Par Nadine
Rosa-Rosso
Il y a
vingt-cinq ans exactement, nous regardions les images vertes des premières
frappes « chirurgicales » sur l’Irak, menées par la coalition internationale
sous leadership américain. La première guerre du Golfe venait de commencer, et
avec elle s’est ouverte l’ère des guerres sans fin contre les peuples du Tiers
Monde.
Première guerre
de la nouvelle ère inaugurée par la désintégration du camp socialiste, premier
embargo sans fin annoncée, premiers massacres dont on ne compte même plus les
victimes.
Dans notre
pays, l’année 1991 sera aussi celle de la première révolte des jeunes des
quartiers populaires de Bruxelles, réclamant des droits et l’arrêt des contrôles
policiers « au faciès ». C’est aussi la première année de la victoire de
l’extrême droite aux élections, avec le « dimanche noir » du 24 novembre et le
demi-million de voix pour les formations fascistes.
A la révolte
des jeunes, les gouvernants ont répondu par les contrats dits de « sécurité »
qui ont enfermé la jeunesse populaire dans l’image de coupables potentiels. A la
victoire électorale des fascistes, tous les partis ont répondu en droitisant
leur discours au point qu’on peut pratiquement se passer d’eux et obtenir le
même résultat.
Vingt-cinq ans
de guerres, embargos, politiques sécuritaires et discours fascisants et pourtant
voilà nos gouvernants tout stupéfaits d’assister au retour du boomerang : les
attentats terroristes qui ne sont pourtant ici que le pâle reflet des guerres
que nous menons là-bas depuis un quart de siècle.
La gauche a
quant à elle renoncé à prendre pour combat prioritaire la lutte contre les
guerres, la discrimination et la fascisation de tout le discours politique. La
course électorale et aux étroits sièges parlementaires détermine ce qui peut
encore se dire et ce qui doit se taire.
Nous sommes
aujourd’hui dans le noir, le noir de la tristesse pour tous ces morts là-bas et
ici, sans distinction. Le noir de l’inconnu face à un avenir de plus en plus
incertain. A nous de créer la petite lueur de l’espoir, en ayant le courage
d’aller à contre-courant de l’idéologie guerrière qui domine la société et
façonne nos manières de penser et d’agir. De refuser les politiques menées
aujourd’hui au nom de la lutte contre le terrorisme. Et de recréer les liens de
solidarité et de résistance dont nous aurons de plus en plus besoin dans les
années à venir.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire