Questions et réponses par Jean Casella et Sal Rodriguez (The Guardian 27/04/16)
Qu’en
est-il exactement de cette pratique et de son coût ? Réponses aux
questions clefs de l’incarcération en solitaire des prisonniers.
L’incarcération en solitaire signifie la mise en isolation de personnes en cellules fermées pendant 22 à 24 heures par jour. Les détenus y sont privés de tout contact humain, pour des périodes allant de plusieurs journées à quelques dizaines d’années.
Peu de prisons emploient le terme « incarcération en solitaire », se référant plutôt à « l’emprisonnement en ségrégation » ou « placement en logement restrictif ». Les noms varient, mais tous sont utilisés pour désigner des mesures punitives, disciplinaires, ou protectives. Quelle que soit la terminologie employée, ces pratiques ont comme objectif délibéré d’empêcher tout contact social à un détenu pour un temps déterminé ou illimité.
Combien de personnes sont retenues de cette façon ?
Aux Etats-Unis, il est difficile de donner un chiffre. Le manque d’informations sérieuses est dû aux différents systèmes employés par les différents Etats, au manque de données et aux différentes conceptions sur ce qu’est le confinement en solitaire et ce que ne l’est pas. Ceci étant dit, des estimations suggèrent que 80.000 à 100.000 personnes incarcérées se trouvent en confinement solitaire aux Etats-Unis.
En 2015, le Programme d’Intérêt Public ‘’Arthur Liman’’ de la Faculté de Droit de l’Université de Yale et l’Association des administrateurs des services correctionnels ont publié un rapport suggérant ce nombre de 80.000 à 100.000 prisonniers en cellules d’isolement en 2014.
Cette estimation est une extrapolation des données provenant de 34 Etats, qui regroupent 73% de tous les prisonniers aux Etats-Unis, et qui repèrent 66.000 personnes en cellules d’isolement. Ces chiffres ne comprennent pas le nombre de détenus en isolement dans les prisons locales, dans les prisons pour mineurs, dans les prisons militaires ou dans les centres de détention pour immigrés. La durée de la mise en isolement varie de quelques jours à plusieurs semaines mais les chiffres précis sont rares.
Qui est placé en incarcération solitaire ?
Des prisonniers hommes ou femmes peuvent être placés en isolement total pendant des mois ou des années. Non seulement pour des actes de violence, mais aussi pour la possession de produits de contrebande, pour avoir été testés positifs pour drogues, pour avoir ignoré des ordres ou pour avoir utilisé des paroles grossières et offensantes. D’autres finissent en incarcération en solitaire parce qu’ils ont une maladie mentale non-traitée, ou bien sont des mineurs en besoin de « protection », sont homosexuels ou transgenres, sont musulmans avec des convictions politiques, ou encore sont des détenus qui s’y retrouvent pour avoir rapporté de viols ou d’abus commis par des responsables pénitentiaires.
La durée de la mise en incarcération en solitaire se base sur les charges, examinées et traduites en peines par les officiels de la prison avec très peu ou sans contrôle extérieur. Beaucoup de prisons ont des processus d’audience, mais ce n’est qu’une formalité. Les Officiels de la Prison sont à la fois procureurs, juges et jurés et les prisonniers sont rarement représentés par un avocat.
Quelles sont les conditions de vie au quotidien ?
La vie en incarcération solitaire signifie être enfermée dans une cellule jusqu’à 24 heures par jour. Les prisonniers en isolement dans les prisons fédérales, par exemple, ont deux jours complets d’isolement. Pour les autres cinq jours ils sont 23 heures par jour en cellule, avec une heure d’exercice à l’extérieur. En règle générale, l’exercice se déroule seul dans une salle de musculation ou dans une sorte d’aire d’exercice pour chiens, entourée de clôtures ou de murs.
