Les violations des droits de l’homme dans les territoires sahraouis
occupés se sont encore aggravées malgré les engagements pris par le
Maroc, ont déploré des députés européens qui estiment que ces violations
découlent directement de la non-application du droit de la population
sahraouie à l’autodétermination.
Les parlementaires européens qui continuent à dénoncer les violations
des droits de l’homme dont est victime la population sahraouie
soulignent que les manifestations, toujours pacifiques, de la population
sahraouie pour le droit à l’autodétermination sont «violemment
réprimées». De nombreux militants sahraouis arrêtés sont condamnés au
cours de procès inéquitables, ont affirmé des eurodéputés, relevant que
la pratique de la torture et des traitements inhumains perdure. «Les
libertés d’expression, d’association, d’information et de manifestation
ne sont toujours pas respectées», ont-ils encore soutenu, regrettant que
des délégations d’observateurs étrangers et des journalistes sont
régulièrement expulsés.
Citant le cas du journaliste sahraoui Mohamed
Benbari, condamné le 12 janvier dernier à six ans de prison par
l'autorité d'occupation du royaume du Maroc, l'eurodéputée Paloma Lopez
Bermejo a affirmé que son cas «apporte une preuve supplémentaire de la
grave situation des droits de l'homme dans les territoires occupés du
Sahara occidental». Cette eurodéputée a interpellé la haute
représentante de l'UE aux Affaires étrangères, Federica Mogherini, sur
les mesures à prendre pour veiller à ce que son intégrité physique et
ses droits fondamentaux soient respectés et que, par conséquent, il soit
acquitté, rappelant que ce journaliste avait été maintenu en détention
depuis le 26 août 2015.
«Il a été arrêté, torturé et emprisonné après qu'il était allé à un
poste de police pour renouveler sa carte d'identité, en représailles
pour son activisme en faveur du peuple sahraoui sous occupation
marocaine», a-t-elle écrit dans sa question adressée à Mme Mogherini. Au
Sahara occidental, des restrictions à la liberté de réunion et de
manifestation continuent d’être imposées plus qu’ailleurs, insistent les
eurodéputés qui affirment que les manifestations politiques et de
solidarité sont systématiquement interdites ou réprimées dans la
violence par les forces de police qui agissent en toute impunité. «La
torture demeure également une pratique courante. De plus, la situation
des droits économiques et sociaux est négligée, et les libertés
individuelles et publiques sont limitées par des contrôles de police
draconiens», ont-ils soutenu. Le 20 janvier 2016, une manifestation
pacifique tenue à Bojador en faveur du droit du peuple sahraoui à
l'autodétermination a été violemment réprimée par la police, faisant de
nombreux blessés en plus de nombreuses arrestations arbitraires, a
rapporté l’eurodéputé Paloma Lopez. Deux jours plus tard, a-t-elle
poursuivi, une autre manifestation pacifique organisée à Laâyoune, en
solidarité avec 19 jeunes chômeurs sahraouis en grève de la faim pour
protester contre l'atteinte aux droits du peuple sahraoui, a été
sévèrement réprimée avec une inégale brutalité. L’eurodéputé Joao
Ferreira a interpellé Mogherini sur les personnes blessées lors d'une
manifestation demandant de l'emploi, une vie décente, et la fin de
l'occupation du territoire du Sahara occidental, mais également sur une
autre protestation, de diplômés chômeurs, qui a également été violemment
réprimée.
La député européenne Ines Cristina Zuber a, quant à elle, insisté sur
le cas du citoyen sahraoui Takbar Haddi qui a entamé une grève de la
faim devant le consulat du Maroc à Las Palmas (Espagne) pour exiger la
remise du corps de son fils, Mohamed Lamin Haidala, tué par des colons
marocains à Laâyoune, capitale du Sahara occidental.
L’eurodéputé a
appelé l'UE à exercer une pression sur le royaume du Maroc pour
l’ouverture d’une enquête sur les évènements qui ont conduit à la mort
de Mohamed Lamin Haidala et à traduire les responsables de sa mort en
justice. «Dans son dialogue politique avec les autorités marocaines,
l'UE a régulièrement exprimé sa préoccupation à propos de la situation
des détenus dans les prisons marocaines et son soutien à des mesures
visant à lutter contre l'impunité dans les cas avérés de mauvais
traitements», a écrit le conseil de l’Europe dans sa réponse.
«L'UE a également interpellé les autorités marocaines sur les mesures
prises pour se conformer aux engagements internationaux des droits de
l'homme, et demande régulièrement à ce que les ONG et les organisations
des droits humains aient accès aux centres de détention», a-t-il ajouté.
La chef de la diplomatie de l'UE a, dans sa réponse à la question
soulevée par les eurodéputés Lola Sanchez et Estefania Torres Martinez,
affirmé que l'Union européenne soutient les efforts du secrétaire
général des Nations unies pour parvenir à une solution politique juste,
durable et mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du
peuple du Sahara occidental dans le contexte d'arrangements conformes
avec les buts et principes de la Charte de l'ONU.
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