C’est au cours du naufrage de deux
bateaux au large de la Turquie que douze personnes ont perdu la vie.
Parmi elles, Aylan Kurdi, le petit garçon dont la photo a secoué
l’Europe. Son père Abdullah, seul survivant de la famille, s’est exprimé
sur le déroulement du drame.
ZAMAN, Jeudi, 3 septembre 2015
«Il m'a glissé des mains», témoigne le père d’Aylan, Abdullah Kurdi, à l’agence de presse Dogan.
«Nous avions déjà donné deux fois de l’argent aux passeurs pour aller
jusqu'à l’île d’Istanköy. La première fois, nous nous sommes fait
attrapés par les gardes-côtes. Puis ils nous ont relâchés. La deuxième
fois, les passeurs n’ont pas tenu parole et n’ont pas ramené le bateau.
Alors on s'est débrouillés, on s’est procurés un canot gonflable et on a
essayé de passer seuls en ramant nous-mêmes.
A même pas 500 mètres de la rive, très peu de temps après avoir pris
le large, le canot à commencé à prendre l’eau. Nos pieds étaient
trempés. L’eau s’accumulait et nous avons commencé à paniquer.
Tout est arrivé quand certains se sont levés. Nous avions des gilets
de sauvetage mais à cause d'eux, le canot s’est renversé et nous sommes
tous tombés. Je tenais la main de ma femme. Mes enfants ont glissé de
mes bras. On a essayé de se retenir au canot mais il se dégonflait.
Il faisait nuit noire et tout le monde criait, c’est pour ça que je
n’ai pas réussi à me faire entendre de ma femme et de mes enfants. Tous
le monde hurlait. J’ai essayé de nager vers le rivage en suivant les
lumières.
Quand je suis arrivé à terre, j’ai cherché ma famille mais je ne les
ai pas trouvés. J’ai pensé qu’ils avaient fui, de peur. En ville, il
n’étaient pas à notre point de rencontre habituel, je suis alors allé à
l’hôpital, c’est là que j’ai appris l’horrible nouvelle».
L’enterrement des trois membres de la famille Kurdi aura lieu à Kobané, ville situé près de la frontière turque.
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