Capture d'écran d'une vidéo d'un flashmob "Free Koulchi".
En un mois et demi, les autorités marocaines ont arrêté 11
militants du mouvement du 20-Février, dont un rappeur connu, suscitant
une vague de protestations, à la fois sur le net et dans la rue. Mais,
dépassant vite ces cas particuliers, la mobilisation s'est transformée
en un "Free Koulchi" (Libérez tout le monde), qui demande la libération
de tous les prisonniers politiques du pays.
Les premières arrestations ont eu lieu lors d'une marche organisée
par les trois principaux syndicats du Maroc avec l'accord des autorités,
le 6 avril dernier à Casablanca. Les activistes du mouvement du
20-Février (un mouvement de protestation né dans le sillage des
printemps arabes) sont accusés de "violence envers un agent dans
l'exercice de ses fonctions" et "participation à une manifestation non
déclarée". Ils ont été condamnés à des peines allant de 6 mois à un an
de prison.
De nombreux jeunes se sont mobilisés, sur la toile et à travers des flashmobs,
pour dénoncer ces arrestations, en particulier celle d'Ayoub Boudad,
surnommé Bart Simpson, étudiant de 19 ans et figure connue du mouvement.
Ayoub Boudouad, 19 ans, Free Simspon. Photo postée sur la page de soutien au jeune militant sur Facebook.
Le 22 mai, c'est au tour du rappeur contestataire Mouad Belghouat,
alias "El-Haqed" (le rancunier), d'être arrêté au stade de Casablanca,
officiellement pour "vente de billets de match au marché noir". Ce
rappeur de 24 ans, connu pour ses chansons virulentes contre le pouvoir
royal, avait déjà séjourné à deux reprises en prison, la dernière fois en janvier 2012.
Ces dernières arrestations ont changé le mot d'ordre de la
mobilisation. C'est aujourd'hui "Free Koulchi", "libérez tout le monde"
en dialecte marocain qui circule sur les réseaux sociaux.
Contributeurs
"Officiellement, ces détenus sont des prisonniers de droit commun"
Khadija
Riyadi est une militante de l'association marocaine des droits de
l'Homme (AMDH) et membre de la campagne "Free Koulchi".
Les jeunes qui ont été arrêtés n'en sont pas à leur première
manifestation, ni à leur première arrestation. Depuis quelques temps, la
police s'en prend systématiquement et presque exclusivement aux jeunes
dans les manifestations, même lorsqu'elles sont autorisées. Ils visent
les figures emblématiques du mouvement [du 20-Février] et cherchent
ainsi à dissuader ceux qui seraient tentés de les suivre. Le message est
clair : si vous vous mêlez de politique, votre avenir est compromis. Il
fallait dénoncer toutes les arrestations de militants, pas seulement
celles des leaders.
Le visage de la contestation politique au Maroc a changé ces
dernières années, notamment grâce au mouvement du 20-Février.
L'opposition était par le passé l'apanage d'une élite intellectuelle
cultivée et politisée, mais qui n'était pas toujours représentative de
l'ensemble de la société. Aujourd'hui, nombreux sont les prisonniers
politiques qui appartiennent aux couches sociales les plus démunies, les
plus marginalisées. Ils habitent dans les quartiers populaires des
grandes villes ou même dans des villages reculés du pays. Il s'agit de
jeunes sans avenir, sans emploi, qui ne sont pas liés au mouvement du
20-Février et qui sortent dans la rue de manière spontanée pour
protester contre le système. Ces personnes-là sont aussi les plus
fragiles car elles ne connaissent souvent pas leurs droits et la police
peut leur faire signer n'importe quel aveu pour les inculper. C'est
aussi la libération de ces anonymes que nous demandons.
"Avant, au moins, les militants étaient jugés pour ce qu'ils avaient vraiment fait"
On estime le nombre de prisonniers politiques au Maroc à 300, mais
la plupart d'entre eux sont détenus comme prisonniers de droit commun.
Comme cela s'est passé lors des dernières arrestations, la police
fabrique des accusations bidons pour les condamner, ce qui est une
pratique nouvelle au Maroc. Avant, au moins, les militants étaient jugés
pour ce qu'ils avaient vraiment fait, par exemple pour les slogans
qu'ils scandaient.
Le mouvement du 20-Février a vu le jour dans le sillage du
"printemps arabe" mais les autorités marocaines en avaient limité la
portée en organisant un référendum autour de la réforme constitutionnelle en juin 2011. Cependant, la contestation politique et sociale continue au Maroc, notamment à travers des mouvements de défense de l'environnement.
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