Par Mohamed Lamine Bouhali. Ministre du Repeuplement des territoires sahraouis, ex-ministre de la Défense
«Il faut nous préparer au pire»
- Le Maroc a pris une décision unilatérale de réduire la
composante civile de la Minurso. Le Front Polisario a qualifié la
décision de «déclaration de guerre». Des manœuvres ont été effectuées
par l’Armée de libération populaire sahraouie (ALPS). Quelle réponse
compte adresser la partie sahraouie au royaume du Maroc ?
Nous avons été surpris par la décision du Maroc d’expulser la composante civile de la Mission des Nations unies, les pressions et le retour au langage de la force, le retour sur les négociations et le plan y menant. A la lumière des nouvelles données, il faut nous préparer au pire. Nous attendons la décision du Conseil de sécurité pour savoir si nous irons en guerre ou vers la paix.
- Peut-on comprendre par là que la probabilité d’une guerre est privilégiée ?
Tout à fait, maintenant c’est cette option qui est prise au sérieux. Nous préparons notre armée à la guerre. Mais nous persistons à dire que nous sommes des partisans de la paix. Nous répondons à une situation posée par notre adversaire. La guerre sera portée dans les territoires de l’ennemi et pas seulement dans les territoires occupés.
- Considérez-vous la mort d’un Sahraoui en mars dernier au «mur de la honte» comme une violation du cessez-le-feu signé entre le Front Polisario et le Maroc ?
Pour nous, tuer un Sahraoui sur sa terre est le plus grand des crimes. C’est inacceptable. Les envahisseurs agissent de la sorte de tout temps. Ce pays qui prétend défendre l’islam le bafoue. Il ne prête pas attention aux appels des pays musulmans en agressant d’autres adeptes de cette même religion.
- Comment appréciez-vous la position des pays musulmans du Golfe, plus particulièrement celle des Saoudiens ? Quel appel leur lancez-vous ?
Nous regrettons énormément cette position. Nous savons que les Saoudiens ont financé le Maroc du temps du roi Hassan II, en dotant l’armée royale d’armes et d’avions. Ces mêmes Saoudiens lui ont donné des lots d’armes et du pétrole pour l’aider à prendre le dessus. Mais Dieu en a voulu autrement. Nos adversaires ont été déçus. Nous les avons à maintes reprises appelé à la repentance.
- Les dernières positions du Conseil de coopération du Golfe montrent qu’il n’y a pas eu d’écho à vos appels…
Les alliés du Golfe du régime marocain, les Saoudiens à leur tête, doivent savoir que nous ne voulons pas leur faire la guerre. Nous ne voulons agresser quiconque. Notre objectif est de défendre nos droits. Nous ne voulons pas changer le régime au Maroc, ni instaurer une République ou même la démocratie dans ce pays. Les amis des Marocains doivent les conseiller pour qu’ils cessent d’agresser des frères en religion. Nous ne demandons qu’à aller vers un référendum d’autodétermination pour être rétablis dans nos droits.
Nous avons été surpris par la décision du Maroc d’expulser la composante civile de la Mission des Nations unies, les pressions et le retour au langage de la force, le retour sur les négociations et le plan y menant. A la lumière des nouvelles données, il faut nous préparer au pire. Nous attendons la décision du Conseil de sécurité pour savoir si nous irons en guerre ou vers la paix.
- Peut-on comprendre par là que la probabilité d’une guerre est privilégiée ?
Tout à fait, maintenant c’est cette option qui est prise au sérieux. Nous préparons notre armée à la guerre. Mais nous persistons à dire que nous sommes des partisans de la paix. Nous répondons à une situation posée par notre adversaire. La guerre sera portée dans les territoires de l’ennemi et pas seulement dans les territoires occupés.
- Considérez-vous la mort d’un Sahraoui en mars dernier au «mur de la honte» comme une violation du cessez-le-feu signé entre le Front Polisario et le Maroc ?
Pour nous, tuer un Sahraoui sur sa terre est le plus grand des crimes. C’est inacceptable. Les envahisseurs agissent de la sorte de tout temps. Ce pays qui prétend défendre l’islam le bafoue. Il ne prête pas attention aux appels des pays musulmans en agressant d’autres adeptes de cette même religion.
- Comment appréciez-vous la position des pays musulmans du Golfe, plus particulièrement celle des Saoudiens ? Quel appel leur lancez-vous ?