Certains prisonniers sont escortés et enchainés, pour aller à la douche tandis que d’autres ont une douche dans leur cellule. Ils peuvent ne pas être autorisés de quitter leur cellule pour des visites ou pour faire un appel téléphonique.
Les cellules d’isolement total mesurent en général entre 2 mètres sur 3 mètres. Certaines cellules ont de lourdes barres de métal, mais plus souvent elles ont de solides portes métalliques. Les repas sont généralement servis à travers une sorte de passe-plats dans la porte. La communication avec le personnel de la prison se passe aussi par cette ouverture dans la porte. Les personnes incarcérées de cette façon y vivent une inactivité forcée. Parfois ils sont interdits d’avoir une télévision ou une radio, ou d’avoir du matériel artistique ou de lecture.
Quelles sont les répercussions psychologiques de ce genre d’incarcération ?
En 1993, à la prison de Pelican Bay, en Californie du Nord, une étude a été réalisée avec de longues interviews avec des personnes retenues en incarcération solitaire. Cette étude a révélé combien le confinement en isolement induit des désordres psychiatriques caractérisés par une hypersensibilité aux stimulations extérieures, des hallucinations et des crises de panique, des pertes de mémoire, des pensées obsessionnelles, paranoïa et une litanie d’autres problèmes physiques et psychologique… De très hauts degrés d’anxiété ont été évalués parmi les personnes confinées en solitaire à la prison de Pelican Bay, ainsi qu’une nervosité récurrente, des répétitions obsessionnelles, un état de colère et de fantaisies violentes, des cauchemars et des graves troubles du sommeil, aussi bien que des vertiges, la transpiration des mains et des palpitations cardiaques.
En août 2011, le Comité de sécurité publique de la Californie a entendu le témoignage de Dr. Craig Haney sur les effets du confinement solitaire : « Les prisonniers de ces unités se plaignent de sentiments éprouvants de tristesse, de désespoir et de dépression. Le taux de suicides dans ces unités de Californie est plus haut que dans n’importe quelle autre prison du pays. Beaucoup de personnes retenues dans les SHU (Security Housing Units), des unités d’isolement, sont devenues profondément paranoïaques, très anxieuses et effrayées de tout contact humain (lorsque, très rarement, ce contact leur est permis). Certains commencent à perdre la raison, et se détériorent physiquement et moralement. »
Des personnes malades mentalement sont-elles retenues en isolation complète ?
Oui, et en grand nombre. Durant ces dernières trente années, les prisons des USA sont devenues les plus grands centres psychiatriques du pays. Les cellules de confinement solitaire en particulier sont utilisées pour y loger des milliers d’individus atteints de maladies mentales. Dans un rapport de 2003, basé sur des données de l’Etat, Human Rights Watch a estimé qu’un tiers jusqu’à la moitié des personnes retenues en isolement souffrent d’une forme de maladie mentale.
Quel est le coût de cette forme d’emprisonnement ?
Non seulement la construction et l’entretien des unités de confinement solitaire sont plus coûteux que les unités normales dans les prisons, il est aussi significativement plus cher de garder des personnes en isolement que celles placées en population carcérale générale. Le coût moyen d’un enfermement en isolement est estimé nationalement, et payé par les contribuables, à 75.000 dollars par an.
Brève histoire de l’enfermement solitaire aux USA.
Fin du 18ième siècle l’utilisation du confinement solitaire a été commencée par les Quakers. Par motivation humanitaire, ils croyaient bien agir en protégeant les détenus des indignités des prisons surpeuplées où les flagellations et humiliations publiques de toutes sortes étaient choses courantes. Il devint rapidement clair que les cas extrêmes d’isolement provoquaient des dégâts irréversibles à la santé mentale des prisonniers, conduisant au suicide. Ainsi que l’écrit Charles Dickens après une visite à une prison américaine en 1842 : « je constate que ce lent et quotidien ravage des mystères du cerveau humain est beaucoup plus grave que n’importe quelle torture physique. »
1934. Après une longue période où il ne fut plus question de confinement solitaire, l’isolement fait son retour à Alcatraz, où quelques dizaines de prisonniers, les pires parmi les pires, sont retenus en isolation au « Bloc D ». Une cellule, connue comme « le trou », était une pièce en béton dépourvue de relief, excepté un trou dans le sol, et sans lumière. Les détenus y étaient gardés nus. Les aliments sont passés par un trou dans la porte.
