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mardi 30 juin 2009

Interview sur le 30ème anniversaire de l'AMDH

Interview publiée dans le N°double de ATTADAMOUN, journal de l’AMDH (137/138, juin 2009)

Question 1 :
Le 24 juin 1979, l’AMDH a vu le jour. Quelles étaient selon vous les raisons et les circonstances de sa création ?

Réponse : Jusqu’au début des années soixante dix, les progressistes marocains avaient négligé la lutte démocratique pour les droits humains. Ils sous-estimaient ce front de lutte contre l’autocratisme instauré par Hassan II depuis son intronisation : enlèvement des opposants, torture, procès iniques, absence de liberté d’expression, d’association…
Au début de l’année 1972, des militants marxistes léninistes d’IL AL AMAM et de la gauche de l’UNFP (à leur tête les militants Abdelhamid AMINE et Abderrahmane BENAMEUR) créèrent le 1er comité national contre la répression au Maroc. Ce comité n’a vécu que quelques semaines suite à la répression dont furent victimes certains de ses membres.
La volonté/l’idée des précurseurs de la lutte pour les droits humains ont été mises en pratique à l’intérieur du Maroc par les familles des prisonniers politiques et par certains démocrates, et à l’étranger (surtout en France) essentiellement par les militants du mouvement marxiste-léniniste marocain et par des démocrates français .
En juin 1979, ce mouvement de lutte pour les droits humains s’est concrétisé, organisationnellement et juridiquement par la création de l’AMDH.

Question 2 :
Comment évaluez- vous son travail pendant ces trente années d’existence?
Réponse : malgré la répression, les intimidations, les tentatives de liquidation, l’AMDH a pu jouer un rôle déterminant dans la lutte pour les droits humains, dans la prise de conscience à l’échelle nationale de l’importance de cette lutte, dans la formation des centaines de militant-es sur les méthodes d’approche de la réalité sur le terrain : assimilation des principes de l’AMDH, méthodes d’investigation, l’écoute des victimes, les démarches juridiques, les moyens de dénonciation des violations…L’AMDH a été toujours du côté des victimes, nonobstant leurs opinions politiques, leurs idéologies, leur sexe…
Pendant ses premières années, l’AMDH a donné la priorité aux droits « politiques », ce qui s’expliquait par la réalité de cette période, mais l’opinion publique marocaine a constaté positivement l’élargissement du front de la lutte de l’AMDH aux droits sociaux (culturels, linguistiques, les droits des travailleurs, droits au travail, à l’enseignement…), les droits économiques (lutte contre les augmentations des prix…)…

ـQuestion 3 :
Quelles évaluation faites-vous de son état actuel ? et comment vous voyez les perspectives de l’AMDH?
Réponse : organisationnellement, l’AMDH couvre pratiquement tout le territoire national et a établi des « relais » à l’extérieur. Ses militants se comptent par milliers dont la majorité est sans étiquette partisane. Ce qui, d’un côté, constitue une performance, et démontre d’un autre côté, sa popularité, son caractère de masse et son indépendance. Ce qui ne l’empêche pas d’être du même côté des forces politiques, syndicales et associatives progressistes et démocratiques, car la lutte pour les droits humains dans leur universalité et leur globalité, constitue une lutte pour le progrès, la démocratie et l’émancipation de l’humanité.


4 – Un dernier mot :
Aujourd’hui, l’AMDH constitue la conscience de notre société. Grâce au dévouement de ses militants et à leur intégrité, et par ses positions de principes, par ses rapports (écrits et oraux) objectifs, par ses remarques pertinentes, par son courage, l’AMDH s’est imposée aujourd’hui comme un partenaire sérieux, comme un interlocuteur (dans le domaine des droits humains) incontournable, comme une référence à l’échelle nationale et internationale, comme une base de données fiables…Cela ne peut que réjouir les forces de gauches, les forces de progrès.
Rendons hommage aux familles des prisonniers politiques des années soixante dix qui avaient entamé avec courage cette nouvelle forme de lutte contre l’absolutisme et l’arbitraire du régime de Hassan II. Rappelons que les femmes ( épouses, mères, sœurs, amies) constituaient le fer de lance de ce combat historique.
Bon courage à l’AMDH et bravo ses militant-es !
Ali Fkir, Mohammedia, 1/6/2009
d'autres interviews très intéressantes sont publiées dans le même numéro

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