jeudi, 12 janvier 2017 19:14
WASHINGTON - L'ONG Human Rights Watch (HRW) a dénoncé jeudi l'expulsion
par le Maroc des observateurs des droits de l'Homme des territoires
sahraouis occupés, en s’indignant des manoeuvres marocaines pour saper le
processus onusien.
En 2016, de nombreuses personnes ont continué à purger de longues
peines de prison après des procès inéquitables pour des infractions
reposant sur des motifs politiques, s’indigne l’ONG, citant en cela les
détenus de Gdeim Izik, condamnés par un tribunal militaire marocain sur
la base de fausses déclarations arrachées sous la torture.
"Les autorités (marocaines) ont expulsé plusieurs visiteurs étrangers
venus pour témoigner de la situation des droits humains au Sahara
occidental ou bien pour y participer à des événements liés aux droits
humains", relève HRW dans son rapport annuel sur la situation des droits
de l’Homme dans le monde.
L’ONG cite le cas de Carlos Beristain, un expert espagnol des droits
humains au Sahara occidental et de deux autres Espagnols, expulsés par
le Maroc, alors qu’ils devaient participer à un événement public
organisé par l'Association sahraouie des victimes de graves violations
des droits de l'homme (ASVDH).
"Les autorités marocaines ont restreint les activités des associations
locales de défense des droits humains et étendu les restrictions
imposées aux organisations internationales de défense des droits
humains", souligne l’ONG, dont le siège se trouve à Washington.
Appuyant son constat, l’ONG américaine se réfère au rapport 2016 du
département D’État sur la situation des droits de l’homme dans le monde
qui a accablé le Maroc pour les violations des droits de l’homme.
Le département d’État a "insisté sur la véracité du contenu de fond du
chapitre (consacré au Maroc)" après que le ministre marocain de
l'Intérieur ait nié l’existence de ces violations, pourtant documentées
et confirmées par plusieurs ONG et défenseurs des droits de l’homme,
rappelle l’ONG américaine.
HRW est revenu dans son rapport sur les propos tenus par l’ancien
secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, qui avait qualifié la présence
marocaine au Sahara occidental d'"occupation" en évoquant la nécessité
de la tenue d’un référendum d’autodétermination.
L’ONG américaine critique également la mesure du Congrès de 2016 qui a
permis que l’aide américaine alloué au Maroc soit dépensée au Sahara
occidental.
Pour rappel, le département d’État avait déjà rejeté en 2016 une mesure
pareille, estimant que son application revenait à reconnaître
indirectement le Maroc comme puissance administrante.
Cette mesure se trouve ainsi en contradiction avec la position des
Etats-Unis qui "ne reconnaissent pas la souveraineté du Maroc sur le
Sahara Occidental", explique HRW qui évoque à ce sujet un autre
financement gouvernemental accordé à une ONG américaine, International
Republican Institute, pour la réalisation d'un programme de deux ans au
Sahara occidental sur la société civile et la gouvernance participative.
Human Rights Watch relève, par ailleurs, que la Cour de justice de
l’Union européenne (UE) a rendu son verdict concernant l’application des
accords d’association et de libéralisation entre l’UE et le Maroc en se
basant sur le fait que l’accord était "défectueux" car il "ne présente
pas les garanties nécessaires pour que les ressources de la région du
Sahara profitent aux habitants locaux".
Publié dans:
MONDE
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