1950. La CIA finance des investigations sur les effets de l’incarcération en solitaire sur les interrogatoires et joue ainsi un rôle dans le retour de cette forme d’emprisonnement. Les prisons conçues avec des cellules disposées le long des corridors sont facilement visibles d’une tour centrale, d’où surveillance plus facile. Mais son usage reste limité.
1983. L’assassinat de deux gardiens à la Prison Fédérale Marion en Illinois conduit l’entière population des prisonniers à être confinée en isolement cellulaire – un évènement qui sera connu sous le nom de « The Marion Lockdown ». Après la crise cette forme d’enfermement continue et fait de la prison de Marion la première « Supermax prison » aux USA, bientôt suivie par d’autres prisons similaires dans le pays.
1990. Les premières prisons « supermax » sont construites un peu partout aux USA, prévoyant les unités d’isolement où les condamnés passent 22,5h par jour. Les critiques décrivent les supermax comme un glissement vers un modèle d’enfermement punitif, un changement de culture qui rend le confinement solitaire acceptable.
1994. La charte du crime élaborée à l’époque de Bill Clinton accorde des subventions aux Etats qui allongent les sentences. Beaucoup de ces Etats utilisent cet argent pour construire des prisons supermax, ou des unités de logement en solitaire pour maitriser l’explosion de le population carcérales. Ces nouvelles facilités font à leur tour exploser le nombre de prisonniers en isolement. Ainsi de 1995 à 2000, leur nombre croît de 40%. En 2005 le nombre atteint 80.000.
Source https://www.theguardian.com/world/2016/apr/27/what-is-solitary-confinement
L’incarcération en solitaire signifie la mise en isolation de personnes en cellules fermées pendant 22 à 24 heures par jour. Les détenus y sont privés de tout contact humain, pour des périodes allant de plusieurs journées à quelques dizaines d’années.
Peu de prisons emploient le terme « incarcération en solitaire », se référant plutôt à « l’emprisonnement en ségrégation » ou « placement en logement restrictif ». Les noms varient, mais tous sont utilisés pour désigner des mesures punitives, disciplinaires, ou protectives. Quelle que soit la terminologie employée, ces pratiques ont comme objectif délibéré d’empêcher tout contact social à un détenu pour un temps déterminé ou illimité.
Combien de personnes sont retenues de cette façon ?
Aux Etats-Unis, il est difficile de donner un chiffre. Le manque d’informations sérieuses est dû aux différents systèmes employés par les différents Etats, au manque de données et aux différentes conceptions sur ce qu’est le confinement en solitaire et ce que ne l’est pas. Ceci étant dit, des estimations suggèrent que 80.000 à 100.000 personnes incarcérées se trouvent en confinement solitaire aux Etats-Unis.
En 2015, le Programme d’Intérêt Public ‘’Arthur Liman’’ de la Faculté de Droit de l’Université de Yale et l’Association des administrateurs des services correctionnels ont publié un rapport suggérant ce nombre de 80.000 à 100.000 prisonniers en cellules d’isolement en 2014.
Cette estimation est une extrapolation des données provenant de 34 Etats, qui regroupent 73% de tous les prisonniers aux Etats-Unis, et qui repèrent 66.000 personnes en cellules d’isolement. Ces chiffres ne comprennent pas le nombre de détenus en isolement dans les prisons locales, dans les prisons pour mineurs, dans les prisons militaires ou dans les centres de détention pour immigrés. La durée de la mise en isolement varie de quelques jours à plusieurs semaines mais les chiffres précis sont rares.
