Le royaume du Maroc a essuyé, ce vendredi 29 avril, un revers diplomatique dans la bataille qui l’oppose au Secrétaire général (SG) des Nations unies (ONU). Le vote d’une résolution par le Conseil de sécurité des Nations unies pour un retour du personnel civil de la Minurso au Sahara occidental et un renouvellement jusqu’au 30 avril 2017 de la mission onusienne a tout de même fait l’objet d’intenses tractations et d’un débat houleux.
Un vote à une voix près, mais…
Il fallait 9 voix en faveur de la
résolution pour que celle-ci soit adoptée. Elle en a recueilli 10, soit
une seule de plus que nécessaire. Un décompte qui reflète les tensions
et les tractations au sein de l’organe suprême de l’ONU. Ce qui fait
dire à l’ambassadrice américaine aux Nations unies, Samantha Power, dont
le pays est à l’origine du projet de résolution : « Cette année, le
renouvellement du mandat [de la Minurso, NDLR] a été un défi et
litigieux. C’est un euphémisme que de le dire », rapporte l’agence Reuters.
Le renouvellement est traditionnellement
le débat annuel le plus houleux au sein du Conseil, rappelle la même
source. Ainsi, des pays ont clairement marqué leur souhait d’obtenir une
résolution plus contraignante, prévoyant explicitement des sanctions
contre le Maroc en cas de non-respect de ses engagements. C’est le cas
du Venezuela, de l’Uruguay et de la Nouvelle-Zélande.
Bien que le représentant néo-zélandais,
Gerard van Bohemen, se soit abstenu lors du vote, il a exprimé ses
regrets dans son discours au Conseil : « Cela n’aurait pas dû se passer
ainsi, a-t-il déploré. La résolution devait rappeler la réalité : que l’expulsion de la composante civile a sérieusement compromis la mission et ses capacités à remplir son mandat », selon des propos rapportés par Reuters.
Ainsi, en ajoutant l’abstention de la
Russie, qui adopte une position traditionnellement neutre et équilibrée,
le vote de la résolution est moins partagé qu’il n’y parait. Avec dix
voix pour, 2 votes contre et une abstention, qui plaidaient tous trois
en faveur d’un texte plus contraignant, il s’agit d’une victoire
symbolique significative pour le Front Polisario. Le représentant
sahraoui à l’ONU a, pour sa part, relevé « un pas dans la bonne
direction », bien qu’il déplore le retrait de la mention plus explicite
de sanctions contre le Maroc, toujours selon Reuters.
La France salue une résolution « équilibrée »
De son côté, l’ambassadeur de France aux Nations unies, François Delattre a considéré la résolution « équilibrée ». Son pays, allié traditionnel du Maroc
sur le dossier du Sahara occidental, ainsi que l’Espagne et le Sénégal,
s’est montré concilient à l’égard de la position marocaine.
Ces pays ont réussi à adoucir, un tant
soit peu, la teneur de la résolution présentée par les États-Unis, mais
le Conseil de sécurité, tout en déplorant « que la capacité de la
Minurso (…) ait été limitée », mentionne « qu’il est urgent que la
Minurso puisse de nouveau exercer pleinement ses fonctions » ce qui
implique un retour du personnel civil, récemment expulsé sur décision du
roi du Maroc, Mohammed VI. Une action alors présentée comme
« irrévocable ».
Par ailleurs, la résolution
« réaffirme » les résolutions précédentes, renvoyant vers l’organisation
d’un référendum d’autodétermination, bien que ce terme ne soit pas
directement mentionné, relève Reuters.
Enfin, plusieurs pays estiment que le
Maroc, à travers l’expulsion des fonctionnaires onusiens, risquait
d’ouvrir la « boite de pandore » et que d’autres pays, comme la
République démocratique du Congo ou le Soudan, lui emboîtent le pas et
remettent en cause à leurs tours les missions de l’ONU sur leurs
territoires.
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