Par Marine Durand, avec AFP, le 21/9/2015
L'écrivain italien est jugé depuis
janvier pour "incitation au sabotage" de la ligne ferroviaire
Lyon-Turin. Lundi 21 septembre, le parquet de Turin a requis huit mois
de prison ferme. La décision a été mise en délibéré au 19 octobre.
Lundi 21 septembre, le parquet de Turin a requis huit mois de prison ferme contre l'écrivain italien Erri de Luca, jugé
pour "incitation au sabotage" du chantier du tunnel ferroviaire
Lyon-Turin, indique l'AFP. L'écrivain de 65 ans, qui encourt jusqu'à
cinq ans de prison ferme et avait déjà annoncé qu'il ne ferait pas appel
en cas de condamnation, s'est dit "stupéfait par la différence entre les arguments produits (par le parquet) et ce réquisitoire a minima". "Je m'attendais au maximum", a-t-il expliqué.
Erri de Luca se retrouve sur le banc des accusés notamment à cause d’une interview donnée en 2013 au Huffington post italien, dans laquelle il affirmait son soutien au mouvement NO TAV (Non au TGV), qui fait rage en Italie contre le projet de liaison rapide entre Lyon et Turin traversant le val de Suse. L'auteur, écologiste convaincu et longtemps militant d'extrême gauche, prix Fémina en 2002 en France pour Montedidio, appelait à "saboter" le chantier de la ligne ferroviaire.
Erri de Luca se retrouve sur le banc des accusés notamment à cause d’une interview donnée en 2013 au Huffington post italien, dans laquelle il affirmait son soutien au mouvement NO TAV (Non au TGV), qui fait rage en Italie contre le projet de liaison rapide entre Lyon et Turin traversant le val de Suse. L'auteur, écologiste convaincu et longtemps militant d'extrême gauche, prix Fémina en 2002 en France pour Montedidio, appelait à "saboter" le chantier de la ligne ferroviaire.
"Erri de Luca a bien utilisé le mot sabotage", a estimé le procureur Antonio Rinaudo, dans un réquisitoire énumérant les différentes "attaques" contre le chantier. "On ne peut invoquer la liberté d'expression dans ce cas", a-t-il lancé, arguant qu'il s'agissait d'un "discours public" prononcé dans un "contexte précis" et ayant conduit à des "actes concrets et illégaux". "En raison de sa notoriété internationale, ses paroles ont un poids déterminant et ses phrases une force suggestive", a-t-il insisté.
Volonté de censure
Volonté de censure
"Ce réquisitoire est un message sur la liberté d'expression", a déclaré de son côté Erri de Luca à la presse, se disant "non pas un martyr ni une victime, mais le témoin d'une volonté de censure de la parole".
Après s'être exprimé sur le sujet dans plusieurs médias, l'auteur, qui a
répété ses justifications lors d'une rencontre avec ses lecteurs
bordelais à L'Escale du livre 2015, a publié en janvier dernier chez Gallimard l'essai La parole contraire, dans lequel il revendique son droit à s'exprimer librement sans qu'on lui impute les éventuelles conséquences de ses actes.
Lors de la précédente audience, le 20 mai, l'intellectuel s'était défendu en disant qu'il pouvait seulement "inciter à la lecture, à la limite à l'écriture". De fait, les propos d'Erri de Luca "peuvent surtout inciter à avoir des doutes" sur l'intérêt du chantier, a argumenté l'avocat de la défense, Me Gianluca Vitale.
Citant Charles de Gaulle, qui avait déclaré "on n'emprisonne pas Voltaire" lorsque Jean-Paul Sartre s'était opposé à l'usage de la torture en Algérie, l'avocat a demandé avec force la relaxe de son client. La décision a été mise en délibéré au 19 octobre.
Lors de la précédente audience, le 20 mai, l'intellectuel s'était défendu en disant qu'il pouvait seulement "inciter à la lecture, à la limite à l'écriture". De fait, les propos d'Erri de Luca "peuvent surtout inciter à avoir des doutes" sur l'intérêt du chantier, a argumenté l'avocat de la défense, Me Gianluca Vitale.
Citant Charles de Gaulle, qui avait déclaré "on n'emprisonne pas Voltaire" lorsque Jean-Paul Sartre s'était opposé à l'usage de la torture en Algérie, l'avocat a demandé avec force la relaxe de son client. La décision a été mise en délibéré au 19 octobre.
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