Nous regrettons énormément cette position. Nous savons que les Saoudiens ont financé le Maroc du temps du roi Hassan II, en dotant l’armée royale d’armes et d’avions. Ces mêmes Saoudiens lui ont donné des lots d’armes et du pétrole pour l’aider à prendre le dessus. Mais Dieu en a voulu autrement. Nos adversaires ont été déçus. Nous les avons à maintes reprises appelé à la repentance.
- Les dernières positions du Conseil de coopération du Golfe montrent qu’il n’y a pas eu d’écho à vos appels…
Les alliés du Golfe du régime marocain, les Saoudiens à leur tête, doivent savoir que nous ne voulons pas leur faire la guerre. Nous ne voulons agresser quiconque. Notre objectif est de défendre nos droits. Nous ne voulons pas changer le régime au Maroc, ni instaurer une République ou même la démocratie dans ce pays. Les amis des Marocains doivent les conseiller pour qu’ils cessent d’agresser des frères en religion. Nous ne demandons qu’à aller vers un référendum d’autodétermination pour être rétablis dans nos droits.
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Le peuple sahraoui ne croit plus en la paix.«Un jour, nous allons reconquérir Laâyoune»
Pour la jeunesse, il est hors de question de faire des concessions sur le...
Les jeunes officiers de l’Armée de libération populaire sahraouie (ALPS) estiment que ce «qui a été pris par les armes ne sera repris que par les armes».
Camp des réfugiés de Boujdour. Jour ordinaire au «27», un des cinq
camps des réfugiés à Tindouf. Le climat, très rude en cette période de
l’année, est plutôt chaud. Temps inhabituel, comme l’est depuis quelques
jours la situation politique provoquée par la décision marocaine
d’expulser la composante civile de la Minurso.
Quel est l’état d’esprit du peuple sahraoui après l’escalade ?
«La jeunesse est prête pour la guerre. La paix dure depuis plus de 20 ans. Mais quelle est cette paix qui nous éloigne de notre terre ?» s’interroge dans un soupir Sid Ahmed, correcteur à la radio RASD et chauffeur de taxi à ses heures perdues. La trentaine, ce père de famille «pense à l’avenir de ses trois enfants». «J’ai un magistère en langue et littérature arabes obtenu à l’université africaine d’Adrar. J’ai perdu l’espoir d’avoir un avenir meilleur.
Avec mes 4000 DA que je gagne à la Radio, je subsiste à peine… comme mes compatriotes. Je pense surtout à mes trois enfants. Ils ne doivent pas vivre la vie que j’ai endurée dans les camps, où les conditions climatiques sont très difficiles», poursuit «cet éternel combattant» originaire de Laâyoune, où sa famille possède des terres. Des terres dont elle a été expropriée.
Acculée, la direction politique menace de reprendre les armes suite à la décision unilatérale du Maroc de réduire la composante civile de la Minurso. «Le peuple est prêt à toute éventualité, dans les camps, dans les territoires libérés ou occupés. Il réclame, surtout les jeunes, le retour à la lutte armée. La jeunesse réclame des entraînements au maniement des armes pour un retour rapide à la lutte», reconnaît l’ancien ministre de la Défense, Mohamed Lamine Bouhali, qui refuse, après une vingtaine d’années de service, de reprendre la vie civile, mais veut être un «djoundi» au service de l’objectif commun de son peuple.
Les jeunes loups de l’ALPS veulent en découdre
Les jeunes officiers de l’Armée de libération populaire sahraouie (ALPS) estiment que ce «qui a été pris par les armes ne sera repris que par les armes». La décision de la probable reprise des armes, enrobée dans un langage plus retenu, a été prise lors du 14e congrès du Front Polisario.
A cette occasion, de jeunes militants du Front ont défendu cette option que les vieux combattants historiques ont toujours écartée par respect pour les engagements onusiens. «Nous ne sommes pas un peuple lâche», a indiqué Youcef Ahmed, jeune membre du secrétariat général du Front Polisario lors d’un point de presse improvisé, la veille des manœuvres de l’ALPS dans un dispensaire en préfabriqué à Aghouinit, à l’extrême sud des territoires libérés.
