Julie Chaudier, 3/9/2013
Au moment, où la guerre en Syrie envoie en mer et sur les
routes des milliers de Syriens démunis, le Maroc reste indécis. Aucun
Syrien n’a encore obtenu l’asile au Maroc car la procédure est en
suspens depuis plus d’un an et demi.
L'hôpital de campagne marocain du camp Zaatari
a accuelli plus de 500 000 réfugiés syriens depuis sont installation en
2012, pourtant la logique sécuritaire semble prévaloir au Maroc. / Ph.
MAP
Sur 679 demandes d’asiles déposées entre janvier et fin mars 2015, auprès du HCR Rabat, 416 provenaient de Syriens. Au total, fin mars, 2 937 personnes avaient demandé l’asile au Maroc, dont 1 054 Syriens, et 643 personnes ont été effectivement reconnues réfugiés. Mais parmi elles, aucune n’est de nationalité syrienne.
A l’automne 2013, lorsque le roi avait lancé la nouvelle politique migratoire du royaume, le tout nouveau Bureau des réfugiés et des apatrides (BRA) avait auditionné les plus de 500 demandeurs d’asile recommandés par le HCR. Il avait ensuite enquêté avant d’estimer qu’ils avaient droit à l’asile. Sur ce nombre, la quasi-totalité s’est vue effectivement accordé l’asile par le Maroc. Par contre le cas des Syriens n’avait pas été pris en compte car, à l’époque, le Maroc s’était engagé, face à la tragédie syrienne, à accorder le statut de protection temporaire à tous les Syriens – en d’autres termes à les reconnaître tous comme réfugiés – sans enquêter sur leur situation personnelle tant que durera la guerre. Mais il n’en sera jamais rien et depuis la première liste de demandeurs d’asile qu’il a étudiée et validée, le BRA ne fonctionnera plus pendant plus d’un an.
5 250 régularisés
En 2014, beaucoup de Syriens ayant fui les combats s’étaient tournés vers l’opération exceptionnelle de régularisation qui était, elle, pleinement opérationnelle au contraire de la procédure d’asile. A l’issue de cette opération, en janvier 2015, ils seront 5 250 à être régularisés.
Depuis février 2015, la commission ad hoc du BRA a repris les auditions des demandeurs d’asile, en particulier de Syriens, recommandés par le HCR – ils sont près d’une centaine en moyenne à venir demander l’asile au Maroc, chaque mois, auprès du HCR. Pour autant, aucune des personnes auditionnées n’a encore reçu de réponse. « On leur a donné un récépissé d’enregistrement, mais le statut de réfugié n’a encore été accordé à personne », précise Aminata Pagni. Visiblement, sans loi sur l’asile, aucun réfugié ne pourra être reconnu.
Les choses pourraient même plus se compliquer pour les Syriens. Dans son discours à l'occasion de l’anniversaire de la Révolution du roi et du peuple, le 18 août, Mohammed VI a au contraire annoncé que désormais le Maroc demanderait un visa aux Syriens. « Tout en exprimant notre solidarité avec les peuples de ces pays, nous regrettons que le Maroc ait eu à prendre cette décision pour des raisons de force majeure. Ceci dit, Nous aimerions préciser que cette décision ne vise personne, et qu’elle ne doit pas être perçue comme un comportement inamical à leur égard. Il s’agit plutôt d’une décision souveraine. Car en tant que dépositaire de la charge de veiller à la sécurité et la stabilité du pays, je ne permettrai aucun laisser-aller ni aucune manipulation concernant la protection du Maroc et des Marocains », a-t-il affirmer pour justifier cette mesure.
Les Syriens source de business près de Melilla
Parmi les milliers
de Syriens qui sont parvenus jusqu’au Maroc depuis le début de la
guerre, un grand nombre préfèrerait atteindre l’Union européenne où ils
espèrent des conditions de vie meilleure. 1 500 demandes d’asiles ont
été déposées par des Syriens et des Palestiniens de Syrie au bureau du
HCR à la frontière de Melilla. « Les exilés de Syrie n’ont pas un
accès évident à l’enclave espagnole. Location ou vente de passeports
marocains, bakchichs des intermédiaires pour que la police marocaine ne
bloque pas, le passage de la frontière coûte cher. Environ 100 euros par
personne au moins de juin 2013, selon les témoignages récoltées sur le
terrains », raconte Elsa Tyszler, volontaire auprès de Migreurop au
Maroc et du GADEM dans son rapport « Gérer la frontière euro-africaine :
Melilla, laboratoire de l’externalisation des frontières de l’Union
européenne en Afrique », rendu publique le 31 août.
« Si durant les premiers mois de 2015, les organisation ainsi que les autorités de Melilla enregistraient environ 50 entrées de Syriens par jours, depuis le mois de mai 2015, ce chiffre aurait nettement baissé. C’est que le blocage des Syriens est également extrêmement rentable. En effet, la ville de Nador, proche de l’enclave voit depuis plusieurs mois ses hôtels et ses restaurants remplis. Les taxis entre Nador et Beni Ansar (dernière ville avant la frontière) accompagnent chaque jour des tentatives de passage. Les Syriens sont ainsi devenu une source de business pour la zone transfrontalière marocaine », écrit Elsa Tyszler.
« Si durant les premiers mois de 2015, les organisation ainsi que les autorités de Melilla enregistraient environ 50 entrées de Syriens par jours, depuis le mois de mai 2015, ce chiffre aurait nettement baissé. C’est que le blocage des Syriens est également extrêmement rentable. En effet, la ville de Nador, proche de l’enclave voit depuis plusieurs mois ses hôtels et ses restaurants remplis. Les taxis entre Nador et Beni Ansar (dernière ville avant la frontière) accompagnent chaque jour des tentatives de passage. Les Syriens sont ainsi devenu une source de business pour la zone transfrontalière marocaine », écrit Elsa Tyszler.
Julie Chaudier
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