CINÉMA - Driss Deiback est un homme en colère. Et pour cause,
son documentaire sur la vie de l'écrivain Mohamed Choukri intitulé
"Choukri, un homme sincère", a été déprogrammé de la cinquième édition
du festival de cinéma de Nador.
Dans un communiqué, le
réalisateur natif de Melilla, affirme être victime de censure, bien
qu'il ait "obtenu le visa d’exploitation du Centre cinématographie
marocain (CMM)". Ce dernier affirme que le directeur du festival lui a
fait parvenir une note "froide et brève" pour lui annoncer la nouvelle.
Driss Deiback ajoute que le directeur de l'événement lui aurait fait
savoir que cette décision a été prise car son film aborde des "thèmes
délicats" susceptibles de "blesser les sensibilités, surtout celles des
intégristes religieux et d’autres spectateurs conservateurs".
Face
à ses protestations, Driss Deiback affirme qu'on lui aurait répondu
"qu’il pouvait présenter toutes les plaintes qu’il voulait" car en tant
que "citoyen espagnol, elles n’avaient aucune possibilité d’aboutir au
Maroc".
Le style de vie de Choukri pose problème
Mais
qu'est ce qui a pu faire aussi peur à la direction du festival? Driss
Dreiback décrit dans son communiqué plusieurs passages du film qui ont
fait grincer des dents du côté de Nador. Il y aurait tout d'abord cette
scène où intervient Rajae Boumediene, la traductrice de Choukri. Cette
dernière y affirme que "l’arabe est une langue répressive et
castratrice" pour les femmes, les empêchant "d'exprimer dans l’intimité
leurs désirs sexuels avec leurs amants sinon elles sont considérées
comme des putains".
Le style de vie de l'auteur dépeint dans le
documentaire aurait également posé problème. L'auteur du célèbre roman
le "Pain nu", est présenté comme "un libre penseur" et décrit comme un
homme bien loin de respecter les préceptes de l'Islam: "Il ne faisait
pas le Ramadan et buvait de l’alcool" poursuit le réalisateur dans son
communiqué.
Victime de sabotage?
Une
solution aurait tout de même été proposée au réalisateur pour diffuser
son film, à savoir "passer le film à 15h le 6 mai, car ce jour-là et à
la même heure" sera célébré dans un autre lieu de la ville "un événement
propre au festival où on distribuera des prix et des hommages", indique
le communiqué. Ce qui permettrait "d'avoir une salle de projection vide
de spectateurs" estime Driss Deiback. Il aurait également été demandé à
Ezran Films, la société productrice du film, de "fournir une copie du
documentaire en basse qualité afin d'éviter tout piratage". Ce qui
constitue "tout un acte de sabotage" pour le réalisateur.
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