Par Badr Soundouss, Demainonline, 7/11/2013
La meilleure blague marocaine du moment existe depuis hier, 6 novembre, jour de la commémoration de la Marche verte. Dans un passage de son traditionnel discours, le roi Mohamed VI a avancé des assertions pour le moins surprenantes. Verbatim :
« Le Maroc est certes attaché à une coopération et une interaction positive avec les Organisations internationales des droits de l’Homme qui font preuve d’objectivité dans le traitement des questions le concernant, et accepte en toute responsabilité la critique constructive. Pour autant, il refuse que des organisations, dans des rapports établis à l’avance, prennent prétexte de certains agissements isolés pour essayer de porter atteinte à son image ou de banaliser ses acquis en matière de droits humains et de développement.
Certains, par exemple, tendent, de façon injuste et malveillante, à ajouter foi à quiconque soutient que l’un de ses droits a été touché, ou qu’il a subi des tortures, tout en ignorant les décisions de justice, et même en faisant l’impasse sur ce que le Maroc accomplit concrètement sur le terrain.
En effet, est-il raisonnable de penser que le Maroc respecte les droits de l’Homme dans le nord du pays et les transgresse dans le sud ? «
Comme au Maroc le droit à la critique n’existe pas quand il s’agit du
discours du souverain, nous nous permettons quelques gentilles
remarques.
Quand le roi assure que certains ONGs internationales veulent « banaliser ses acquis en matière de droits humains et de développement »,
il a apparemment oublié que ses prisons regorgent de prisonniers
politiques.
En premier les islamistes dont certains, avait-il reconnu
dans une interview concédée au quotidien espagnol El Pais (en 2005, quand il était encore copain avec Ignacio Cembrero !), avaient été victimes d’ « excès » et de « détentions arbitraires » conséquences d’une « réaction exagérée » de la part des autorités marocaines.
Beaucoup de ces barbus végètent encore en prison, huit ans après cette déclaration bienveillante du souverain.
Deuxièmement, il n’y a pas que des islamistes dans les taules de
« Sidna ». Des artistes, des poètes, des dissidents, de jeunes écervelés
inoffensifs et un grand nombre de journalistes (selon la version
francophone du site Lakome, Mohamed VI est « pire »
que son tyran de père en matière de liberté de la presse, c’est tout
dire…) sont passés par la case prison. Le dernier en date est le
directeur de Lakome, Ali Anouzla, accusé de « terrorisme ».
Des listes de prisonniers politiques qui n’ont rien à voir l’islamisme existent et elles sont impressionnantes.
Quand le souverain évoque ceux qui tendraient « de
façon injuste et malveillante, à ajouter foi à quiconque soutient que
l’un de ses droits a été touché, ou qu’il a subi des tortures, tout en
ignorant les décisions de justice, et même en faisant l’impasse sur ce
que le Maroc accomplit concrètement sur le terrain », on ne sait pas s’il parle sérieusement ou s’il blague. Aucun juge marocain, surtout cette marionnette d’Abdelkader Chentouf, le juge zaâma antiterroriste dont la fonction en réalité est de terroriser les pauvres prévenus qui lui sont envoyés par la DST depuis
ses prisons secrètes, n’a jamais ordonné une enquête face à des
allégations de torture formulées par des détenus. Aucun !
Selon les magistrats marocains, la torture n’existe tout simplement
pas au Maroc alors qu’elle existe même dans les pays dits démocratiques,
et que le rapporteur spécial de l’ONU sur la torture et les traitements
inhumains et dégradants, l’Argentin Juan Mendez, a déclaré textuellement à Rabat, lors d’une conférence de presse à l’hôtel Diwan de Rabat en septembre 2012, que « l’usage
de la torture est systématique au Maroc pour les cas impliquant des
manifestants anti-gouvernementaux et ceux qui sont accusés de
terrorisme », en précisant que dans les délits terroristes « la torture est beaucoup plus cruelle et systématique » et
qu’il y avait une nette augmentation d’incidents révélant le recours
excessif à la force des autorités lors des manifestations.
Quant à la crédibilité des « décisions de justice » au Maroc, demandez à n’importe quel quidam marocain ce qu’il pense de la justice et des juges marocains….
Ce n’est pas pour rien que certains petits malins ont surnommé El Mostafa Ramid,
avocat ex-défenseur des droits de ses ex-copains détenus salafistes
devenu depuis qu’il est ministre de la justice le premier pourfendeur
des droits des Marocains, le « ministre de l’injustice et du peu de libertés ».
Enfin, quand « Sidna » se demande comment est-il « raisonnable de penser que le Maroc respecte les droits de l’Homme dans le nord du pays et les transgresse dans le sud ? « , c’est que manifestement il ne sait pas ce qui se passe dans son propre pays.
Dans ce modeste article, Demain n’a d’ailleurs pas évoqué les dépassements des forces de l’ordre dans le « sud »,
par exemple les ratonnades racistes dans les quartiers sahraouis menées
par la police et des civils, les arguments que nous fournissons plus
haut concernent uniquement ce qui se passe dans le « nord du pays ».
Badr Soundouss
URL courte: http://www.demainonline.com/?p=2777
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Radouane Baroudi a partagé un lien.
Ton nez grandit Pinocchio !
Publiée le 24 févr. 2013
Abedlilah Benkirane réfute la
persistance de la torture au Maroc. "Officiellement, pour nos services,
c'est terminé." Le chef du gouvernement marocain reconnait parfois des
"exactions" pour "maintenir l'ordre" dans les prisons.
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Maintenant, la police est civilisée ! Tout juste une gifle, parfois...
A écouter ou réécouter ! http://youtu.be/nK95pvqY5I0
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Maintenant, la police est civilisée ! Tout juste une gifle, parfois...
A écouter ou réécouter ! http://youtu.be/nK95pvqY5I0
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