Par Abdelkader Raffed (*)El Watan10/1/2016
La fin de l’année 2015 qui vient de s’achever avec des ruptures et une
dérégulation climatique sans précédent, l’incertitude s’installe et les
repères se brouillent pour aborder, dans l’angoisse, un avenir plein de
menaces.
Dans une France déboussolée par des attentats meurtriers, commis par ses propres enfants, on s’en prend, sans discernement, à toute une frange de sa population, soupçonnée à tort de trahison, ou à tout le moins suspectée de constituer comme une «cinquième colonne», comme l’a déclaré M. Estrosi lors de sa campagne pour les Régionales.
Depuis quelques mois, dans ces colonnes, et ailleurs par beaucoup d’acteurs et d’observateurs, nous relevons la multiplication des actes et des déclarations islamophobes, qui mettent en danger la paix sociale et écornent sérieusement l’image d’une France présentée comme pays d’accueil et des droits de l’homme.
Si jusqu’à présent ces manifestations ont été attribuées à des actes isolés, ou comme la conséquence d’événements extérieurs pouvant interférer sur des comportements individuels, l’inquiétude était apaisée par les valeurs républicaines portées par des institutions officielles d’une part, mais également par une société civile fortement réactive pour condamner tout dépassement portant atteinte à ces mêmes valeurs, d’autre part.
Or, pour des considérations purement électoralistes et faisant fi de ce qui constitue l’héritage sacré des luttes menées par des générations entières, voilà que dans cette France, la première autorité de l’Etat en vient à déclasser une partie de sa population, la désignant du doigt, en la mettant à la marge de la société, du fait de ses origines étrangères, voire ses appartenances confessionnelles… pas catholiques !
Ce projet de constitutionnaliser la déchéance de la nationalité française de tout binational reconnu coupable, selon des critères laissés à l’appréciation d’un jugement qui peut être influencé par des circonstances particulières à une actualité où la passion serait exacerbée, comme elle l’est actuellement suite aux attentats, est en soi une hérésie et d’une inconstitutionnalité évidente ! Comment peut-on admettre ainsi une catégorisation de la citoyenneté ? N’est-elle plus une et indivisible ? Va-t-on laisser se créer des citoyens de seconde zone, ou en sursis ? Peut-on laisser se créer une «CDD» ? «Citoyenneté à durée déterminée» ?...
Cette énormité qui interpelle nos consciences, et remet en cause tout le socle sur lequel repose la nation française et l’avenir de nos enfants, si elle venait à être adoptée, frapperait d’opprobre, d’une manière indélébile et irrémédiable par ses conséquences, toute idée d’une nation ouverte au monde et mettrait à mal toute cohabitation ou intégration.
Loin d’être un remède, elle sera un facteur de division et de frustrations exacerbées ! Elle ouvrira la voie à une véritable ségrégation et fera le lit d’une extrême droite qui n’aurait pas eu besoin de conquérir le pouvoir pour voir ses idées ainsi triompher et appliquées… par une «gauche» dont les idéaux sont jetés aux orties, sans état d’âme !?
A l’aube de la nouvelle année et devant une perspective aussi démoralisante, nous terminerons cette «sonnette d’alarme» par une note d’optimisme, en faisant appel et confiance aux consciences et aux garde-fous institutionnels, afin que soit stoppée cette irresponsable décision. Son adoption fournirait une base juridique à une possible «inquisition» ! Républicaine celle-là !
Il est temps de se ressaisir, avant que l’irréparable soit commis, envers des femmes et des hommes qui ne demandent qu’à vivre en paix, dans une société où, comme leurs aînés, ils contribuent à sa richesse et, le moment venu, à sa préservation, quand d’autres, prétendument citoyens «d’origine», n’ont pas hésité à la trahir durant la Seconde Guerre mondiale ! L’histoire jugera !
(*)Président de l’Alliance nationale des associations algériennes de France (Anaaf)
Dans une France déboussolée par des attentats meurtriers, commis par ses propres enfants, on s’en prend, sans discernement, à toute une frange de sa population, soupçonnée à tort de trahison, ou à tout le moins suspectée de constituer comme une «cinquième colonne», comme l’a déclaré M. Estrosi lors de sa campagne pour les Régionales.
Depuis quelques mois, dans ces colonnes, et ailleurs par beaucoup d’acteurs et d’observateurs, nous relevons la multiplication des actes et des déclarations islamophobes, qui mettent en danger la paix sociale et écornent sérieusement l’image d’une France présentée comme pays d’accueil et des droits de l’homme.
Si jusqu’à présent ces manifestations ont été attribuées à des actes isolés, ou comme la conséquence d’événements extérieurs pouvant interférer sur des comportements individuels, l’inquiétude était apaisée par les valeurs républicaines portées par des institutions officielles d’une part, mais également par une société civile fortement réactive pour condamner tout dépassement portant atteinte à ces mêmes valeurs, d’autre part.
Or, pour des considérations purement électoralistes et faisant fi de ce qui constitue l’héritage sacré des luttes menées par des générations entières, voilà que dans cette France, la première autorité de l’Etat en vient à déclasser une partie de sa population, la désignant du doigt, en la mettant à la marge de la société, du fait de ses origines étrangères, voire ses appartenances confessionnelles… pas catholiques !
Ce projet de constitutionnaliser la déchéance de la nationalité française de tout binational reconnu coupable, selon des critères laissés à l’appréciation d’un jugement qui peut être influencé par des circonstances particulières à une actualité où la passion serait exacerbée, comme elle l’est actuellement suite aux attentats, est en soi une hérésie et d’une inconstitutionnalité évidente ! Comment peut-on admettre ainsi une catégorisation de la citoyenneté ? N’est-elle plus une et indivisible ? Va-t-on laisser se créer des citoyens de seconde zone, ou en sursis ? Peut-on laisser se créer une «CDD» ? «Citoyenneté à durée déterminée» ?...
Cette énormité qui interpelle nos consciences, et remet en cause tout le socle sur lequel repose la nation française et l’avenir de nos enfants, si elle venait à être adoptée, frapperait d’opprobre, d’une manière indélébile et irrémédiable par ses conséquences, toute idée d’une nation ouverte au monde et mettrait à mal toute cohabitation ou intégration.
Loin d’être un remède, elle sera un facteur de division et de frustrations exacerbées ! Elle ouvrira la voie à une véritable ségrégation et fera le lit d’une extrême droite qui n’aurait pas eu besoin de conquérir le pouvoir pour voir ses idées ainsi triompher et appliquées… par une «gauche» dont les idéaux sont jetés aux orties, sans état d’âme !?
A l’aube de la nouvelle année et devant une perspective aussi démoralisante, nous terminerons cette «sonnette d’alarme» par une note d’optimisme, en faisant appel et confiance aux consciences et aux garde-fous institutionnels, afin que soit stoppée cette irresponsable décision. Son adoption fournirait une base juridique à une possible «inquisition» ! Républicaine celle-là !
Il est temps de se ressaisir, avant que l’irréparable soit commis, envers des femmes et des hommes qui ne demandent qu’à vivre en paix, dans une société où, comme leurs aînés, ils contribuent à sa richesse et, le moment venu, à sa préservation, quand d’autres, prétendument citoyens «d’origine», n’ont pas hésité à la trahir durant la Seconde Guerre mondiale ! L’histoire jugera !
(*)Président de l’Alliance nationale des associations algériennes de France (Anaaf)
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