘a dit de repartir, comme à chaque arrivée d’une délégation de défenseurs des droits de l’homme. Simultanément un officier m’a invité très gentiment à passer. Cela m’a alerté, et j’ai dit que c’était sûrement parce que quelque chose avait été organisé contre nous. L‘aéroport était comme les autres fois cerné d’un cordon policier.
Des centaines de citoyens marocains attendaient devant la porte « sortie » de l’aéroport, encadrés par des policiers en civil et en uniforme. Peut-être 800 personnes ou plus.
J’étais avec l'épouse de Mr Mohamed Daddach, Mme Fatimatou Ismaili et leurs trois enfants âgés de 7, 4 et 2 ans.
Nous n’avons pas été autorisées à attendre dans l’aéroport, nous sommes donc restées sur le parking.
10 minutes après avoir décliné nos identités à l’entrée de l’aéroport et été refoulées, le groupe de Marocain est venu vers nous pour nous agresser par des slogans et des gestes. Nous attendions dans la voiture. Ils ne nous connaissaient pas auparavant. Nous avons eu l’impression que les officiers leur ont parlé et qu’ensuite ils sont venus vers nous.
Des vieux Sahraouis présents et visiblement honteux de l’attaque se sont finalement interposés et ont demandé qu’on nous laisse tranquille.
J’ai interpellé l'officier de police marocain, Mr Khalid Barakat sur le danger qu’une telle manigance comportait et sur le risque d’engrenage dans la violence. J’ai ajouté que lui et les autorités marocaines devront assumer toute la responsabilité de ces incitations à la violence.
Il n’a pas nié être parmi les organisateurs du rassemblement des colons. Il a ajouté que c’était nous qui étions allés les provoquer.
Je me suis adressée aussi aux Marocains pour leur dire que le problème était avec le gouvernement et que depuis 1975, il n’y avait pas eu de violence entre nos peuples.
Dans la discussion, certains m’ont dit qu’ils venaient de loin. D’autres ont dit qu’on les avait informés que le roi venait avec une importante délégation et qu’il leur fallait venir montrer leur marocanité. Il y avait sur le parking de nombreux bus et taxis collectifs, avec lesquels ils avaient été amenés.
A 17h55, je me suis également adressée à deux membres de la MINURSO présents sur place, dans leur voiture immatriculée 1549 A 61. Je voulais qu’ils constatent les agressions et le danger, et fassent un rapport à leur organisme.
Le conducteur m’a répondu : « We are not from here », nous ne sommes pas d’ici. Et ils n’ont rien fait, alors qu’ils voyaient bien que nous avions été agressées et insultées et que les enfants étaient terrorisés.
Les citoyens sahraouis, les familles du groupe attendu et les défenseurs de droits humains qui étaient venus les accueillir formaient un petit groupe. Ils ont été comme nous agressés verbalement et provoqués sur le parking de l’aéroport.
De nombreux Marocains avec des appareils photos semblaient attendre que nous réagissions violemment aux provocations et agressions.
Après l’atterrissage de l’avion, j’ai téléphoné aux membres de la délégation pour prévenir de ce qui les attendait, et pour demander qu’ils ne répondent pas aux appels à la violence des provocations.
Après l'atterrissage de l’avion, le groupe des activistes sahraouis a été retardé, en attente de leurs bagages.
De l’extérieur, à la porte de sortie, nous avons vu la scène suivante : dès que des voyageurs, dont des femmes sahraouies en vêtement traditionnel -la Malhfa- se sont approchés de la sortie, le groupe de sujets marocains ont tenté de les attaquer.
Ceux qui semblait être des organisateurs qui les accompagnaient leur ont dit que ce n’étaient pas eux qu’il fallait attaquer.
 Quand tout le monde  eut quitté l’aéroport, les militants ont reçu leurs bagages et se sont dirigés vers la sortie.
À ce moment, comme à un signal, les personnes en civil et en uniforme, dispersées sur le parking de l’aéroport ont rejoint le groupe de centaines de Marocains qui agitaient les drapeaux marocains et des photos du roi.
À la sortie des 11 militants sahraouis, le groupe de Marocains a de nouveau crié des slogans. Ils ont frappé les militants avec des bâtons, avec les drapeaux, leur ont craché au visage en les insultant. Les slogans étaient : « morts aux ennemis », « le roi a laissé son fils » (slogan qui date de la mort de Hassan 2), « Sahara marocain », « les traîtres n’ont pas de place avec nous, quittez notre territoire », « l’autonomie est le seul choix ».
Les services incitateurs ont commencé à perdre le contrôle et la situation s’est aggravée.
Ils m’ont alors demandé de prendre dans ma voiture les deux personnes du groupe qui restaient, Mr Mohamed Daddach et Mlle Sultana Khaya.
Dés qu’ils sont montés dans la voiture, j’ai démarré, et la foule s’est jetée sur la voiture et nous a attaqué. Ils ont cassé la vitre de la voiture.
Les policiers en service et en civil m’ont dit « accélère Ghalia, et quitte l’aéroport ». La situation était vraiment très grave.
J’ai arrêté la voiture et je leur ai dit « je ne peux pas tuer les gens, je ne suis pas criminelle, mais vous qui les avez amenés, réglez ce problème et laisser moi le chemin pour sortir en paix »
Les services de police étaient à ma droite d’où ils me parlaient, et la foule des agresseurs était à gauche. Ils ont cassé la vitre du côté de Daddach. De l’autre coté la vitre était ouverte. En voulant la casser, ils ont donné un violent coup de bâton sur le cou de Sultana.
J’ai de nouveau parlé aux services de police en disant : « c' est votre responsabilité de provoquer ce genre de violence entre les deux peuples sahraoui et marocain ».
Ils ont donné l'ordre qui a été enfin entendu de me laisser passer. Mais j’ai roulé sous les coups des bâtons, de pierre et des coups de pieds dans la voiture. Les Marocains ont essayé de voler le bagage par la vitre cassée.
Le land Rover du citoyen Sahraoui, Rachid Ndour, dans lequel étaient les petits de Daddach, accompagnés de la citoyenne Mme Khemida Rahmouni a aussi été attaqué à coup de pierres.
Les vitres ont été casées. Des morceaux de verres ont touché l’œil de Khemida Rahmouni et l’oreille du plus petit des enfants de Daddach.
La voiture Mercedes de Mlle Malika Ndour a été attaquée à coup de pierres et son pare-brise a été cassé.
La voiture Toyota 4*4 de Mr Bachir Khfawni a reçu des jets de pierres en sortant de l'aéroport, sur la route officielle.
En sortant de l'aéroport un groupe d’une douzaine de jeunes Marocains habillés en civil, avec des espadrilles, ont lancé des pierres sur les voitures des familles des militants sahraouis.

El Aaiun, Sahara Occidental, le 06/04/2010.

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