Qui est placé en incarcération solitaire ?
Des prisonniers hommes ou femmes peuvent être placés en isolement total pendant des mois ou des années. Non seulement pour des actes de violence, mais aussi pour la possession de produits de contrebande, pour avoir été testés positifs pour drogues, pour avoir ignoré des ordres ou pour avoir utilisé des paroles grossières et offensantes. D’autres finissent en incarcération en solitaire parce qu’ils ont une maladie mentale non-traitée, ou bien sont des mineurs en besoin de « protection », sont homosexuels ou transgenres, sont musulmans avec des convictions politiques, ou encore sont des détenus qui s’y retrouvent pour avoir rapporté de viols ou d’abus commis par des responsables pénitentiaires.
La durée de la mise en incarcération en solitaire se base sur les charges, examinées et traduites en peines par les officiels de la prison avec très peu ou sans contrôle extérieur. Beaucoup de prisons ont des processus d’audience, mais ce n’est qu’une formalité. Les Officiels de la Prison sont à la fois procureurs, juges et jurés et les prisonniers sont rarement représentés par un avocat.
Quelles sont les conditions de vie au quotidien ?
La vie en incarcération solitaire signifie être enfermée dans une cellule jusqu’à 24 heures par jour. Les prisonniers en isolement dans les prisons fédérales, par exemple, ont deux jours complets d’isolement. Pour les autres cinq jours ils sont 23 heures par jour en cellule, avec une heure d’exercice à l’extérieur. En règle générale, l’exercice se déroule seul dans une salle de musculation ou dans une sorte d’aire d’exercice pour chiens, entourée de clôtures ou de murs.
Certains prisonniers sont escortés et enchainés, pour aller à la douche tandis que d’autres ont une douche dans leur cellule. Ils peuvent ne pas être autorisés de quitter leur cellule pour des visites ou pour faire un appel téléphonique.
Les cellules d’isolement total mesurent en général entre 2 mètres sur 3 mètres. Certaines cellules ont de lourdes barres de métal, mais plus souvent elles ont de solides portes métalliques. Les repas sont généralement servis à travers une sorte de passe-plats dans la porte. La communication avec le personnel de la prison se passe aussi par cette ouverture dans la porte. Les personnes incarcérées de cette façon y vivent une inactivité forcée. Parfois ils sont interdits d’avoir une télévision ou une radio, ou d’avoir du matériel artistique ou de lecture.
Quelles sont les répercussions psychologiques de ce genre d’incarcération ?
En 1993, à la prison de Pelican Bay, en Californie du Nord, une étude a été réalisée avec de longues interviews avec des personnes retenues en incarcération solitaire. Cette étude a révélé combien le confinement en isolement induit des désordres psychiatriques caractérisés par une hypersensibilité aux stimulations extérieures, des hallucinations et des crises de panique, des pertes de mémoire, des pensées obsessionnelles, paranoïa et une litanie d’autres problèmes physiques et psychologique… De très hauts degrés d’anxiété ont été évalués parmi les personnes confinées en solitaire à la prison de Pelican Bay, ainsi qu’une nervosité récurrente, des répétitions obsessionnelles, un état de colère et de fantaisies violentes, des cauchemars et des graves troubles du sommeil, aussi bien que des vertiges, la transpiration des mains et des palpitations cardiaques.
En août 2011, le Comité de sécurité publique de la Californie a entendu le témoignage de Dr. Craig Haney sur les effets du confinement solitaire : « Les prisonniers de ces unités se plaignent de sentiments éprouvants de tristesse, de désespoir et de dépression. Le taux de suicides dans ces unités de Californie est plus haut que dans n’importe quelle autre prison du pays. Beaucoup de personnes retenues dans les SHU (Security Housing Units), des unités d’isolement, sont devenues profondément paranoïaques, très anxieuses et effrayées de tout contact humain (lorsque, très rarement, ce contact leur est permis). Certains commencent à perdre la raison, et se détériorent physiquement et moralement. »
Des personnes malades mentalement sont-elles retenues en isolation complète ?