Selon ce fringant militaire à la carrure athlétique, les efforts diplomatiques n’annulent pas la reprise des armes. «La RASD a exprimé sa désapprobation à travers la lettre adressée par son président Mohamed Abdelaziz au Conseil de sécurité en précisant que la décision marocaine touche au contenu du plan du règlement du conflit. Nous avons envoyé des délégations partout, en Europe, à l’Assemblée nationale française, dans les pays scandinaves, etc.
L’objectif du Front Polisario est de dénoncer l’escalade marocaine. Il est hors de question de faire des concessions sur le droit inaliénable de notre peuple à son indépendance», résume Youcef Ahmed. Les réfugiés sahraouis sont unanimes à penser qu’un jour ils retourneront sur la terre de leurs ancêtres. «De plus en plus de personnes se rendent à Mhiriz en territoires libérés, où les conditions de vie sont plus clémentes qu’à Tindouf. Un jour, on ira plus loin», lâche dans un large sourire le chauffeur de Boujdour.
Quel est l’état d’esprit du peuple sahraoui après l’escalade ?
«La jeunesse est prête pour la guerre. La paix dure depuis plus de 20 ans. Mais quelle est cette paix qui nous éloigne de notre terre ?» s’interroge dans un soupir Sid Ahmed, correcteur à la radio RASD et chauffeur de taxi à ses heures perdues. La trentaine, ce père de famille «pense à l’avenir de ses trois enfants». «J’ai un magistère en langue et littérature arabes obtenu à l’université africaine d’Adrar. J’ai perdu l’espoir d’avoir un avenir meilleur.
Avec mes 4000 DA que je gagne à la Radio, je subsiste à peine… comme mes compatriotes. Je pense surtout à mes trois enfants. Ils ne doivent pas vivre la vie que j’ai endurée dans les camps, où les conditions climatiques sont très difficiles», poursuit «cet éternel combattant» originaire de Laâyoune, où sa famille possède des terres. Des terres dont elle a été expropriée.
Acculée, la direction politique menace de reprendre les armes suite à la décision unilatérale du Maroc de réduire la composante civile de la Minurso. «Le peuple est prêt à toute éventualité, dans les camps, dans les territoires libérés ou occupés. Il réclame, surtout les jeunes, le retour à la lutte armée. La jeunesse réclame des entraînements au maniement des armes pour un retour rapide à la lutte», reconnaît l’ancien ministre de la Défense, Mohamed Lamine Bouhali, qui refuse, après une vingtaine d’années de service, de reprendre la vie civile, mais veut être un «djoundi» au service de l’objectif commun de son peuple.
Les jeunes loups de l’ALPS veulent en découdre
Les jeunes officiers de l’Armée de libération populaire sahraouie (ALPS) estiment que ce «qui a été pris par les armes ne sera repris que par les armes». La décision de la probable reprise des armes, enrobée dans un langage plus retenu, a été prise lors du 14e congrès du Front Polisario.
A cette occasion, de jeunes militants du Front ont défendu cette option que les vieux combattants historiques ont toujours écartée par respect pour les engagements onusiens. «Nous ne sommes pas un peuple lâche», a indiqué Youcef Ahmed, jeune membre du secrétariat général du Front Polisario lors d’un point de presse improvisé, la veille des manœuvres de l’ALPS dans un dispensaire en préfabriqué à Aghouinit, à l’extrême sud des territoires libérés.
Selon ce fringant militaire à la carrure athlétique, les efforts diplomatiques n’annulent pas la reprise des armes. «La RASD a exprimé sa désapprobation à travers la lettre adressée par son président Mohamed Abdelaziz au Conseil de sécurité en précisant que la décision marocaine touche au contenu du plan du règlement du conflit. Nous avons envoyé des délégations partout, en Europe, à l’Assemblée nationale française, dans les pays scandinaves, etc.
L’objectif du Front Polisario est de dénoncer l’escalade marocaine. Il est hors de question de faire des concessions sur le droit inaliénable de notre peuple à son indépendance», résume Youcef Ahmed. Les réfugiés sahraouis sont unanimes à penser qu’un jour ils retourneront sur la terre de leurs ancêtres. «De plus en plus de personnes se rendent à Mhiriz en territoires libérés, où les conditions de vie sont plus clémentes qu’à Tindouf. Un jour, on ira plus loin», lâche dans un large sourire le chauffeur de Boujdour.
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