Par Mohammed Jaabouk 10/2/.2016 |
En janvier 2006, Driss Benzekri, le président de l’Instance Equité et
Réconciliation, présentait au roi Mohammed VI le rapport final
concluant deux années de travail. Dix ans plus tard, l’application de
certaines recommandations de l’IER n’a toujours pas été faite et cela
risque même de ne jamais être le cas.
Ce document devrait annoncer la fin des enquêtes et appeler à tourner la page des années de plomb mais sans l’établissement, en contrepartie, de la vérité sur le sort exact de dizaines de disparus politiques. Cela a déclenché une levée de boucliers chez les associations des familles victimes.
Réunies à Rabat à l’occasion d’une conférence placée sous le thème : « Pas de réconciliation sans une solution au dossier des disparitions forcées », elles ont fustigé l’intention attribuée au CNDH de se retirer définitivement de ce dossier. Elles réclament à l’instance officielle de révéler la liste finale des disparus durant les années 60, 70, 80 et 90 et surtout de poursuivre les responsables de ces violations.
66 cas non-résolus selon l’IER
C’est le Conseil consultatif des droits de l’Homme installé par Hassan II en 1990 qui s’était penché le premier sur cet épineux dossier. Il avait alors dénombré 742 cas de disparitions forcées. Ce travail important a permis à l’Instance Equité et Réconciliation, mise en place par Mohammed VI en 2004 et confiée à Driss Benzekri, un ancien détenu politique, d’enquêter et d’identifier des fosses communes à Casablanca, Fès ou Nador où étaient enterrés des personnes portées disparues depuis plusieurs années.
Au terme de son mandat, l’IER s’était dite incapable de révéler le sort de 66 cas dont ceux de Mehdi Ben Barka et Houcine Manouzi. Au Sahara occidental, l’IER avait établi dans son rapport final que « 12 personnes décédées n’ont pu être identifiées, alors que 4 autres, blessées, arrêtées et hospitalisées sont décédées dans les hôpitaux et ont été enterrées dans des cimetières localisés ».
Pour rappel, le Maroc a signé le 6 février 2007 et ratifié le 14 mai 2013 la Convention pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, sans reconnaître la compétence du Comité pour les disparitions forcées de l’ONU.
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