Oui, et en grand nombre. Durant ces dernières trente années, les prisons des USA sont devenues les plus grands centres psychiatriques du pays. Les cellules de confinement solitaire en particulier sont utilisées pour y loger des milliers d’individus atteints de maladies mentales. Dans un rapport de 2003, basé sur des données de l’Etat, Human Rights Watch a estimé qu’un tiers jusqu’à la moitié des personnes retenues en isolement souffrent d’une forme de maladie mentale.
Quel est le coût de cette forme d’emprisonnement ?
Non seulement la construction et l’entretien des unités de confinement solitaire sont plus coûteux que les unités normales dans les prisons, il est aussi significativement plus cher de garder des personnes en isolement que celles placées en population carcérale générale. Le coût moyen d’un enfermement en isolement est estimé nationalement, et payé par les contribuables, à 75.000 dollars par an.
Brève histoire de l’enfermement solitaire aux USA.
Fin du 18ième siècle l’utilisation du confinement solitaire a été commencée par les Quakers. Par motivation humanitaire, ils croyaient bien agir en protégeant les détenus des indignités des prisons surpeuplées où les flagellations et humiliations publiques de toutes sortes étaient choses courantes. Il devint rapidement clair que les cas extrêmes d’isolement provoquaient des dégâts irréversibles à la santé mentale des prisonniers, conduisant au suicide. Ainsi que l’écrit Charles Dickens après une visite à une prison américaine en 1842 : « je constate que ce lent et quotidien ravage des mystères du cerveau humain est beaucoup plus grave que n’importe quelle torture physique. »
1934. Après une longue période où il ne fut plus question de confinement solitaire, l’isolement fait son retour à Alcatraz, où quelques dizaines de prisonniers, les pires parmi les pires, sont retenus en isolation au « Bloc D ». Une cellule, connue comme « le trou », était une pièce en béton dépourvue de relief, excepté un trou dans le sol, et sans lumière. Les détenus y étaient gardés nus. Les aliments sont passés par un trou dans la porte.
1950. La CIA finance des investigations sur les effets de l’incarcération en solitaire sur les interrogatoires et joue ainsi un rôle dans le retour de cette forme d’emprisonnement. Les prisons conçues avec des cellules disposées le long des corridors sont facilement visibles d’une tour centrale, d’où surveillance plus facile. Mais son usage reste limité.
1983. L’assassinat de deux gardiens à la Prison Fédérale Marion en Illinois conduit l’entière population des prisonniers à être confinée en isolement cellulaire – un évènement qui sera connu sous le nom de « The Marion Lockdown ». Après la crise cette forme d’enfermement continue et fait de la prison de Marion la première « Supermax prison » aux USA, bientôt suivie par d’autres prisons similaires dans le pays.
1990. Les premières prisons « supermax » sont construites un peu partout aux USA, prévoyant les unités d’isolement où les condamnés passent 22,5h par jour. Les critiques décrivent les supermax comme un glissement vers un modèle d’enfermement punitif, un changement de culture qui rend le confinement solitaire acceptable.
1994. La charte du crime élaborée à l’époque de Bill Clinton accorde des subventions aux Etats qui allongent les sentences. Beaucoup de ces Etats utilisent cet argent pour construire des prisons supermax, ou des unités de logement en solitaire pour maitriser l’explosion de le population carcérales. Ces nouvelles facilités font à leur tour exploser le nombre de prisonniers en isolement. Ainsi de 1995 à 2000, leur nombre croît de 40%. En 2005 le nombre atteint 80.000.
Source https://www.theguardian.com/world/2016/apr/27/what-is-solitary-confinement
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